Chapitre 17

26 2 7
                                    

 
 
Juillet 2023.
   
   
   
Ce matin-là, William et moi avons pris notre petit déjeuner en silence sur la terrasse. Il a dégusté ses crêpes, les yeux rivés dans son bouquin et la brise dans ses cheveux encore un peu humides. Il aimait lire, moi j'aimais le regarder lire. En d'autres circonstances, j'aurais apprécié la vue mais j'ai l'esprit ailleurs, je suis préoccupée. Je n'arrête pas de rejouer les événements de ce matin en me demandant s'il y a quelque-chose qui m'a échappé. La tâche, est-ce que je l'ai vraiment vu ? Est-ce que je n'ai pas halluciné ? J'essaie de me convaincre que si. Si non, comment aurait-elle pu disparaître ? Comment l'expliquer ? Et puis la voiture, est-ce que je l'avais vraiment garée là ?

- Anna.

Je sors de mes pensées et lève les yeux. William me fixe, ses yeux gris sont rivés sur moi. Est-ce que c'est lui ? Je me demande. Est-ce que c'est lui qui a nettoyé le sang et déplacé la voiture ? J'ai envie de croire que oui, j'ai envie de croire que non. J'ai la respiration qui est erratique, le cœur qui bat.

Il faut que je me calme.

- Anna, je l'entends répéter.

Il fronce les sourcils.

- Le pot de confiture, fait-il lorsque je reviens à moi. Je disais que si tu as fini avec, tu peux me le passer ?

Je cligne des yeux et me rend compte que je le tiens toujours dans mes mains, ainsi que ma cuillère. Je ne me suis pas servie. Je pose la cuillère et lui tend le pot qu'il prend et pose près de lui.

- Ça va ? Me demande-t-il en tartinant sa crêpe, l'air de rien. Tu me semble ailleurs.

Je force un sourire et coince une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.

- Je suis juste anxieuse à cause d'Amy et des autres, je bafouille.

William me lance un regard en coin. Il ne me croit pas, c'est certain.

- Nous sommes venus ici pour que tu arrêtes d'y penser, me dit-il quand même.

- Je sais.

- Alors n'y pense plus. Profite, simplement.

Je le regarde superposer une autre crêpe sur celle déjà tartinée et la tartiner à son tour. Les manches de sa chemise d'été retroussées sur ses avant-bras, et ses lunettes de soleil coincées dans ses cheveux ondulés, il a l'air calme, tellement calme. J'ai beau me répéter que tout ceci n'est qu'un mal entendu, qu'il y a forcément une autre explication mais je n'y arrive pas. Cet incident n'arrête pas de me tracasser, comme un bouton qui me démange et que je n'arrive pas à atteindre.

Je me sers un verre de jus d'orange et en bois une longue gorgée puis repose le verre. Je dois savoir.

- William.

Les yeux rivés sur son bouquin, il mort dans sa crêpe et tourne la page.

- Mh ?

- C'est toi qui a déplacé la voiture ?

Lentement, il arrête de manger.

- Oui, me répond-il en levant les yeux vers moi. Pourquoi ?

J'entends mon cœur qui bat.

- Rien... juste, j'ai remarqué qu'elle avait été déplacée et nous ne sommes que tous les deux.

Il me regarde un instant.

- C'est moi.

Ses yeux mes disent tout ce que j'ai besoin de savoir, et bien plus. Je prends une inspiration et acquiesce d'un mouvement de la tête, les membres tremblants.

Pourquoi j'ai tué William BrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant