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- I K N E W Y O U' D H A U N T
A L L O F M Y W H A T-I F S -

Tw: ce chapitre spoil un peu la fin de LaLaLand /!\ mais bon, il est sorti y'a presque 8 ans (je vais chialer ptn) et si vous l'avez toujours pas vu c'est une honte et votre problème, pas le mien, ET TOC

Bonne lecture mes cocottes :)





Cette soirée-là avait un goût amer pour Jeongin.

Il fixait les lignes de son cahier qui s'enchaînaient en boucle, le stabilo tâchant la plupart d'entre elles. Son regard glissait de l'une à l'autre sans parvenir à en extraire le moindre sens.

Il se laissa tomber en arrière, droit sur son tapis à motif où gisait le reste de son matériel scolaire. Il était complètement découragé, démotivé, et tout un tas d'autres mots compliqués et de toute manière trop superficiels pour contenir l'étendue de sa déprime.

Pas qu'il avait vraiment un jour été des plus enthousiaste, piochant ses tendances à la déprime dans ses gènes familiaux. Ça, il n'en avait aucun doute. A avoir vu sa mère enchaîner les boîtes d'antidépresseurs aux noms imprononçables et la manière dont à peine la vingtaine passée, il avait remarqué Seungmin se mettre à l'imiter. Le mimétisme plutôt noir qu'il en avait observé n'avait pas réellement contribué à le rassurer, lui qui avait longtemps cherché à se convaincre que jamais il ne s'inscrirait dans ce genre de schéma à son tour.

Non, ses schémas familiaux, Jeongin s'en passerait volontiers.

Et pourtant voilà qu'il était rendu là, ses illusions écroulées avec autant de force que son dos sur le tapis de sa chambre. Habité de fantasmes inatteignables et de démons vieux comme le monde, qu'il doutait être le premier à porter.

Déprime des jours et spleen nocturne qu'il ne savait que noyer dans les distractions éphémères que lui offrait son téléphone portable. Pur produit de sa génération, destinée à faire périr ses neurones le plus rapidement possible comme aimait le répéter son frère. En boucle, comme un vieux CD rayé.

En réalité, la chose arrangeait plutôt Jeongin. Lui aurait bien aimé cramer ses neurones jusqu'à ce que ceux-ci se retrouvent incapables de former la moindre pensée cohérente. Les précipiter à leur perte tout en ayant une excuse suffisamment cohérente pour échapper à la responsabilité d'un tel assassinat.

Son téléphone. Lui qui restait désespérément silencieux, affichant le même écran fixe qui à lui seul, brisait son cœur et les quelques restes d'assurance auxquels il s'accrochait péniblement. 

Il inspecta la liste qui s'étendait là avec attention, fixant plus d'attention sur un nom que les autres. Sur la petite bulle où était emprisonnée l'image de Chan, coincée dans la courbe circulaire. Le dernier message de ce dernier affiché comme lu, celui même qui n'avait jamais trouvé réponse de sa part. Un énième message d'excuse, teinté d'une pointe de pessimisme et d'arguments qu'il n'avait déjà que trop entendu. Des arguments que Jeongin ne savait lui-même plus comment contrer. A force.

Voilà ce qu'il gagnait à essayer de revenir sur un sujet si épineux. Sur un amour si complexe.

Un amour que mille prières ne semblaient contenter. 

Un amour dont il avait un souvenir pourtant si clair. Si enivrant. Qui faisait vivre chaque moment en lui dans une boucle infernale, le marquant chaque fois de nouveaux détails que lui-même pensait perdus à jamais.

La Chevrolet plus que datée de Chan qui tenait à peine sur ses roues, le plus jeune se demandant toujours si elle parviendrait à les emmener jusqu'à leur destination sans accroc. Pensée qui se terminait toujours par le désir secret de voir une telle chose se produire. De voir le vieux véhicule crier à la panne sur le chemin du retour, hanté par le fantasme secret de pouvoir voler quelques instant supplémentaires en sa présence. Un souhait que la vieille carcasse ne lui avait jamais accordé.

Orange Wednesdays Lovers {SKZ}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant