27 - Règles de survie

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     Assise, je tourne la tête en crispant les paupières. Je pense à Ariane, à ma mère. Une fois de plus, je vais les faire atrocement souffrir quand la police leur annoncera ma mort. Une véritable exécution. Pour moi et pour elles.

     J'entends des coups de feu. Je sursaute, m'étonnant de ne rien ressentir. Puis, enfin, le silence.

     — Tess ! crie une voix familière.

     J'ouvre les yeux. Les deux hommes gisent à terre, et Max se tient derrière eux. Il marche vers moi et me tend la main.

     — Pour nous, c'est bon, dit-il avec son habituel sourire en coin.

     Les jambes coupées par le soulagement, je n'arrive pas à me redresser. Max attend patiemment que je reprenne des forces, et me relève. Je lui demande à mi-voix :

    — Tu les connais ?

     — El Bouaziz et Pietri. Deux ordures. 

     Je fais lentement quelques pas, comprenant à quel point j'ai été proche de la fin.

     — En plus, ces deux salauds ont tué mon témoin ! crache Max, pris de colère. Ça fait deux fois !

     De rage, il envoie un grand coup de pied à l'un des cadavres au sol.

      Je vais m'appuyer contre un bâtiment, ressentant le besoin d'un soutien et le besoin de lumière. Mon cœur ne bat pas encore à un rythme normal. L'adrénaline me donne le vertige. Max me rejoint.

     — Tu vas bien ?

    Je fais un signe de tête. Je ne suis pas capable d'autre chose. Il me dévisage avec intensité.

     — Je suis désolé, je n'ai pas pu intervenir plus tôt. Il y en avait un troisième plus loin.

    — Tu es intervenu. C'est tout ce qui compte.

     Il est tout près de moi, à présent. Il prend mon visage entre ses mains, avec douceur, comme si j'étais une fragile poupée de porcelaine.

     — Tess...

     Les yeux verts de Max brillent plus que d'ordinaire. Il me caresse la joue. Sa bouche se rapproche.

     — Je suis vraiment attaché à toi... 

     Je tends la main vers son visage. Max déglutit et ferme les yeux.

      Il ne voit pas que je le foudroie du regard. Je saisis le col de sa chemise et je l'écarte d'un coup sec. La lueur du lampadaire me révèle un tatouage de serpent sur l'épaule. Les écailles de la queue pointent vers le cou.

     Je reconnais, sans l'ombre d'un doute, le tatouage.

     Max rouvre grand les yeux. Sa bouche s'arrondit sous la surprise. Je hurle :

     — Espèce de salaud !

     Je lui tourne le dos et je marche vers la sortie, alors que le sang me bat fiévreusement les tempes. J'ai reconnu le tatouage entrevu il y a quatre ans, sur le cou de celui qui a tenté de me tuer.

      C'était Max, l'auteur. C'était bien lui.

     La souffrance qui m'engloutit est insupportable. C'est une brûlure au fer rouge.

     Je refoule mes sanglots, me sentant trahie, me sentant seule et chavirée de honte. Celui que je prenais pour mon protecteur, Celui qui m'apportait ma vengeance tant désirée, celui qui me protégeait, n'est en réalité que le responsable ! Celui que j'ai embrassé !

Que vengeance soit faite (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant