Step Out [MinChan]

20 - Espresso

Plusieurs semaines étaient passées. Le froid de l’hiver envahissait les rues, poussant tout le monde à sortir les gros manteaux. Noël aussi approchait, et ce pour le plus grand bonheur de Minhee. Elle filait le parfait amour avec Chan qui, lui, ne cessait de la tarir de compliments. Il avait toujours quelque chose à dire. Des mots doux. De la poésie. À en croire que Minhee était la plus belle femme qu’il n’ait pu rencontrer. Il avait beau le lui dire, Minhee n’y croyait pas.

Du moins, elle n’arrivait pas à accepter toutes ces attentions. Tous ces compliments sur sa soit disante beauté la gênait beaucoup. Elle appréciait, mais les refusait toujours. Il disait cela uniquement parce qu’il ne la voyait pas dans son plus simple appareil. Il ne voyait pas ce corps, cette chose.

Cela bouffait Minhee de l’intérieur. Elle savait qu’il exprimait son attirance pour elle. Il souhaitait la faire se sentir aimée et désirée. Mais elle ne comprenait toujours pas comment Chan pouvait la trouver aussi belle qu’il le disait. Car, elle-même, n’arrivait pas à voir cette beauté. Lorsqu’elle se regardait dans le miroir après ou avant sa douche, elle avait la nausée. Elle aurait aimé détruire tous les miroirs du monde pour ne plus avoir à s’observer tous les matins. Pour ne plus avoir à scruter chaque détail qui la faisait se détester.

Ce fut encore ce train de pensée qui l’obnubilait alors qu’elle se préparait dans la salle de bain. Elle avait dû passer au moins dix minutes à inspecter son corps. Elle remuait ses joues dans l’espoir de voir son visage changer. Et ce jusqu’à ce que Félix s’impatiente et frappe violemment à la porte de la salle de bain.

“Qu’est-ce tu fous Minhee ? Je dois partir dans vingt minutes moi !”

La nommée se dépêcha de récupérer toutes ses affaires avant de se précipiter dans sa chambre, sa serviette de bain cachant son corps dénudé. Félix soupira, soulagé de pouvoir se décrasser la peau de sa transpiration après son footing matinal.

Minhee ne prit pas plus de temps à se changer, puis rejoigna la cuisine pour boire un verre d'eau. Sa gorge était soudainement sèche, et son cœur battait rapidement. Elle ferma les yeux pour se calmer avant de sentir une main sur son épaule. Félix la regardait, les sourcils affaissés.

“Ça va ? T'as l'air un peu stressée depuis quelques jours.

- C'est rien, le travail sûrement.

- Tu peux m'en parler tu sais. J'ai bien cinq minutes avant de partir.”

Minhee détourna le regard, ne sachant pas ce qu'elle devait dire. Elle savait ce qui la tracassait, mais elle n'arrivait pas vraiment à le formuler. Bien que Félix comprendrait ses doutes, il en avait l'habitude. Il n'y avait que lui qui pouvait l'aider.