LEYA.
- Ils auraient voulu que tu penses à toi, murmure finalement Riley.
Deux semaines ont passé. Deux semaines sans aucun changement. Riley est toujours présente, et Alex ne m'a pas laissé seule une seule seconde, sauf lorsqu'il doit travailler. Je ressens même une certaine culpabilité à l'idée qu'il consacre plus de temps à moi qu'à sa mère malade. Je suis entourée, et pourtant je n'ai jamais ressenti une telle solitude. Mes journées se passent au chevet de mon père, où je lui raconte tout et n'importe quoi, espérant qu'il trouve la force d'ouvrir les yeux. Je sais pourtant que la situation est bien plus compliquée que cela.
Riley et moi sommes assises dans le salon de l'hôpital. Elle veut parler de l'avenir, un sujet qui me semble trop flou et lointain en ce moment.- Je ne me vois pas aller à la fac comme si de rien n'était, Riley.
- Pourquoi ? Tu préfères arrêter de vivre plutôt que de te battre ?
- Ce n'est pas ça. C'est juste que... je ne sais pas, j'ai l'impression d'avoir perdu l'envie. Ça fait longtemps que je n'ai pas touché à un dessin.
- Ça reviendra. Regarde, avant, tu pensais que sortir de l'hôpital était impossible, et maintenant tu y es parvenue. Tout vient à point à qui sait attendre.
- Tu parles comme un livre, maintenant ?
- Je me suis mise à la lecture, se justifie-t-elle.
- Je vois, je ricane.
- Leya... Ma petite Ley. Ce que tu traverses, personne d'autre ne voudrait le vivre, mais tu es en bonne santé. Alors ne sois pas égoïste. Je ne dis pas ça pour être méchante, mais pense à ton père. Lui est coincé dans son corps et ne peut faire autre chose qu'attendre. Toi, tu as la chance de vivre ta vie. Ne la gâche pas. Fais-le pour lui. Et pour ta mère.Ses mots me touchent profondément. Suis-je réellement égoïste ? Est-ce que je me complais trop dans ma propre souffrance ?
- Je te connais par cœur et je sais que tu culpabilises, continue Riley. Ce n'est pas ce que je veux. Ce que je veux dire, c'est que Stephen et Mary ont élevé une fille forte. Où est-elle ?
- Elle est juste moins forte.
- Non. Elle est blessée et triste. Mais elle reste toujours aussi forte.Je soupire en guise de réponse. Je sais que mes parents n'auraient jamais souhaité me voir dans cet état. Ils m'ont toujours appelée « rayon de soleil », après tout.
- Ah, te voilà ! s'exclame ma mère.
- Oui ? je demande en prenant place sur le plan de travail.
- Ton père et moi devons repartir demain matin, ma chérie.
- Oh, je comprends.
- Mais ne t'inquiète pas, nous serons de retour avant ton anniversaire, ajoute mon père.
- D'accord, ne vous en faites pas, leur dis-je en leur offrant un sourire.
- Merci d'être aussi compréhensive, ma puce, dit ma mère en s'approchant de moi.
- C'est normal, maman. Je ne peux pas vous reprocher de travailler dur pour que je ne manque de rien. Même si, parfois, vous me manquez...
- Tu sais, nous sommes vraiment fiers d'avoir une fille comme toi, n'est-ce pas, chéri ?
- Plus que fier, conclut mon père avec un sourire.
- Une fille comme moi ?
- Une fille souriante, commence ma mère.
- Une fille forte, renchérit mon père.
- Une fille talentueuse, ajoute ma mère.
- Tu es notre rayon de soleil. Ne perds jamais ce beau sourire, dit mon père en s'approchant de nous.
- On t'aime tellement, ma puce.Elle m'enlace instinctivement, et mon père nous rejoint immédiatement. Les câlins à trois, notre petit rituel depuis que je suis toute petite.
Une larme glisse sur ma joue avant même que je ne m'en aperçoive. Maudits souvenirs douloureux.
- Je ne voulais pas te faire pleurer, s'excuse Riley.
- Ce n'est pas de ta faute. C'est juste que... Oublie ça. Je vais y réfléchir, d'accord ?
- D'accord... Que dirais-tu de se retrouver au centre commercial cet après-midi ? On pourrait se gaver de sucreries et critiquer les nouvelles collections des magasins qui ne seront jamais à la hauteur de ton talent.
- Tu es folle.
- C'est un oui alors ? demande-t-elle avec impatience.
- Oui, c'est un oui.
- Génial ! Je dois juste passer chez moi d'abord, alors on se retrouve là-bas vers treize heures ?
- Treize heures, c'est noté.
- À tout à l'heure, conclut Riley en s'éclipsant.Je me relève pour embrasser mon père une dernière fois avant de quitter l'hôpital. Je me sens de moins en moins coupable de m'évader de temps à autre, même si mes absences sont toujours de courte durée. Cependant, il est grand temps que je m'occupe de moi, que je me change et que je prenne une bonne douche. À peine sortie de l'hôpital, mon téléphone commence à sonner. Je réponds, un sourire aux lèvres.
- Comment va ma miss au plus beau sourire ?
- Elle fait de son mieux. Et toi, comment vas-tu ?
- Tu me manquais.
- On s'est vus il y a seulement deux jours, je rigole.
- C'est bien ce que je dis, tu me manques. Je rentre demain d'ailleurs. Je suis content de savoir que je te manque aussi.
- J'ai hâte de pouvoir être dans tes bras, je finis par avouer.
- C'est exactement ce que je voulais entendre. Que fais-tu en ce moment ?
- Je rentre prendre une douche. Je dois rejoindre Riley au centre commercial.
- Super ! N'oublie pas de manger, d'accord ?
- Oui oui, je réponds sans vraiment y penser.
- Je suis sérieuse, Leya. Prends soin de toi quand je ne suis pas là pour le faire. S'il te plaît.
- Promis.
- C'est une vraie promesse ?
- Je ne mens jamais, je me défends.
- J'espère bien. Je dois y aller. Je t'écrirai plus tard. Je t'embrasse.
- Bisous Alex.Je ne mens pas, il me manque sincèrement. Ressentir ce manque est une sensation nouvelle pour moi. Moi qui refusais toute relation sérieuse ou stable, je suis étonnée de découvrir celle que je suis avec Alex.
Je m'active pour ne rien oublier, presque en retard pour rejoindre Riley, qui déteste ça. Après une douche et m'être habillée, j'attrape mes clés. Je porte un simple jean mom, un chemisier rentré, et des baskets. Pas d'accessoires ni de maquillage. Depuis l'accident, j'ai appris à accepter que l'apparence est secondaire. Mon téléphone sonne. Oh non !- Désolée Riley, j'arrive, je m'excuse en panique.
- Mademoiselle Jones ?Je recule le téléphone de mon visage, réalisant que je n'ai pas vérifié l'identité de l'appelant, pensant que c'était Riley. Numéro inconnu.
- Oui ?
- Vous devez venir à l'hôpital. C'est urgent.
- J'arrive.Terrifiée et tremblante, je raccroche aussitôt, fermant la porte derrière moi. Une fois installée au volant de ma voiture, je prends une profonde inspiration et tourne la clé. Direction : l'hôpital.
Des secondes, des minutes, peut-être même des heures. J'ai la sensation que le temps s'est figé depuis cet appel maudit.
À l'hôpital, je parcours du regard le long couloir blanc, ramenant mes jambes contre ma poitrine. Les larmes coulent sans fin, incontrôlables. L'oppression m'étreint et je ne me suis jamais sentie aussi seule qu'à cet instant précis.- Mademoiselle Jones ?
Je lève immédiatement la tête, faisant face à un médecin reconnaissable à sa blouse blanche et son stéthoscope. Son visage est indéchiffrable.
- Ou... Oui ? je murmure faiblement en me levant de la chaise inconfortable.
- Je suis désolé...C'est la seule phrase que mon esprit accepte. Tout est terminé. J'ai tout perdu. Mes jambes cèdent, je m'effondre au sol, tout comme ma vie à cet instant.
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Échos du passé.
RomanceLeya Jones, une flamme indomptable, croise la route de Ryder Colt, une tempête imprévisible. Leur rencontre déclenche une déferlante de passions et de secrets enfouis. Entre désir brûlant et dangers imminents, leurs destins entrelacés pourraient tou...