Chapitre vingt

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RYDER.

Les jours défilent, se fondant les uns dans les autres, tous marqués par la même routine implacable. Si je ne suis pas enfermé dans mon bureau à diriger mon entreprise, je traîne à l'entrepôt, plongé dans des affaires aussi sombres que ma soif de vengeance. Mes activités clandestines m'occupent l'esprit, me consumant lentement, mais inlassablement. Lorsque je ne m'y trouve pas, je passe du temps avec Ashley ou je noie mon ennui et mes démons au bar en compagnie des gars. C'est là que je m'accorde quelques instants de répit, si on peut appeler ça ainsi, en me perdant dans les bras de femmes inconnues que j'oublie dès que je tourne le dos. Elles ne sont que des fantômes de passage, des distractions passagères dans un cycle sans fin. Ce rythme effréné, cette vie où je me tiens toujours sur le fil, est devenue ma seule certitude. Je m'y accroche désespérément, incapable, ou peut-être simplement réticent, de m'imaginer autrement. Abandonner ce chaos, ce tourbillon constant de violence, de sexe et de pouvoir ? Jamais. C'est tout ce que je connais, tout ce qui me maintient debout, même si au fond, je sens que ça me détruit un peu plus chaque jour.
La soirée se déroule comme toutes les autres, une routine presque banale. Ma mère s'agite dans la cuisine, un sourire aux lèvres, heureuse de me voir plus souvent ces derniers temps. Elle ne réalise pas que ma présence constante est dictée par une nécessité bien plus sombre : les menaces qui planent sur nous m'obligent à les protéger, à rester proche d'eux pour réagir au moindre signe de danger.

- Oh non, j'ai oublié d'acheter du bœuf ! s'exclame-t-elle soudain, visiblement contrariée.
- Wow, c'est vraiment la fin du monde, maman, dis-je en essayant de la rassurer.
- Mais oui, c'est grave ! Ma recette n'a plus aucun sens sans ça, réplique-t-elle, un brin dramatique.
- T'inquiète pas, ça sera parfait, comme d'habitude.
- Non, mon chéri, ça ne le sera pas. Je voulais que tout soit parfait pour toi. Je suis tellement tête en l'air...

Je la regarde, touché par son attention, mais incapable de lui avouer que ces dîners n'ont plus la même saveur qu'avant. Je me force à jouer mon rôle, à prétendre que tout va bien.

- Maman, relax. Ça sera très bien, je te le dis. Et puis, tu auras d'autres occasions d'en refaire. Ce n'est pas comme si j'allais disparaître demain, dis-je avec un air faussement détaché.

Elle s'arrête un instant, scrutant mon visage avec une légère inquiétude.

- C'est vrai que tu es souvent là ces derniers jours. Est-ce que tout va bien ?
- Oui, tout va bien. Je n'ai plus le droit de profiter de ma famille ? dis-je en essayant de cacher la vérité derrière un sourire.
- Si, bien sûr que si. C'est juste que c'est... inhabituel, répond-elle, un peu hésitante.
- Eh bien, tu devrais t'y habituer, dis-je en plongeant mon attention dans mon téléphone pour fuir son regard.
- Je vais essayer. Qu'est-ce que tu fais là-dessus ?
- Je regarde des appartements, dis-je sans lever les yeux.
- Tu déménages ?
- Non, maman. Je pensais à Ashley, ce serait bien pour elle d'avoir son propre logement, plus près de sa fac. Tu ne crois pas ?

Elle reste silencieuse un instant, réfléchissant à ma proposition.

- On devrait en parler à ton père, mais c'est une excellente idée.

En réalité, éloigner Ashley est la seule façon de réduire le danger qui plane sur ma famille. Si elle vit ailleurs, je pourrais concentrer mes efforts sur sa protection sans craindre pour les autres. Trouver un appartement près de mes biens immobiliers me permettrait de la surveiller plus facilement.
C'est alors qu'Ashley fait irruption dans la cuisine, interrompant mes pensées.

- De quoi tu dois discuter avec papa ? demande-t-elle avec curiosité.
- Des trucs de grands.

Ma mère lui tire la langue de manière taquine avant de quitter la pièce. Ashley me regarde avec insistance, cherchant des réponses.

Échos du passé. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant