Chapitre treize

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LEYA.

Des jours se sont écoulés depuis cet incident, et je constate avec une immense joie que mon œil est redevenu normal. Plus de traces d'enflure, plus de douleur lancinante. Fini ces maudites lunettes de soleil qui m'avaient fait sentir comme une étrangère, même à l'intérieur. Je passe mon doigt délicatement à l'endroit où j'étais enflée jusqu'à présent, savourant la douceur retrouvée de ma peau.

Ce matin-là, je me réveille doucement, la tête lourde et engourdie par une nuit de sommeil troublé. Mes paupières s'ouvrent lentement, luttant contre la lumière du jour qui filtre à travers les rideaux. Quand mes yeux s'ajustent enfin, je vois Alex assis à mes côtés, la tête enfouie dans ses mains, ses épaules affaissées sous le poids d'un fardeau invisible. Un frisson de surprise me parcourt, et je recule légèrement, ce mouvement attirant immédiatement son attention.

- Hé bébé, c'est moi, n'aie pas peur, dit-il d'une voix douce mais tremblante.
- Mais tu... commençai-je, la confusion et la méfiance teintant ma voix.
- Je suis désolé, me coupe-t-il précipitamment. J'avais bu et je n'étais pas conscient de ce que je faisais. J'étais mort de jalousie et... Ce n'est pas une raison, je sais bien. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Je suis vraiment désolé. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, avoue-t-il, ses yeux implorant mon pardon.
- Je ne te reconnais pas, Alex, murmurai-je, mon cœur se serrant à la vue de son désarroi.
- Moi non plus, dit-il, la voix brisée par la honte. Tu veux me quitter, c'est ça ? Tu aurais bien raison. Je ne suis qu'une merde.

Ses paroles, empreintes de désespoir, me firent presque de la peine. Alex s'était toujours montré doux et réconfortant, jamais violent, ni dans ses actes ni dans ses mots. Il avait été mon roc, mon soutien à chaque moment de faiblesse. Voir cet homme, habituellement si fort, se briser devant moi était déconcertant. Mais je savais qu'il fallait que je sois là pour lui, comme il l'avait été pour moi tant de fois auparavant.
Je pris une profonde inspiration, cherchant les mots justes. Peut-être que c'était à mon tour de lui rendre la monnaie de sa pièce, de lui offrir le soutien et la compréhension qu'il m'avait toujours prodigués.

- Alex, commençai-je doucement, tendant la main pour effleurer la sienne. Nous devons parler de ce qui s'est passé, comprendre pourquoi c'est arrivé. Mais sache que je ne t'abandonne pas. Nous allons traverser ça ensemble, ajoutai-je, espérant que mes paroles apporteraient un peu de réconfort à son cœur tourmenté.
- C'est vrai, tu me pardonnes ? demanda Alex, ses yeux emplis d'espoir et de remords.
- Suffisamment pour qu'on ne se sépare pas.

Ma réponse sembla le satisfaire car, sans attendre, il se pencha vers moi et posa ses lèvres contre les miennes. Entre chaque baiser tendre, il chuchotait des excuses, répétant son regret comme une litanie apaisante. Je sentais la sincérité dans chaque mot, chaque geste.

Depuis cet incident, Alex et moi n'en avions jamais reparlé. Mieux encore, j'avais retrouvé mon Alex, celui qui m'avait fait l'aimer en premier lieu. Sa douceur, son attention, tout était revenu à la normale, presque comme si rien ne s'était passé. Cette normalité retrouvée avait parfois la capacité de me faire presque oublier ce qui s'était passé. Sur le plan académique, tout se passait à merveille. Chaque cours était une nouvelle découverte, chaque jour une opportunité d'apprendre quelque chose qui me passionnait profondément. De plus, Ashley était devenue une excellente amie, quelqu'un sur qui je pouvais vraiment compter. Je me sentais chanceuse de l'avoir rencontrée. Hier soir, Riley m'a téléphoné. Sa voix, pleine de nostalgie, m'a dit combien je lui manquais, tout comme nos soirées pyjama. Elle me manque aussi terriblement. Pour les prochaines vacances, j'ai déjà décidé d'aller la voir, ainsi que mes parents. Cela fait trop longtemps que je n'ai pas été au cimetière pour leur rendre hommage. Quant à « monsieur connard », je ne l'ai pas recroisé depuis notre dernière rencontre au café, et ce n'est pas plus mal. Sa présence me rendait toujours mal à l'aise, une sensation que je n'arrivais pas à expliquer. Pourtant, quelque part au fond de moi, une partie de mon esprit désirait le croiser à nouveau, pour lui montrer la femme forte et désirable que je suis. Cette attirance inexplicable m'énervait d'autant plus. Ryder, avec son allure imposante, ses muscles bien dessinés et son air arrogant, possédait un charme indéniable, même si son attitude donnait envie de lui coller une bonne gifle.
Alors que je pénétrais dans le salon, la sonnerie de mon téléphone retentit. C'était Ashley.

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