Chapitre trois

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LEYA.

Une semaine s'est écoulée depuis le drame. Les obsèques de ma mère ont eu lieu, et c'est triste de constater que ce genre d'événement rassemble les gens. J'ai revu des membres de ma famille que je n'avais pas vus depuis des années. Le pire, c'est d'entendre des phrases comme « toutes mes condoléances » ou « ça va aller ». Quand on vit un deuil, ce genre de mots est un véritable supplice. Ce sont des formules toutes faites, mais elles n'allègent même pas un quart de ma douleur.

- Putain ! Je hurle après le distributeur de boissons de l'hôpital.

Ces derniers jours, je les ai passés à l'hôpital, rendant visite à mon père. Plongé dans le coma depuis son opération, il ne s'est toujours pas réveillé. Les médecins semblent confiants, mais ils m'ont expliqué que son état est préoccupant. Je préfère croire qu'il finira par ouvrir les yeux. J'y crois de tout mon cœur.

- Machine de merde, vie de merde et...
- Je vais t'aider, m'interrompt une voix.

Je relève la tête et aperçois un homme aux cheveux blonds et aux yeux d'un bleu éclatant. Une barbe naissante couvre son visage, et son parfum est si fort qu'il me fait presque tousser.

- Laisse-moi faire, ajoute-t-il.
- Euh...
- Et voilà.

Il rattrape ma boisson qui venait de tomber dans le réservoir et me la tend. J'hésite un moment puis finis par la récupérer, esquissant un petit, mais surtout faux sourire. Je m'apprête à regagner le salon de l'hôpital, mais j'entends de nouveau sa voix.

- On dit merci quand on est poli.
- Pardon ? Je me retourne.
- Pour la boisson, je veux dire.
- Oh, je vois. Prends-la si ça te tient tant à cœur.

Je ne réfléchis pas avant de lui balancer la bouteille de Coca à la figure. Si attendre un merci est sa seule préoccupation, qu'il aille se faire voir. Je ne lui ai rien demandé.

- Hé ! Je ne disais pas ça méchamment...
- Eh bien, ne fais pas de réflexions dans ce cas.
- Je voulais juste engager la conversation, mais c'était maladroit, avoue-t-il.
- Carrément maladroit. Mais garde-la. Je n'ai même pas soif.
- Tu es sûre ? Tu peux la reprendre, je ne te ferai plus de réflexions, promis. Mais ce serait dommage que cette boisson se retrouve seule et abandonnée..., plaisante-t-il.
- Oui, vraiment dommage. Et si une fille perd sa mère du jour au lendemain et attend désespérément que son père se réveille d'un coma, c'est dommage aussi ou t'as un autre mot spécial pour ce genre d'histoire ?
- Je...
- Laisse tomber.

Je l'entends me répondre, mais je n'en prête pas plus attention. Je finis par rejoindre le salon de l'hôpital et m'assois sur le premier fauteuil en face de moi. À peine installée, je sens mon téléphone vibrer. Riley. Je décroche.

- Je t'écoute, Riley.
- Non, tu devrais dire « oui Riley, ma meilleure amie de toute ma vie qui me manque ».
- Ma mère me manque. Toi, je te vois tous les jours.
- Je sais, murmure-t-elle. Je voulais juste... Laisse tomber. Je vais partir là, tu as besoin de quelque chose ?
- Riley, tu viens tous les jours à l'hôpital !
- Et ?
- Et bien, je ne sais pas, sors, vas t'amuser !
- Sans toi ? Certainement pas. J'arrive à l'hôpital et tu n'as même pas intérêt à prévenir la sécurité pour qu'ils m'empêchent d'être avec toi.
- Je n'y aurai même pas pensé, je souffle en esquissant cette fois-ci un vrai sourire.
- Bien. Mais n'y pense pas quand même. J'arrive.
- À tout de suite, je finis par céder.

Je range mon téléphone dans ma poche et attrape un magazine au hasard sur la petite table du salon. Je parcoure les pages sans grand intérêt, mais plutôt pour faire passer le temps. Je n'ai que ça à faire, finalement.

- L'histoire que tu m'as racontée... c'était la tienne ?

Je pose le magazine sur mes jambes pour laisser place au même jeune homme que tout à l'heure. Il fronce les sourcils comme s'il est réellement préoccupé par ce que je lui ai raconté.

Échos du passé. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant