Pourquoi j'ai tué William Brown

Anna.

    
     
Juillet 2024.
 

  
     
    
Je souffle et fais les cent pas dans ma cellule, nerveuse. Ça va bientôt faire quarante-huit heures que je suis en garde à vue et cet espace restreint commence à me rendre folle. Je sais qu'ils doivent déjà avoir commencé les interrogatoires mais c'est le cadet de mes soucis. À l'extérieur, j'espère que tout se déroule comme prévu sinon, je suis au fond du trou.

J'ai les yeux fermés et le front contre une barre de fer lorsque j'entends la porte du couloir s'ouvrir.

- Je commençais à penser que tu m'avais oublié Desmond, je dis, parce que je sais que c'est lui.

Il reste un instant silencieux.

- Il faut que nous parlons.

J'ouvre les yeux et le regarde un moment.

- De quoi veux-tu parler ? J'ai déjà tout dit aux enquêteurs.

Il se rapproche et se plante devant moi, l'expression grave et la mâchoire serrée. Les barreaux de ma cellule nous séparent.

- Tout dit, c'est vrai ce mensonge ? Me demande-t-il.

Un sourire étire mes lèvres.

- J'avoue, j'ai omis certains détails. Mais ils s'en passeront je crois.

- Tu penses que tout ceci est un jeu ?

- La vie est un jeu, Desmond.

Il fronce les sourcils.

- Tu te crois drôle ?

- Un peu quand même, je lui réponds, amusée.

Desmond pousse un soupir, agacé, et pose ses mains sur les barres de fer.

- Pourquoi faire tout ceci ? Me demande-t-il. Pourquoi être venue te rendre ?

- N'est-ce pas ainsi que la nature humaine est sensée fonctionner ? Commettre un crime, culpabiliser et se repentir ? Demander pardon ?

Il rit et secoue la tête.

- Toi et moi savons très bien que tu es bien loin de ce genre de comportement alors cesse de me faire tourner en rond et dis-moi ce que tu manigance encore. Est-ce que je dois m'inquiéter ?

- Je vois que tu me connais toujours aussi bien.

- Pas aussi bien que je le voudrais.

Nous échangeons un regard et je me mords l'intérieur de la joue.

- Tu sauras tout le moment venu, je lui dis après un long moment.

- C'est quoi ces conneries ?

Mon expression devient sérieuse.

- Si tu savais comme j'aimerais bien que ce soit juste des conneries.

Je soupire et le regarde un instant.

- J'ai besoin de toi, Desmond.

- J'ai bien peur que je ne puisse rien faire pour toi. Tu es déjà une personne condamnée, Anna. Dans pas moins de deux jours tu seras en cellule et tu n'y en sortiras jamais.

- Mon pied ne foulera pas le pied de la prison.

- Je pense que tu te désillusionne. Ce que tu as fait est grave, tu risque d'être condamnée à perpétué.

- Je ne prendrai pas une seule année.

Il me regarde, effaré.

- Tu es devenue folle, c'est ça ?

Je souris.

- Regarde et tu verras.

J'enfouie mes mains dans les poches de mon blouson et le regarde.

- En attendant, je veux que tu ailles chez moi. Vous avez perquisitionné ma maison mais je sais que vous n'avez pas encore commencé les fouilles. Je veux que tu y aille le plus tôt possible, avant l'équipe de scientifiques. Tu dois descendre dans la cave, la clé est dans le dernier tiroir du chevet de mon lit.

Desmond fronce les sourcils.

- Et qu'est-ce que je suis sensé trouver ou faire là-bas ?

- Tu réaliseras sur place. Je ne peux pas t'en dire plus, pas ici. J'ai juste besoin que tu me fasses confiance, s'il-te-plaît.

Il se frotte un moment la barbe.

- D'abord dis moi une chose, fait-il. Avant de mourir, William a effectué de gros retraits sur ses comptes et jusqu'à présent, nous n'avons jamais pu retrouver où cet argent est parti. Est-ce que tu sais où se trouve cette somme ou ce qu'il en a fait ?

Je fais non de la tête mais Desmond me fixe, il ne me croit pas.

- Anna.

- Je te dis que je n'en sais rien. Alors, tu iras chez moi ?

Il m'observe encore quelques minutes puis fini par pousser un soupir.

- Ce soir, annonce-t-il. J'irai ce soir, après l'interrogatoire d'Ashley Brown.

Je souris, soulagée.

- Tu passeras à Ashley le bonjour de ma part.