Sentimentalement sobre

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Gabriel ne savait toujours pas comment il avait pu, une nouvelle fois, céder à Bardella. Plus encore, il se demandait comment son corps avait pu être pris d'une pulsion pyromane, à vouloir jouer avec un feu bien trop destructeur. Pourtant, les notifications de messages qui apparaissaient sur son téléphone étaient bien la preuve de la faiblesse dont il avait fait preuve.

Mais ce qu'il détestait le plus en ce moment, c'était la manière dont Jordan parvenait à manipuler ses pensées, jusqu'à son lieu de travail. Assis derrière son bureau, il était occupé à trier pour la deuxième fois les dossiers qu'il avait fait tomber la veille.

Finalement, il avait peut-être besoin, comme ces feuilles, d'une réorganisation de ses pensées. Gabriel se saisit donc de son téléphone, ignorant les messages de Bardella, pour appeler la seule personne qui restait un pilier sur lequel il pouvait s'accrocher dans cette tempête.

« Gabriel ? Tout va bien ? » demanda Stéphane avant même qu'Attal ne puisse prononcer un mot.

« Oui, je me demandais juste si tu étais libre ce soir ? » répondit Gabriel, d'un ton hésitant, sachant pertinemment que poser cette question dans ce contexte n'était qu'un moyen de succomber à la nostalgie.

« Bien sûr, tu veux qu'on se voie ? »

Et pourtant, malgré tout, Stéphane semblait lire dans les pensées de Gabriel, ce qui, pendant un instant, donnait à Attal l'impression de pouvoir reprendre le contrôle de la situation.

« Même heure, même adresse ? »

C'est dans ces mots que le ministre devait trouver du réconfort, et non dans le feu.

« À ce soir. »

À peine avait-il raccroché qu'il se remit à sa tâche, laissant le bruit des papiers remplir le silence qui régnait dans son bureau, constituant sa seule compagnie pour les heures à venir. Enfin, cela aurait été le cas si quelqu'un n'était pas venu toquer à sa porte, l'interrompant une nouvelle fois.

« Entrez », s'exclama Gabriel sans quitter des yeux les papiers qu'il tenait entre ses mains.

« Désolée de te déranger, mais je t'avais prêté un document sur les affaires européennes des deux dernières semaines. Est-ce que je pourrais le récupérer ? » demanda sa collègue, qui entra timidement dans le bureau de Gabriel.

« Bien sûr, je l'ai probablement rangé quelque part par ici », répondit-il en éparpillant davantage les nombreuses feuilles sur son bureau, cherchant en vain le document demandé. À chaque mouvement, le souvenir des papiers étalés sur le sol de sa loge la veille lui revenait en tête, et il se dit que celui qu'il cherchait devait sûrement se trouver dans un recoin de celle-ci.

Il se redressa, se rongeant les ongles, essayant tant bien que mal de se rappeler chaque détail du jour précédent. Après tout, peut-être avait-il laissé ce document ailleurs, et celui-ci ne résidait donc pas sur le sol froid de la loge, dernière preuve de ce qui s'était passé entre les deux politiciens.

« Sinon, ce n'est pas grave, Gabriel, je trouverai un autre moyen », dit-elle.

Comment Attal avait-il pu être aussi négligent ? Bien qu'il fût à blâmer, une part de la faute revenait aussi à Bardella, même si condamner ce dernier ne ramènerait pas le document que sa collègue demandait.

« Non, je suis vraiment désolé, je vais demander à Stéphane de me retrouver ça », répondit-il.

Les étoiles semblaient s'aligner : rien n'arrive par hasard, et ce moment en était la démonstration. De plus, il était persuadé que Stéphane se réjouirait d'être sollicité pour l'aider.

Coup de politique (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant