Une promesse pour une promesse

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Cela devait être la centième fois que Jordan regardait son téléphone, toujours en attente d'une réponse de la part d'Attal. Attendre était une chose qu'il détestait, mais à cet instant, cela était son plus grand Némésis. Son portable n'avait pas quitté sa main depuis qu'il avait envoyé son premier message, soit depuis déjà un jour.

Qu'est-ce qui pouvait empêcher Gabriel de lui répondre ? Il avait beau essayer de chasser cette question, l'attente rongeait petit à petit ses pensées.

« Jordan, t'en penses quoi ? »

Cette question ramena brusquement le jeune homme dans le moment présent. Il n'avait aucune idée de ce qui était en train de se discuter, et cet écart de comportement était encore plus surprenant que l'agacement qu'il ressentait face au silence de Gabriel. Bardella reposa son téléphone sur la table de réunion, avant que son regard ne croise celui de Marine Le Pen, qui se trouvait assise en face de lui.

Il n'avait suffi que de cela pour que Jordan s'éloigne de l'absurdité des sentiments qu'il ressentait et retrouve le rôle qu'il devait tenir. Il racla sa gorge avant de s'exprimer :

« Je suis désolé, de quoi parlons-nous ? »

La salle se remplit d'un silence qui lui fit subtilement comprendre que ses quelques mots entraîneraient des conséquences qu'il ne pouvait qu'imaginer, crispant ainsi l'entièreté de son corps, fuyant le regard de son mentor.

Par la suite, Jordan pesa chacun de ses mots avant de les prononcer, essayant tant bien que mal de rattraper l'erreur qu'il avait commise. Il ne pouvait que se sentir embarrassé de son comportement et du fait que, pendant quelques minutes, son regard s'était détourné vers son téléphone et non vers ce qui comptait réellement : son parti.

Alors que la salle se vidait doucement, Jordan resta assis, conscient de ce qui l'attendait.

« Qu'est-ce que c'était que ça ? » demanda son mentor, qui venait de se rapprocher du jeune homme.

« Je suis désolé, ça ne se reproduira plus. »

Marine Le Pen pouvait bien être dure avec Jordan, mais il ne pouvait que l'avoir mérité. De plus, il s'accrochait à l'idée de remplir sa mission, le seul moment où il pourrait enfin s'accorder la permission de fermer les yeux et savourer chaque once d'une victoire qu'il avait gardée dans sa ligne de mire depuis le moment où il avait mis un pied dans ce parti.

Cherchant peut-être également désespérément à être à la hauteur des espoirs que Le Pen avait mis en lui, pour oser toucher du doigt le bonheur qu'elle lui avait promis. Même si, comme elle lui disait souvent, sentiment ne rime pas avec politique pour une bonne raison.

« J'espère bien. Montre-moi cela en reprenant tes esprits et en te rendant là-bas. »

Elle lui tendit une lettre qu'il ouvrit sans attendre, découvrant une invitation pour un événement organisé par le gouvernement ce soir même. Il n'avait jamais entendu parler de cette soirée, marquant le côté exclusif que le faire-part dégageait et rendant un peu plus mystérieux le fait qu'il se retrouve entre ses mains.

« Tu sais ce que tu as à faire. » ajouta Marine avant de s'éloigner sans un mot de plus, laissant Jordan contempler davantage ce bout de papier.

Et alors qu'il venait à peine d'avoir un rappel clair de la raison de sa présence dans ce bâtiment, il ne put s'empêcher de sentir son cœur se pincer lorsqu'il lut qui avait signé cette invitation. Il passa son doigt doucement sur le prénom et nom du Premier ministre, laissant sa raison condamner à chaque lettre son cœur.

Il soupira avant de se lever, il devait se préparer pour les festivités. La partie devait continuer et il comptait bien montrer un beau jeu.

Le jeune homme n'eut aucune difficulté à entrer dans le lieu de l'événement, s'enfonçant un peu plus dans le brouhaha collectif. À mesure qu'il s'aventurait au milieu de la foule, les regards se tournaient vers lui sans pour autant qu'une personne ne vienne lui adresser la parole. Les gens n'osaient sûrement pas s'approcher par peur des répercussions ou peut-être parce que la personne qu'ils voyaient n'avait pour eux rien d'humain.

Coup de politique (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant