4. Rendez-vous à l'Évêché

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    A midi, Ariane entre dans l'appartement comme un tourbillon et balance son sac de cours sur le canapé.

    — Je croyais que tu déjeunais au Crous, dis-je en repliant mes cours.

     —Aucune envie, répond Ariane. Puisque tu es disponible, je pensais aller chez Christos.

    — OK, j'ai le temps avant d'aller à l'Évêché à 14 heures.

     Je sors en dernier de l'appartement, après avoir laissé le déjeuner de Mélina en évidence sur le comptoir de la cuisine. Je mets l'alarme en mode partiel et je verrouille la porte. Mélina ne sort quasiment jamais. Et il est hors de question que quelqu'un entre alors qu'elle est seule. Je prends l'escalier pour suivre Ariane qui est déjà presque en bas. Arrivée au palier inférieur, soudain, je perçois de nouveau des pas derrière moi.

     Ce n'est pourtant pas mon imagination, j'entends bien ces pas, et pour la deuxième fois dans les mêmes circonstances. J'accélère pour rejoindre Ariane. Arrivée au rez-de-chaussée, je saisis le bras de ma sœur et je l'entraîne sur le côté.

     — Attends avec moi.

     — Qu'est-ce qui te prend, Tess ?

     Je ne réponds pas et j'attends. Le bruit des pas se rapproche. Celui ou celle qui descend n'a pas accéléré et avance à une allure constante. Je suis persuadée que c'est un homme.

     Les pas approchent du rez-de-chaussée. Puis ils s'arrêtent.

     Je sors de mon recoin et je viens me planter au milieu du couloir. Je vais enfin voir le visage qui accompagne les pas.

     J'ai à peine le temps d'entrevoir une silhouette, masculine en effet. L'homme fait brusquement demi-tour et reprend l'escalier dans l'autre sens, remontant à l'étage. Tout ce que je pouvais décrire, c'est un homme de haute stature, mince, vêtu d'un costume sombre. Et cet homme a disparu au moment de se dévoiler.

     Sans me poser davantage de questions, Ariane m'entraîne dans la rue. Elle me lance un regard interrogateur, mais je hausse les épaules. Je n'ai rien à lui dire.

     Nous entrons dans le restaurant grec, « Chez Christos », à quelques centaines de mètres de notre immeuble.

     — Kalimera ! Bonjour tout le monde ! lance Ariane d'un ton réjoui, avec l'allégresse de celle qui rentre chez elle.

     Le patron, Christos, quitte le comptoir pour venir au-devant de nous. Il nous accueille chaleureusement, comme toujours, et nous indique une table au fond. Ariane le remercie et m'y pousse fermement. Les clients présents font à peine attention à nous.

     — Et maintenant, attaque Ariane dès que nous sommes assises, que signifiait ton comportement tout à l'heure ?

     — Je ne sais pas trop, dois-je admettre. J'entends des pas qui me suivent dans l'escalier depuis quelques jours, et je n'arrive pas à voir de qui il s'agit.

     — Je vais te dire de qui il s'agit : le nouveau voisin, en train de descendre l'escalier de son immeuble. Si c'est aux mêmes heures que toi, c'est une coïncidence !

     — Il a fait demi-tour avant d'arriver en bas ! Exprès pour ne pas montrer son visage !

     — Il a fait demi-tour parce qu'il s'est rappelé qu'il avait oublié quelque chose avant de partir.

     — Ariane....

     — Oui, ma sœur parano chérie ?

     Ariane a un air si affectueux que je ne peux lui en vouloir.

Que vengeance soit faite (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant