Chapitre 16

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La journée passe lentement, chaque minute semblant s'étirer interminablement alors que j'essaie de me concentrer sur les tâches et les conversations tout en évitant les pensées envahissantes. Maxime reste professionnel pendant la séance de kinésithérapie, mais une tension palpable persiste entre nous. Sa question sur Lily reste en suspens, et je ne peux m'empêcher d'y réfléchir, me demandant ce qui pourrait pousser quelqu'un à poser une question aussi intrusive.

La soirée tombe, et je me retrouve à tourner en rond dans ma chambre, incapable de trouver le sommeil. Les souvenirs de la nuit précédente se bousculent dans ma tête, la douceur de la présence de Maxime se mêlant à la confusion de ses questions. Finalement, épuisée, je m'allonge dans mon lit, espérant que la fatigue finira par me gagner.

Je me réveille en sursaut, les yeux écarquillés, la respiration haletante. Mon cœur bat à tout rompre, et la sueur perle sur mon front. Le cauchemar était aussi vif et terrifiant que la veille, empli de scènes fragmentées et de peurs irrationnelles. Je regarde autour de moi, la chambre obscure et silencieuse contrastant avec l'agitation de mon rêve.

Je décide de quitter la chambre pour tenter de calmer mon esprit tourmenté. La fraîcheur du couloir me fait du bien, mais je reste nerveuse, encore ébranlée par l'intensité du rêve. Mes pas résonnent doucement sur le sol, et alors que je me dirige vers les escaliers, je croise Maxime. Il est là, appuyé contre un mur, l'air fatigué, comme s'il n'avait pas trouvé le sommeil depuis un certain temps.

— Encore cette Lily ? dit-il d'un ton neutre, mais ses yeux trahissent une curiosité sincère.

Je le regarde, surprise par sa présence, mais je ne réponds pas. Le mal de tête et l'angoisse me rendent à peine capable de formuler une réponse cohérente. Je baisse les yeux, cherchant un peu de réconfort dans le silence qui suit sa question.

— OK, on va faire un truc, reprend Maxime en se redressant. Si je réponds à ta question, tu réponds à la mienne ?

Je la regarde, surpris par sa proposition. Je suppose que cela pourrait être une tentative de dénouer la tension entre nous, mais je me demande ce qu'il pourrait vouloir vraiment savoir.

— Pourquoi tu es debout ? dis-je, essayant d'étouffer la curiosité qui monte en moi.

— Insomnie, répond-il, son regard se détournant légèrement comme s'il cherchait à éviter le sujet.

Je l'observe attentivement, cherchant des signes de fausse modestie ou de manipulation dans son regard. Mais tout ce que je vois, c'est une fatigue honnête et une honnêteté crue dans sa confession.

— Insomnie ? répète-je, comme pour digérer cette information.

— Oui, dit-il. Et toi ?

— Un cauchemar, pourquoi est-ce que l'insomnie te touche si profondément ?

Maxime prend une inspiration profonde, ses yeux cherchant les mots avec la même difficulté que moi. Il semble hésitant, mais il finit par ouvrir un peu plus la porte de ses pensées.

— C'est plus compliqué que ça en a l'air, dit-il. L'insomnie, pour moi, c'est souvent une question de peur... peur de ne pas être à la hauteur, peur d'échouer. C'est comme si chaque échec, chaque déception, se transformait en une chaîne de pensées nocturnes qui m'empêchent de trouver la paix. Et toi, derrière ces cauchemars ? Qu'est-ce qui te hante vraiment ?

Il me regarde, une lueur d'intensité dans ses yeux, comme s'il cherchait à percer le mystère de mes propres terreurs nocturnes. J'essaie de rassembler mes pensées, le poids de mon histoire pesant lourdement sur moi.

— Ses cauchemars... ils sont liés à ma petite sœur Lily. Ils sont le reflet de la culpabilité que je ressens. Culpabilité de ne pas avoir pu la sauver, de ne pas avoir été là quand elle avait besoin de moi. Chaque rêve est une répétition de ce que je pourrais avoir fait différemment, de ce que j'aurais pu changer.

Je fais une pause, cherchant mes mots pour exprimer les émotions complexes qui m'envahissent.

— C'est comme une torture constante, une sorte de simulation d'échec perpétuel. Je vois des images de sa dernière journée, de ses dernières heures, et je me demande ce que j'aurais pu faire pour éviter ce désastre. Parfois, je me réveille en sueur, en pleurs, en me demandant pourquoi la vie est si cruelle.

Maxime écoute en silence, ses yeux fixés sur moi avec une attention soutenue. Il semble comprendre d'une manière qu'il n'aurait pas pu sans avoir vécu des expériences similaires.

— C'est lourd, dit-il finalement, avec une voix empreinte de compassion. Je suis vraiment désolé que tu aies à porter ce poids.

Je lui souris faiblement, reconnaissant son soutien sincère. Il y a quelque chose de libérateur dans le fait de partager ces moments de vulnérabilité, et je commence à sentir un léger soulagement dans le fait que quelqu'un comprenne, même partiellement, la profondeur de ma douleur.

— Écoute, Maxime, dis-je doucement, en posant une main réconfortante sur son épaule, il est important de ne pas laisser les pensées négatives s'accumuler jusqu'à ce qu'elles deviennent ingérables. Parfois, juste parler à quelqu'un ou même écrire ce que l'on ressent peut aider. Ne te laisse pas submerger par la peur de l'échec. Tu n'es pas seul dans cette bataille, même si ça semble interminable.

Il semble touché par mes mots, et un soupçon de soulagement passe sur son visage fatigué. Ses épaules se détendent légèrement, et il fixe ses yeux sur moi avec une gratitude timide.

— Merci, Alice, murmure-t-il.

Maxime commence à se détourner, ses mouvements plus lents, comme s'il était prêt à retourner se coucher. La conversation semble avoir apporté un moment de paix, et je me sens un peu plus en paix aussi.

— Bonne nuit, Champion, dis-je alors qu'il se dirige vers sa chambre.

— Bonne nuit, Princesse, répond-il en se retournant brièvement.

Je le regarde s'éloigner, une nouvelle compréhension entre nous ayant été établie. Avec un sentiment de réconfort partagé, je retourne à ma propre chambre, me préparant à affronter une nouvelle nuit dans l'espoir que le soutien mutuel que nous avons commencé à construire nous aidera à trouver un peu de paix intérieure.

Au bord du bassin - Maxime GroussetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant