Chapitre dix-neuf

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LEYA.

Je n'ai absolument aucune envie de coucher avec Ryder Colt, celui que je surnomme intérieurement monsieur gros connard. C'est une pensée qui tourne en boucle dans mon esprit tandis que je me tiens devant le miroir, scrutant mon reflet avec une intensité presque désespérée. Pourtant, malgré mes efforts pour me convaincre, je peine à soutenir mon propre regard, submergée par une vague de honte. Comment ai-je pu infliger cela à Alex, la personne avec qui j'ai partagé tant de moments précieux et sincères ? Je suis accablée par la réalisation déchirante que j'ai permis à un autre homme de poser ses mains sur moi, de franchir des limites que je pensais inviolables. Et ce qui me trouble le plus profondément, c'est le fait d'avoir trouvé du plaisir dans cette trahison, que j'ai ressenti une sensation interdite qui me hante désormais. Si je devais tout dévoiler à Alex, il serait anéanti par le sentiment de trahison, et notre relation en porterait un coup si sévère qu'elle pourrait ne jamais s'en remettre. La perspective qu'il ne puisse jamais me pardonner me hante, tandis que l'écrasant fardeau de ma culpabilité et de mes regrets pèserait sur moi au point de m'empêcher de me pardonner moi-même.
Le retour s'est déroulé dans un silence presque pesant, interrompu uniquement par le ronronnement régulier du moteur et les quelques soupirs d'Ashley qui trahissaient sa fatigue évidente. Elle semblait épuisée, les yeux lourds de sommeil et les mouvements lents, accusant le coup d'une soirée bien arrosée au champagne. Ses paupières se fermaient par intermittence, malgré ses efforts pour rester éveillée, témoignant de la lutte intérieure qu'elle menait pour garder sa concentration sur la route.
Quant à Ryder, nous ne nous sommes brièvement croisés que lorsqu'il est apparu à notre porte pour informer Ashley qu'il nous suivrait jusqu'à ce qu'elle soit en sécurité chez elle. C'était sa manière d'exprimer son inquiétude, peut-être excessive à mes yeux, pour s'assurer qu'elle ne rencontrerait aucun danger en chemin. Bien que sa vigilance soit louable, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'il se faisait du souci inutilement. Ashley était certes épuisée, mais elle gardait encore assez de lucidité pour ne pas s'assoupir au volant.
Tout au long du trajet, sa voiture est restée un peu en retrait, visible dans le rétroviseur, telle une ombre protectrice. Chaque fois que mes yeux croisaient son véhicule, une vague de culpabilité montait en moi, comme un rappel constant de la responsabilité que je ressentais dans cette situation. Ryder ne déviait pas de sa trajectoire, fidèle à sa promesse de veiller sur nous jusqu'à la fin.
Lorsque Ashley m'a enfin déposé devant chez moi, je l'ai saluée rapidement, d'un geste de la main, encore sous l'effet des incessants coups de klaxon de Ryder derrière nous. Il semblait vraiment déterminé à me rendre la vie impossible, et il faut admettre qu'il s'y prend avec brio depuis le premier jour où je l'ai rencontré. Ces bruits stridents ont ajouté une dose de stress supplémentaire. Je dois vraiment me hâter avant qu'Alex ne rentre à la maison.
Je pénètre rapidement dans l'immeuble, le cœur battant, et presse le bouton de l'ascenseur, souhaitant presque qu'il se déplace plus vite pour m'emmener au troisième étage. À ma grande surprise et inquiétude, en arrivant devant notre appartement, je remarque que la porte d'entrée est entrebâillée, non verrouillée. Une vague d'appréhension et de peur m'envahit : avons-nous été cambriolés ? Ai-je oublié de fermer la porte en partant ? Mon esprit s'embrouille alors que je tourne lentement la poignée avec une main tremblante.
À l'intérieur, seul le bruit monotone de la télévision perturbe le silence. En avançant, je découvre une scène qui me glace le sang. Alex est là, assis sur le canapé, la tête entre les mains. Lorsqu'il perçoit ma présence, il lève son regard vers moi, chargé d'une colère si intense que je me sens vaciller. Je balaye d'un geste la table basse du regard, jonchée de plusieurs bouteilles vides d'alcool.

- Alex ? parviens-je enfin à articuler, brisant un silence pesant d'une voix à peine plus forte qu'un murmure tremblant.
- Oh tiens, qui voilà ? répond-il d'une voix sarcastique, son ton coupant comme une lame. Je peux savoir où tu étais ?

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