Les jours qui suivent mon licenciement sont flous, comme si je flottais dans un brouillard épais. Le club de foot, mes patients, mes routines bien établies, tout ça s'est volatilisé en un clin d'œil. J'ai toujours été quelqu'un de résilient, capable de rebondir face aux obstacles, mais cette fois, je sens le sol se dérober sous mes pieds.
Les premières journées après l'annonce sont les plus difficiles. J'erre dans mon appartement, une sensation de vide me gagnant à chaque coin de pièce. Mon quotidien, autrefois bien structuré, s'est effacé, et je me retrouve à naviguer dans un espace sans repères. Les murs semblent me renvoyer un écho de mon propre désespoir, et même les tâches les plus simples, comme préparer un repas ou faire le ménage, deviennent des épreuves de motivation.
Pourtant, au milieu de ce chaos, une chose reste claire : je n'ai pas de problème financier immédiat. Mon travail m'a permis de mettre de côté une somme confortable, et je n'ai pas de dettes ni de charges excessives. Mon appartement est modeste, mais il est à moi, et j'ai toujours été du genre à vivre simplement. Mais malgré cette sécurité, l'inquiétude reste bien présente. Ce n'est pas l'argent qui me manque, c'est le sentiment de stabilité, d'avoir un but chaque jour en me levant.
Les paroles d'Éléonor continuent de résonner dans ma tête : "On va trouver une solution." C'est typique d'elle, toujours optimiste, toujours prête à se battre pour ceux qu'elle aime. Léon a effectivement une grande influence dans le monde du sport, et même si je me suis toujours tenue à l'écart de ce milieu ultra-compétitif, une petite voix en moi se demande si cette proposition n'est pas une opportunité déguisée.
Ce matin, alors que je prépare mon café, je décide de ne pas me laisser abattre. Je suis kinésithérapeute, et je sais que je suis excellente dans mon domaine. Si le monde du football ne peut plus m'offrir de place, alors peut-être que la natation le peut. Je sais que ce changement pourrait être un défi, mais je me rappelle que j'ai toujours aimé les défis. C'est ce qui m'a poussée à choisir ce métier, après tout.
Je suis en train de réfléchir à ces nouvelles possibilités lorsque mon téléphone sonne. C'est Éléonor. Je prends une grande inspiration avant de répondre.
— Alice, tu ne vas pas y croire ! Léon a parlé de toi à l'équipe de France de natation, et ils sont très intéressés ! Il paraît qu'ils ont besoin de quelqu'un en plus pour leur prochaine saison. Ils cherchent un kiné pour les suivre dans leurs déplacements, surtout à l'approche des championnats des Jeux Olympiques.
Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. L'équipe de France ? Les Jeux Olympiques ? C'est un tout autre monde, bien plus exigeant que le petit club local où je travaillais. Mais c'est aussi une chance inespérée de m'épanouir dans mon métier.
— C'est incroyable, Éléonor... Mais... tu es sûre que je suis à la hauteur ? Je veux dire, c'est tellement différent de ce que je faisais jusqu'à présent.
— Alice, tu es plus que capable. Et puis, tu as toujours adoré le sport. C'est juste une autre facette de ce que tu sais déjà faire. Tu vas gérer ça comme une pro, j'en suis certaine.
Je respire profondément, absorbant ses paroles. Peut-être qu'elle a raison. Peut-être que je suis prête pour ce nouveau défi.
La semaine suivante, un entretien est organisé avec le staff médical de l'équipe de France. Je m'y rends nerveusement, mais déterminée à montrer ce dont je suis capable. L'entretien se déroule dans le complexe sportif où l'équipe s'entraîne, un endroit flamboyant et impressionnant. Les vestiaires et les équipements modernes témoignent du haut niveau de professionnalisme et de rigueur qui caractérise ce milieu.
Le staff médical, composé de plusieurs personnes dont un médecin sportif, un nutritionniste et un autre kinésithérapeute, m'accueille dans une salle de réunion. Je me présente et commence à expliquer mon parcours avec passion. Je parle de mon expérience avec le club de football, des différents types de blessures que j'ai traitées et des réhabilitations réussies. Je mets en avant ma capacité à m'adapter et à travailler sous pression.
Les questions fusent, et je me retrouve à décrire en détail comment je pourrais aborder les besoins spécifiques des nageurs, notamment en matière de prévention des blessures et de récupération après des entraînements intensifs. Mon manque d'expérience directe en natation est un point de discussion, mais je compense par ma volonté d'apprendre et mon enthousiasme pour le sport en général.
Après l'entretien, le staff médical semble satisfait. Ils sont impressionnés par mon parcours, et bien qu'ils aient des préoccupations concernant ma transition vers la natation, ils semblent persuadés que je saurai m'adapter rapidement. Ils me promettent de me tenir informée de leur décision finale.
Je sors du complexe sportif avec un mélange de soulagement et de nervosité. Cette opportunité est un grand saut dans l'inconnu, mais elle est aussi une chance de redéfinir ma carrière. Je prends une profonde inspiration en regardant l'immense piscine olympique au loin, imaginant les vagues et les plongeons. Peut-être que ce nouveau défi est exactement ce dont j'ai besoin pour retrouver ma stabilité et redonner un sens à mes journées.
Plus tard dans la journée, j'ai reçu la réponse que j'attendais. On m'offre le poste. La nouvelle est un mélange d'euphorie et d'appréhension. Mon cœur bat la chamade alors que je prends un moment pour digérer cette décision.
Alors que l'automne avance et que les jours raccourcissent, je me prépare mentalement à ce nouveau chapitre de ma vie. Mon appartement se transforme peu à peu en un camp de base pour cette nouvelle mission. Je me mets à jour sur les techniques de rééducation spécifiques à la natation, je revois mes connaissances en biomécanique aquatique, et je fais le plein de confiance.
Mais au fond de moi, une question demeure : que se passera-t-il si je suis amenée à travailler directement avec Maxime ? Cette pensée me trouble plus que je ne veux bien l'admettre. L'idée de le retrouver dans un contexte professionnel me renvoie à notre première rencontre, pleine de friction et de tension. Maxime Grousset, avec son arrogance et son charme inégalé, est un mystère que je ne suis pas encore prête à affronter pleinement.
Pour l'instant, je préfère ne pas y penser. Après tout, je me dis que l'équipe est grande, et que nos chemins ne se croiseront pas forcément. Je me concentre sur les aspects pratiques de ma préparation et sur les défis professionnels à venir. Ce nouveau poste est une chance que je ne veux pas gâcher. Il est temps de me préparer à faire face à l'inconnu, avec toute la détermination et le professionnalisme que je possède.
Le compte à rebours avant le début de cette nouvelle aventure a commencé. Je suis prête à faire ce saut dans l'inconnu, à embrasser ce défi avec tout ce que cela implique.
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Au bord du bassin - Maxime Grousset
FanfictionAlice Langlois, une jeune femme au caractère bien trempé, se retrouve plongée dans le monde intense et compétitif de la natation grâce à sa meilleure amie Éléonor, qui vient tout juste d'épouser Léon Marchand. Lors du mariage, Alice rencontre Maxim...