Chapitre dix

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RYDER.

Le trajet jusqu'au domicile des parents semble interminable. Ashley, fidèle à sa nature bavarde, me narre sa journée avec une telle minutie que je m'efforce de m'intéresser à ses récits à chaque arrêt. Soudain, une sonnerie brise le flot de ses paroles. C'est mon téléphone, connecté au système de la voiture, qui retentit. Je touche l'écran pour répondre.

- J'écoute.
- Ouais, c'est Tony.
- Tony, sérieusement, ton nom s'affiche déjà. Épargne-moi ta présentation putain.
- Oh, j'espère ne pas t'interrompre à un mauvais moment...
- Je suis avec Ashley.

Je mets fin à son discours avant qu'il ne révèle un détail embarrassant que j'aimerais cacher à Ashley.

- Oh. Salut Ashley.
- Salut Tony, répond-elle avec entrain.
- Qu'est-ce qui t'amène ? je demande.
- Juste pour te dire que... Eh bien, j'ai réussi mon bœuf bourguignon aujourd'hui. Ça a été un succès total.
- Tu veux vraiment lui faire croire que tu l'as appelé pour ça ? plaisante Ashley.

Évidemment que non. Il s'agit d'un message codé maladroit, l'un des plus rapides et peut-être des plus absurdes.

- Attends, ton frère adore la cuisine, se justifie-t-il.
- Bien sûr, c'est ma première passion, je me moque.
- Du coup, je me disais que ce soir...
- Ah non, intervient Ashley. Ce soir, il est avec moi. On a des plans.
- On a des plans ? Il reprend les mots d'Ashley, incrédule.
- Oui, on va prendre un verre.
- Oh super, à quelle heure je vous rejoins ?
- Eh bien, disons jamais, je m'indigne.
- Vingt-et-une heure, rit Ashley en me tapotant affectueusement le bras.

Tony raccroche abruptement, conscient que je me serais opposé à sa venue.

- Pourquoi tu l'invites ?
- Parce que c'est ton ami.
- Et alors ? Tu as tes amis, pas besoin de voler les miens.
- Avec lui, tu pourrais profiter davantage de la soirée.
- Je n'avais déjà pas envie de venir, et maintenant, c'est encore moins le cas.
- Tu es vraiment rabat-joie, Ryd !

À peine sommes-nous entrés dans le hall de la maison familiale qu'Ashley lance bruyamment son retour. Un voleur ne ferait pas plus de vacarme.

- Mon chéri ! s'exclame ma mère en venant m'étreindre.
- Salut maman.

Je serre son étreinte avec tendresse et dépose un baiser sur le sommet de sa tête. Chaque fois que je viens ici, une partie de moi redevient l'adolescent parfait que ma mère voyait en moi.

- Ton père voulait te parler, tu arrives au bon moment.
- Je vais me préparer, ne tarde pas trop Ryd ! s'éclipse Ashley.
- Dans son bureau ?
- Exactement, tu connais ton père.

Je ris pour approuver et me dirige vers le bureau de mon père, où il doit certainement être plongé dans ses habituelles paperasses.

- Tu voulais discuter avec moi ?
- Ah, c'est toi, fiston, dit-il, l'air surpris en levant le regard de ses papiers. Je ne m'attendais pas à te voir aussi vite.
- Désolé, j'ai été submergé par un tas de travail et j'ai dû régler quelques problèmes récemment.
- Ne t'en fais pas, je ne te fais aucun reproche. Je suis justement en train de finaliser les préparatifs pour l'anniversaire de ta mère.
- Est-ce que tu as besoin de quelque chose de particulier ?
- Oui, en fait, j'aimerais savoir si tu seras là ce jour-là. Pour tout le reste, je me suis déjà occupé de tout.
- Bien sûr, je serai présent.
- Je l'espère sincèrement. Elle sera ravie de passer la soirée entourée de ses deux enfants.

Ces paroles réchauffaient mon cœur, comme à chaque fois qu'il les prononçait. Cela fait des années qu'ils me voient comme un membre de la famille. D'ailleurs, ils m'ont officiellement adopté.
Je restai appuyé contre le meuble dans l'entrée, attendant patiemment qu'Ashley cesse de tester ma patience, ce qu'elle faisait si souvent.

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