1. Le braquage

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    Avertissement: j'ai classé cette histoire comme "mature". Il y aura des crimes, des cadavres, des comportements à la moralité douteuse (puisqu'on y parle de mafia) et aussi un peu de sexe. Si ce n'est pas pour vous, fuyez !  :)

Sinon, j'espère que vous aimerez votre lecture !

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 Je suis une Marseillaise amoureuse de ma ville.

     Ce 7 octobre, je me promène autour du Vieux-Port. Une journée à Marseille sans profiter de ce quartier pittoresque est une journée perdue, à mon humble avis. J'aime marcher sur les quais, entendre le clapotis de l'eau et voir le contraste entre les petits bateaux de pêcheurs et les impressionnants navires de plaisance. Je rêve de passer mon permis bateau, un jour. Un bateau à moteur serait plus facile à manier ; mais ce sont les bateaux à voile qui m'attirent le plus.

     J'aime l'animation sans fin du lieu, produite par les clients des restaurants et des cafés. Je ne manque jamais de lever les yeux vers les forts historiques, le fort Saint-Nicolas et le fort Saint-Jean ; ils sont deux amis familiers dans le décor.

     Après mon tour quotidien sur le port, je me dirige vers mon but principal et j'entre dans l'agence bancaire du Crédit Agricole. Comme l'agence est petite, j'espère faire vite. Raté. Je suis sixième et je sens bien que cela va durer un moment.

     Il y a deux caissiers derrière le comptoir. Celui de gauche est vieux et lent. Celui de droite est bien plus jeune. Je compte sur lui pour accélérer les formalités et passer rapidement d'un client à l'autre. C'est bien ce qui se produit jusqu'à que ce soit presque mon tour. J'ai préparé ma pièce d'identité : Tess Andreadis, vingt ans.

     Alors que je m'apprête à faire un pas en direction du guichet, le jeune caissier se lève.

     Nos yeux se croisent. Le jeune homme est vraiment mignon. Il a de grands yeux clairs sous une chevelure brune ébouriffée. Il semble hésiter en me regardant, mais il se reprend et quitte sa place pour disparaître en coulisses. J'ai eu un petit soupir de déception ; j'ai bien failli être servie par lui. Maintenant, je dois attendre mon tour derrière le vieil employé, lent et nettement moins séduisant...

     Moins de trois minutes plus tard, mon monde bascule.

     Plusieurs hommes font irruption dans l'agence. Ils emplissent la salle et crient :

     — Tout le monde à terre !

     Ma première pensée est de croire à une blague. Puis je réalise mon erreur.

     Un des hommes me saisit par le bras pour me pousser violemment au sol. Je vois qu'il porte un masque de latex aux traits de l'ancien président Chirac et qu'il est armé. Tous les hommes portent un masque de Chirac. Je les compte alors, ils sont quatre.

     Le caissier et les clients ont tous obéi et sont allongés au sol. Deux des braqueurs restent avec eux en brandissant leurs armes, tout en hurlant des menaces. Les deux autres vont à l'arrière, là où se trouvent les conseillers de clientèle. J'entends d'autres hurlements et même un coup de feu. Cela me terrifie. Je ferme les yeux et j'essaie de respirer calmement. Cela allait finir. Ils allaient partir.

     La voix intérieure qui me murmure des formules apaisantes, la voix de la raison et du sang-froid, se demande à quoi rime cette intrusion ridicule. Les braqueurs ne savent-ils pas qu'il n'y a plus rien à braquer dans les banques ? Les agences ont même supprimé les sas de sécurité. Tout le monde sait ça.

     Les assaillants reviennent dans la salle principale, poussant devant eux les conseillers et les clients, tous ceux qui étaient derrière. Tous doivent s'allonger aussi. J'espère que quelqu'un a eu le temps de presser un bouton d'alarme, que la police est en route.

     Je m'aperçois alors que les hommes masqués sont cinq. J'ai dû mal compter.

     Le vieux caissier est remis sur ses pieds.

     — Toi, viens ouvrir la caisse !

     Sans protester, il ouvre les tiroirs.

    — C'est tout ce qu'il y a ? Tu te fous de moi ?

     — Non, assure-t-il, terrifié. On n'a presque plus d'espèces dans les banques aujourd'hui...

     Exactement. Il n'y a quasiment plus de liquide à disposition, après les attaques spectaculaires des années 80 ; qui plus est dans une petite agence. Qu'espéraient-ils, ces amateurs ?

     Un des hommes vient alors vers moi et me force à me lever.

     — Toi, tu viens avec nous !

     Je ne lutte pas, même si mon cœur s'emballe tout de suite. Que me veut-il ? Je ne veux pas être un otage, je ne veux pas être en première ligne dans cette folie.

     Je suis poussée dans la salle des coffres. Un des hommes me tend une clé.

     — Ouvre le coffre 14 -18.

     Je m'exécute en silence. Je fais tourner la clé jusqu'à entendre un « clic », mais la porte ne s'ouvre pas. L'homme qui m'a amenée se rapproche et tape un code sur le clavier, sous la serrure. Le coffre s'ouvre alors.

     Je sens le canon de l'arme à feu contre mon cou. C'est terriblement froid.

     — Vide le coffre et donne-moi le contenu.

     J'obéis, toujours sans un mot. Il y a trois grosses enveloppes dans le coffre, qui passent entre les mains du braqueur. Celui-ci m'ordonne de refermer le coffre, puis de lui rendre la clé.

     J'espère que mon rôle est terminé et que ce cauchemar va prendre fin. Mais celui qui a pris les enveloppes, et qui semble être le chef se tourne alors vers son compagnon qui me tient en joue.

     — Tue-la.

     Et il quitte la salle des coffres.

     Je lève un regard incrédule vers l'homme masqué qui me pointe toujours de son arme. Il ne va quand même pas... C'est impossible. Je ne peux pas mourir maintenant ! Je suis trop jeune !

     L'homme semble hésiter. Il ne bouge pas, se contentant de me tenir en joue.

     Mais je sens qu'il va le faire. Il va balayer ses doutes. Alors, tentant le tout pour le tout, je me jette sur lui de toutes mes forces.

     C'est certainement stupide, mais je ne vois aucune autre idée. Nous tombons au sol tous les deux. Un coup de feu part. L'arme a glissé à un mètre. J'ai alors le visage très près de celui du tireur. Le masque de Chirac a un peu glissé et je vois, sur le cou, dépasser un bout de tatouage, avec des écailles. « Dragon ou serpent », me dis-je, de manière inutile et déplacée. Je recule et je tends la main vers l'arme. C'est ma seule chance de m'en sortir vivante.

     Plus rapide, le braqueur roule sur lui-même et reprend l'arme avant moi. D'un mouvement souple, il est debout.

     « C'est fini ». Je suis restée au sol. J'ai une pensée pour ma mère et ma sœur. « Je suis désolée... »

     Le braqueur me lance :

     — Tu as du cran. Dommage.

     Et il tire. Une seule fois.

     Je sens la brûlure, la violente douleur dans ma poitrine. Je m'évanouis tout de suite.

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Je suis contente de retrouver Wattpad et de poster à nouveau ! deuxième chapitre jeudi prochain.

Des remarques sur ce début ?

Que vengeance soit faite (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant