42 - Assiégées

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     Les amis de Berettini ne se montreront plus jamais, je conclus. L'un est mort sur le tapis, l'autre sur le lit.

    – Max, murmuré-je.

     Il est venu ici. Il n'a pas fait de bruit, en utilisant un silencieux probablement. Il est dans les parages, prêt à nous défendre. C'était le plan convenu.

    Je veux m'en persuader, car je ne vois aucune issue autour de nous. J'ordonne à Ariane :

    – Ouvre ce placard, cache-toi dedans !

    Ariane ouvre la bouche, mais je ne lui laisse pas le temps de protester.

    – Vas-y, fais ce que je te dis.

    Je me penche, je dézippe ma botte et j'en sors mon révolver. Mes bottes hautes et souples ont parfaitement camouflé mon arme : c'est pour ça que je les ai mises. Quand je me redresse, j'intercepte le regard de ma sœur.

    – Je sais m'en servir, dis-je avec aplomb. Va te cacher. Je vais les recevoir comme il le mérite.

    Ariane me regarde comme si j'étais Clint Eastwood en personne, et obéit.

    En réalité, je me sens beaucoup moins sûre de moi que je veux bien le laisser paraître. Certes, je suis préparée à tenir une arme et à m'en servir. Merci Max, qui m'a appris. Mais je manque cruellement d'expérience et de sang-froid. En revanche, je me sens prête à toutes les extrémités pour défendre la vie d'Ariane. Je culpabilise atrocement de savoir que ma folle alliance avec Max l'a mise en danger. 

    J'étais décidément inconsciente. Je me mets en position de tir. Je réalise tout de suite que mes mains tremblent. Je redouble de concentration, comme face à un échiquier dans les moments difficiles. Attentive aux bruits qui m'entourent, je ne peux manquer celui des pas qui montent lourdement l'escalier jusqu'à l'étage.

    – Sortez de votre cachette ! Vous n'avez nulle part où aller !

    Berettini s'est enhardi à nous poursuivre avec Rachid comme seul renfort. Ils seront bien reçus. L'effet de surprise, c'est mon atout. J'ancre mes jambes dans le sol, les deux bras tendus devant moi, les mains serrées autour de la crosse. Je suis face à la porte fermée. Je suis prête.

    Une porte voisine s'ouvre. Les pas progressent sur le parquet. La voix gronde : « Vous allez me payer cher cette stupide partie de cache-cache ! »

    Une autre porte. Il est juste à côté. Il vient donc de voir le cadavre de son acolyte sur le sol. Il a alors un cri de rage.

    – Rachid, descends, fais le tour ! Il y a un intrus !

    Si seulement Berettini aussi pouvait redescendre, attendre d'autres hommes pour l'épauler. Cela donnerait du temps à Max.

    Le loquet de la porte tourne. J'attends.

La porte s'entrouvre lentement. La silhouette de Berettini apparaît. Je tire. Il bat en retraite avec un cri.

    J'ai le cœur qui martèle si fort à mes tempes que je n'entends rien d'autre. Un instant, j'espère l'avoir blessé assez gravement pour le mettre hors d'état de nuire. J'espère même une fraction de seconde l'avoir tué. Je ne le regretterai pas, ou tout au moins pas immédiatement. Je ne veux pas être une criminelle. Mais il s'agit d'un homme qui méprise lui-même la vie des autres et qui menace celle d'Ariane. Entre Berettini et ma sœur, je n'ai aucune hésitation.

    Je dois déchanter très vite. Il hurle derrière la porte et déverse un flot d'insultes. Je ne l'ai même pas blessé. Il demeure derrière la porte et semble se calmer.

Que vengeance soit faite (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant