36 - Retour en douce

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    Je peux enfin voir la route qui m'a menée jusqu'ici. Il faisait complètement nuit lors de mon arrivée.

    – Où est-on, exactement ?

    – Près de Barjols, dans la Provence verte. Une heure et quart jusqu'à Marseille, si ça roule bien. Je te dis déjà que ça ne roulera pas bien.

    Jeanne conduit comme elle mène sa vie : un peu trop vite, avec un peu trop d'insouciance. Mais cela me convient. Je veux voir Ariane, puis passer voir Mallard. Me rassurer quant à ma sœur, et voir si l'enquête sur Serrone et son gang progresse. Mallard a sans doute cherché à me joindre, mais je n'ai pas mon portable et je n'ai pas retenu son numéro personnel. Je ne veux plus attendre les bras croisés le bon vouloir de Max. J'espère que Mallard va m'annoncer des arrestations ou tout au moins la saisie du procureur.

    La traversée de cette région très rurale ne pose aucun problème, mais rentrer dans la métropole est une autre histoire... J'avais presque oublié les embouteillages, les bruits de klaxon et les piétons qui traversent n'importe quand en insultant les conducteurs.

    Je guide Jeanne jusqu'à l'adresse où Ariane s'est réfugiée chez sa copine, dans le 7e arrondissement.

    – Est-ce que tu m'attendrais une minute ? Je n'en ai pas pour longtemps.

    – Aucun problème. Je me gare là. Prends ton temps.

    Je lui envoie un sourire reconnaissant et je cours sonner à l'interphone. J'espère ardemment qu'Ariane est là, ou au moins son amie, ce qui me permettra d'avoir des nouvelles.

    – Je suis Tess, la sœur d'Ariane.

    Un clic et la porte est déverrouillée.

    Je monte au deuxième étage. La copine, Claire, m'ouvre.

    Malheureusement, Ariane est absente. Elle a reçu un message l'informant d'un TD déplacé au dernier moment. Elle a couru à la fac.

    Je suis déçue, mais Claire m'assure qu'Ariane va bien et circule rarement seule. Et qu'elle ne sort plus le soir.

    Je lui avais demandé d'être prudente, je suis soulagée qu'elle m'ait écoutée.

    – Tu lui diras que je suis passée, et qu'elle doit continuer comme ça. Tu peux l'héberger encore un peu ?

    – Bien entendu.

    Je remercie le ciel d'avoir des amis pour nous aider dans cette vie !

    – Je dois y aller. Merci pour tout !

    Je repars très vite, espérant que, même si l'adresse d'Ariane est connue et surveillée, mon passage express passera inaperçu. J'ai pris le numéro de Claire, au cas où.

    Je remonte dans la Clio de Jeanne, qui pianote sur son téléphone.

    – J'ai un client pour ce soir, dit-elle avec un grand sourire, comme si rien ne pouvait lui faire plus plaisir.

    J'écarquille les yeux.

    – Tu le connais, celui-là ?

    – Non, c'est un nouveau. C'est cool, j'aime avoir de nouveaux partenaires !

    – Combien as-tu eu de partenaires ?

    Je m'attends plus ou moins à ce que Jeanne m'envoie bouler, moi et ma curiosité mal placée, et je ne l'aurais pas volé. Mais Jeanne répond placidement :

    – Oh, je n'ai pas compté, mais des centaines, c'est clair !

    Je déglutis.

    – Tu es une extraterrestre pour moi, Jeanne !

Que vengeance soit faite (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant