Au bord du bassin - Maxime Grousset

Chapitre 5

Ce matin la journée débute avec une brise chaude et humide. Je me réveille encore un peu égarée par le décalage horaire, mais l'excitation de ma première vraie journée avec l'équipe de France me tire du lit. Je me prépare rapidement, enfilant mon uniforme de kiné avec une détermination renforcée. Aujourd'hui marque le début de ma véritable immersion dans le monde de la natation de haut niveau.

Je me dirige vers le complexe aquatique, un édifice moderne avec des lignes épurées et une piscine olympique qui scintille sous les lumières du matin. L'espace est encore calme, les équipements immaculés, une atmosphère d'attente palpable dans l'air. Je fais le tour des installations, observant les différents postes de traitement et les vestiaires ultra-modernes. Tout est à la hauteur de ce que l'on peut attendre d'un centre d'entraînement de niveau international.

Lorsque la séance de kinésithérapie commence, la salle de réhabilitation se remplit peu à peu des athlètes. Leur énergie est déjà palpable malgré l'heure matinale. Léon entre avec Maxime, un sourire malicieux sur les lèvres. Léon me lance un regard complice, comme s'il savait exactement ce que je vais vivre aujourd'hui. Sa complicité avec Maxime me fait légèrement grincer des dents.

— Je vais avec Marc, dit Léon avec un sourire en coin.

Je prends une grande respiration et me dirige vers Maxime, qui semble prêt à tester mes limites dès le début. La perspective de passer du temps seul avec lui ne m'enchante guère, mais je me force à afficher un sourire poli. Mon esprit est en ébullition, évaluant déjà la situation : Maxime, ce nageur arrogant, va être mon premier véritable test.

— Maxime, quelle surprise. Prêt pour ta séance de torture ?

Maxime me regarde avec un sourire qui en dit long sur son arrogance. Il se couche sur la table de traitement avec une nonchalance calculée. Il sait très bien comment me provoquer. Cette attitude détendue, presque provocante, me donne envie de lui faire comprendre qu'ici, c'est moi qui mène la danse, et non lui.

— J'ai une légère douleur à l'épaule. Rien de dramatique, mais je préfère ne pas risquer de la rendre plus grave avant les compétitions.

Je commence à travailler sur ses épaules, mes doigts s'attardant sur les zones tendues. Les premières pressions révèlent des nœuds et des tensions, preuve de ses récents efforts intenses. Mon esprit se remémore les détails de l'entretien que j'ai eu avec le staff médical. J'avais montré ma détermination et mon expertise, mais maintenant, je dois prouver ma valeur au quotidien. Les provocations de Maxime ne vont pas m'arrêter. Je le juge sans ménagement, observant chaque détail de son attitude. Il est évident qu'il est habitué à être le centre de l'attention, à ce que tout le monde tourne autour de lui. Sa confiance excessive et son air désinvolte, comme s'il était le roi de la piscine et que le reste n'était que détails accessoires, me mettent hors de moi.

Mes pensées vagabondent malgré moi. En travaillant sur ses épaules, je ne peux m'empêcher de remarquer ses muscles bien dessinés et la facilité avec laquelle il se déplace. Sa stature athlétique est indéniable, et cela me rappelle que je suis dans un monde où l'apparence et la performance sont au centre de tout. Maxime est un athlète de haut niveau, et il est impossible de ne pas le comparer aux autres hommes que j'ai croisés dans ma vie. Je tente de chasser ces pensées, me concentrant sur le massage.

Mais une partie de moi se demande, presque avec cynisme, combien de filles il doit avoir dans ses filets. Sa manière de se comporter, de flirter avec les limites, de prendre les choses à la légère, pourrait facilement attirer toute une armée de prétendantes. Ce genre de réflexion me déroute, car elle détonne avec la concentration professionnelle que je veux maintenir. Maxime a ce charme qui le rend irrésistible pour certains, mais pour moi, il est surtout un casse-tête ambulant avec une attitude que je trouve insupportable.

Il se redresse enfin, affichant un sourire satisfait.

— Merci.

Je le regarde partir, un mélange de soulagement et de frustration dans l'esprit. Maxime peut être insupportable, mais il est aussi un excellent nageur, et il va falloir que je m'habitue à cette dynamique.

Le reste de la matinée est une succession de séances avec d'autres nageurs. Chaque athlète a ses propres besoins et ses propres défis. Les conversations sont plus simples, les échanges plus directs. Certains nageurs sont réservés, d'autres sont plus bavards, et chacun d'eux apporte une dynamique différente à la salle de réhabilitation. Je me concentre sur chaque traitement, essayant de comprendre les spécificités de leurs besoins tout en maintenant une attitude professionnelle.

Le rythme est soutenu, mais j'apprécie cette immersion totale. Les séances se succèdent, entrecoupées de moments où je note les progrès et ajuste les plans de traitement. Chaque nageur a ses propres particularités, et c'est un véritable défi de jongler avec leurs différentes exigences tout en restant efficace.

Lorsque les traitements de la matinée se terminent, je prends un moment pour me rafraîchir avant le déjeuner. Les discussions autour de la table sont légères, un mélange de blagues et de conversations sur les entraînements et les compétitions à venir. Je commence à me sentir plus à l'aise avec l'équipe, malgré les tensions avec certains membres comme Maxime.

À l'issue de cette journée chargée, je me sens épuisée mais satisfaite. La tension accumulée de la matinée s'est estompée, et je commence à appréhender les subtilités du travail avec des athlètes de ce niveau. Les défis sont nombreux, mais je suis déterminée à prouver ma valeur et à m'intégrer pleinement dans cette équipe.

En rentrant à l'hôtel, la chaleur de Los Angeles m'enveloppe à nouveau. Je me prépare pour une soirée tranquille, en attendant avec impatience les jours à venir et les opportunités de grandir dans ce rôle. Le chemin est encore long, mais je suis prête à relever chaque défi qui se présente.