Chapitre 4

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Avril 2023.
    
    
    
Malgré son insistance, j'ai dit à William que je ne voulais pas travailler avec lui, qu'il aille se trouver quelqu'un d'autre pour jouer et le monitorer. J'ai assez de problèmes comme ça pour m'ajouter les caprices d'un gamin de vingt-deux piges sur le dos. Je dois trouver qui m'a renvoyé la broche de Kate Stevens alors que je pensais m'être débarrassée d'elle et surtout, pourquoi. Est-ce pour me faire chanter, se venger ? M'estoquer de l'argent ou pour me faire tomber ? Je me repasse en boucle le mot qui accompagnait le colis sans pour autant avoir de réponse. La seule chose qui est certaine est que cette personne ne tardera pas à me recontacter et j'angoisse rien qu'à l'idée d'y penser.

Deux semaines durant, William me laisse tranquille et j'entends à peine parler de lui si ce n'est par les commentaires de quelques stagiaires. Je me dis que je suis tirée d'affaire mais je me désillusionne vite lorsqu'un matin, je le vois débouler dans mon bureau. Sans que je ne l'invite, il ferme la porte derrière lui et se plante là. Ses cheveux châtains légèrement décoiffés et ses yeux gris qui me fixent, emplis d'accusations et de reproches, comme ceux d'un bambin de six ans à qui on a refusé une sucette. Il reste là à me défier silencieusement du regard et je suis bien obligée de couper court à mon appel avec mon client, prétextant une urgence. Je raccroche et en trois enjambées, il traverse la pièce. Les mains posées sur ma table de bureau, il se penche vers moi. Les sourcils froncés, je lève les yeux vers lui.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Je lui demande déjà légèrement irritée.

- Deux semaines, me répond-il. Je vous ai laissé deux semaines pour réfléchir et revenir sur votre décision et vous ne dites toujours rien ?

Je ris, amusée.

- Je ne savais pas qu'il était question de ça.

- Vous comptez vraiment me jeter comme ça ? Sans même me donner une chance ?

- Je t'ai déjà dit que je n'ai pas le temps pour tes enfantillages.

- Arrêtez d'insinuer que je suis un enfant, Anna. C'est franchement agaçant.

- Quand je te regarde William, c'est tout ce que je vois. Un gamin, je lui dis en m'adossant contre mon fauteuil. Un gamin en colère parce qu'on lui a refusé un jouet.

Il reste un instant silencieux, énervé et vexé. Ses mains forment des poings sur la table.

- Vous mentez, me répond-il après de longues minutes. Vous ne voyez pas qu'un gamin lorsque vous me regardez, vous voyez un homme. Un homme qui, malheureusement pour vous, vous plaît.

Alors que je reste interdite, il se redresse, croise ses bras contre son torse et me regarde de haut.

- Je n'ai peut-être que vingt-deux ans mais je sais parfaitement ce je veux, Anna. Ils sont des milliers d'hommes bien plus âgés que moi qui sont restés des gosses dans leurs têtes et leurs agissements et vous le savez très bien.

Il me défie du regard et je me tais, à court de réplique parce que je sais qu'il a raison. Je me mords l'intérieur de la joue et le regarde contourner le bureau. Il s'accroupi devant ma chaise, à ma hauteur et la main contre son torse, cherche mon regard.

- Je peux vous donner ce que vous voulez, je peux vous rendre heureuse.

La manière dont mon corps réagi à ses mots ne me plait pas. Je ne devrais pas me montrer si faible. Il a du charme, c'est vrai, mais je ne suis plus une gamine pour me laisser ainsi avoir alors je soupire et le repousse.

- William.

- Je peux vous faire vivre ce qu'aucun autre homme ne vous a jamais fait vivre, croyez-moi. Laissez-moi vous le prouver, donnez-moi juste une chance.

Pourquoi j'ai tué William BrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant