Coup de poker

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Gabriel ressentait encore la fatigue que lui avait provoquée la soirée précédente lorsqu'il ouvrit la porte de son bureau. Il espérait que cette journée soit particulièrement calme pour qu'il puisse avoir l'énergie nécessaire pour faire face à Bardella. En effet, après un court échange par messages, les deux hommes avaient convenu d'un rendez-vous le soir même. Il avait donc  quelques heures restantes pour trouver quelque chose à demander en retour.

Pour autant, ses espoirs étaient déjà mis à l'épreuve lorsqu'il vit sur son bureau un dossier inconnu accompagné d'une note. Il se saisit de celle-ci avant de la lire à voix haute.

« J'ai trouvé le dossier que tu m'as demandé. Je te donne également, comme convenu, celui dont je t'avais parlé. J'attends avec impatience la prochaine fois que je pourrai t'offrir mon aide. Stéphane. »

Gabriel déposa le papier sur le côté avant de feuilleter l'ensemble des feuilles. Ce geste était sans doute la manière de Stéphane de calmer les tensions depuis le dîner qu'ils avaient eu et il ne pouvait mentir, cela marchait légèrement. Malgré l'agacement que ses mots avait provoqué, Attal savait pertinemment que malgré tout, il finirait comme à chaque fois par oublier, espérant une nouvelle fois qu'il ne s'agissait que d'un incident isolé.

Avant même de poser ses affaires, Gabriel s'empressa de rendre le document qu'il avait emprunté à sa collègue, marchant d'un pas rapide dans les couloirs. Une fois arrivé devant la porte, il fut surpris que celle-ci, d'habitude ouverte, se trouvait fermée. La plus part des gens, n'auraient peut-être pas remarqué cette différence insignifiante mais le ministre savait pertinemment que ceci était le signe que quelques chose n'allait pas. Sans plus attendre il y toqua, attendant un signe de sa collègue.

« Tu peux rentrer. »

Entendit-il à travers le bois de la porte.

Lorsqu'il rentra enfin, il fit face à sa collègue perdue au milieu de nombreux dossiers.

« Je suis venu te rendre le dossier que tu m'avais prêté. »

« Pose-le sur une des piles, je m'en occuperai après. »

Gabriel fit ce que sa collègue avait demandé avant de ne pouvoir s'empêcher de lui poser une question.

« Je peux peut-être t'aider  ? »

Sa collègue releva la tête, révélant le désespoir que portait son visage.

« On m'a demandé de chercher ce que le RN avait voté pour la loi sur le SMIC l'année dernière, mais j'ai beau chercher, je n'arrive pas à trouver où j'ai rangé ce foutu dossier ou même s'il existe vraiment. »

Sans le vouloir, elle venait de donner une réponse à la question que se posait Gabriel depuis son réveil, soit quoi demander à Jordan en échange de son information.

« Je peux t'avoir cette information pour demain. »

« Vraiment ! Tu es sûr que je ne te dérange pas ? »

Certains diraient qu'Attal avait le syndrome du sauveur, mais c'est seulement en se penchant sur son histoire qu'on prenait conscience qu'il n'essayait que de guérir l'enfant craintif en lui, en apportant aux autres toute l'aide qu'il pouvait, toute l'aide qu'il n'avait pas eue. Une blessure invisible et pourtant toujours béante.

« Pas du tout,  Julie ! »

Quelque part, sa collègue venait également de l'aider. On pouvait considérer cela comme un échange de bons procédés même si celle-ci n'en était pas au courant.

« Merci pour ton aide Gabriel. »

Le jeune homme acquiesça avant de tourner les talons, finalement, peut-être qu'il s'agissait du début d'une bonne journée.

Coup de politique (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant