41 - Putsch

155 31 109
                                    

    Avertissement : scène de crime
__________________________________________________________

    Nous sirotons notre café. Mais Berettini n'est pas sur place, et le temps s'éternise. Je trouve de plus en plus difficile de garder une apparence sereine. Je songe brusquement que je n'ai pas pris d'anxiolytique depuis plusieurs jours ; et que je n'en ressens pas le besoin. Je garde confiance.

    Je presse encore la main d'Ariane.

    – Ça va aller, je te promets.

    Ariane me fixe et hoche lentement la tête. Nous pouvons nous comprendre sans échanger de longues conversations.

    Serrone ramène son attention sur nous deux.

    – Si vous attendez que Max débarque, tue tous mes hommes et moi avec, vous vous leurrez, on est d'accord ? Il y a trop de sécurité autour de moi. Jamais il ne fera plus de trois mètres sans être abattu.

    Je réponds froidement :

    – Max est loin. Vous n'avez pas besoin d'avoir peur.

    Serrone contracte la mâchoire. Il n'a pas aimé ma remarque.

    – Qu'est-ce que vous fabriquez avec Max ?

    – À votre avis ? Je suis sa petite amie.

    – Je me suis renseigné sur vous. Vous n'êtes pas son genre et il n'est carrément pas le vôtre.

    Je hausse les épaules.

    – Et alors ? Je l'aime.

    Il faut certainement beaucoup de self-control à Ariane pour ne trahir aucune de ses pensées.

    Serrone sourit et semble convaincu de ma sincérité.

    – Il a essayé de vous tuer, il y a quatre ans, vous le savez ?

    – C'est vous qui le dites. Je dois vous croire ?

    Il n'est pas inutile que je lui apparaisse comme une amoureuse dans le déni. Il se méfiera moins.

    Et enfin, les hommes de Serrone annoncent l'arrivée de Berettini.

    Je me retourne pour le voir entrer. Grâce à la photo, je le reconnais sans l'ombre d'un doute. Il est plus petit, plus jeune que Serrone. Il porte un costume qui lui donne plus d'élégance et de respectabilité que son patron. Je me dis que Max s'habille un peu comme lui. Berettini a certainement été le modèle à suivre pour Max, à une époque, au tout début de son apprentissage.

    Et puis, il y a eu le braquage, et Max a eu la force d'ouvrir les yeux sur la vraie nature de cet homme.

    Je concentre mon attention sur ce Berettini qui a ordonné mon exécution avec tant de désinvolture dans l'agence. Je le trouve très banal. Il n'a même pas l'air dangereux comme Serrone. Il ne ressemble à rien. En suis-je déçue ou satisfaite ?

    – Tu as besoin de moi pour quoi ? demande Berettini en entrant.

    À peine finit-il de dire ça qu'un des hommes de Serrone vient à lui, le fouille et lui enlève son arme. Berettini ne cache pas sa surprise. Il nous voit alors toutes les deux sur le canapé et il a un rictus de mépris.

    – Tu as besoin de moi pour te débarrasser de ces deux cagoles ?

    – Pas du tout, riposte Serrone en se levant. Elles sont mes invitées.

    – Qu'est-ce qu'elles veulent ?

    – Repartir saines et sauves.

    – Qu'est-ce qu'elles proposent, en échange ? dit Berettini avec un sourire carnassier.

Que vengeance soit faite (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant