Alors que la matinée tire à sa fin et que je termine mes dernières tâches de la journée, mon téléphone vibre dans ma poche. Je le sors et vois le nom d'Éléonor s'afficher sur l'écran. Un sourire naît sur mes lèvres en pensant à ma meilleure amie, toujours là pour me soutenir, peu importe la distance qui nous sépare.
— Allô, Éléonor! dis-je en décrochant avec un ton enjoué.
— Alice! Comment ça se passe à Los Angeles ? demande-t-elle avec son énergie habituelle, impatiente d'avoir des nouvelles.
Je m'assois sur un banc à l'extérieur du complexe, savourant un moment de répit sous le soleil éclatant de Los Angeles.
— Oh, tu sais... c'est intense, comme toujours. Les séances de kinésithérapie, les entraînements, les athlètes... tout ça, c'est épuisant, mais ça va, dis-je, essayant de garder un ton neutre.
— Et Maxime ? me lance-t-elle, un sourire audible dans sa voix. Je parie qu'il te donne du fil à retordre, non ?
Je lève les yeux au plafond, exaspérée rien qu'à l'évocation de son nom.
— Franchement, il m'agace! Il est tellement arrogant, toujours à se comporter comme s'il était le centre de l'univers. Je te jure, je le déteste! lâchai-je, les mots sortant plus durement que je ne l'avais prévu.
Il y a un silence au bout du fil, avant qu'Éléonor ne reprenne, avec une pointe d'amusement dans la voix :
— Alice... Tu l'apprécies, avoue-le.
— Non, pas du tout! Je le déteste, Éléonor, sérieusement! protestai-je, agacée qu'elle ne me prenne pas au sérieux.
— Alice, vraiment? insiste-t-elle, sa voix pleine de malice.
Je soupire longuement, cherchant à exprimer la complexité de la situation.
— Je te jure, Éléonor, il est bipolaire! Un jour, il est arrogant et insupportable, et le lendemain, il est... je sais pas... gentil, attentionné même! Je ne comprends rien! Il me rend folle!
Éléonor éclate de rire, et je l'entends se repositionner, probablement pour s'installer plus confortablement dans son canapé.
— Tu te souviens de ce que tu m'as dit un jour à propos de la haine ? demande-t-elle, sa voix empreinte d'une sagesse tranquille.
Je fronce les sourcils, essayant de me rappeler. Mais rien ne me vient à l'esprit.
— Non ? Qu'est-ce que j'ai dit ? fais-je, curieuse.
— Tu m'as dit que la haine cache souvent nos vrais sentiments envers une personne. Souvent, ce n'est pas vraiment de la haine, mais une forme de confusion ou d'attirance qu'on n'arrive pas à comprendre. On a peur de ce que ça pourrait signifier, alors on le rejette, explique-t-elle, sa voix résonnant avec une clarté presque prophétique.
Je reste silencieuse un moment, laissant ses paroles s'infiltrer en moi. Est-ce que je pourrais vraiment ressentir autre chose que de l'agacement pour Maxime ? Est-ce que cette irritation constante, cette frustration qui me ronge chaque fois qu'il me taquine, pourrait être quelque chose de plus profond ?
— Éléonor, ce n'est pas pareil... murmurai-je, cherchant à repousser cette possibilité.
— Peut-être pas. Mais réfléchis-y, Alice. Ce que tu ressens pour Maxime est peut-être plus compliqué que tu ne veux l'admettre. En tout cas, ça ne me semble pas être de la simple haine, conclut-elle avec une douceur qui me désarme toujours.
Je soupire à nouveau, plus profondément cette fois. Ses mots laissent une empreinte que je ne peux ignorer. Peut-être qu'elle a raison, peut-être que cette relation avec Maxime est plus complexe que je ne veux bien l'accepter.
— On verra, Éléonor. Mais pour l'instant, je dois y aller. On se parle bientôt?
— Bien sûr, répond-elle avec chaleur. Et Alice...essaie de ne pas l'étrangler, d'accord?
— On verra, on verra...
Je raccroche, le téléphone encore dans ma main, et je reste assise un moment, le regard perdu dans le vide. Cette conversation a semé le doute en moi, et je me sens soudainement plus confuse. Peut-être que ce séjour à Los Angeles m'en apprendra plus sur moi-même que je ne l'avais prévu.
Je finis par me lever, inspirant profondément l'air chaud de la Californie, et je retourne au complexe, prête à affronter ce que la journée, et Maxime, me réservent Alors que je traverse l'esplanade en direction de l'hôtel, je continue de ruminer. Maxime est un mystère, un paradoxe que je n'arrive pas à résoudre. Et c'est peut-être cela qui me perturbe le plus. J'aime les choses claires, les situations où les rôles sont bien définis. Mais avec lui, rien n'est jamais simple. C'est comme s'il jouait à un jeu dont je ne connais pas les règles, et cela me rend folle.
En même temps, je ne peux m'empêcher de me demander si ce n'est pas cette complexité qui m'attire, qui me pousse inconsciemment à vouloir en savoir plus, à creuser sous la surface. Est-ce que je me mens à moi-même en prétendant le détester ? Est-ce que cette prétendue haine n'est qu'un bouclier pour me protéger de sentiments que je ne suis pas prête à accepter ?
Je pousse un long soupir en franchissant la porte du complexe. Peut-être que je me prends trop la tête, peut-être que ce n'est rien. Peut-être que Maxime est juste un type arrogant que je dois supporter encore quelques semaines avant de pouvoir l'oublier. Mais au fond de moi, une petite voix murmure que ce n'est pas aussi simple, que quelque chose en lui me touche plus profondément que je ne veux bien l'admettre.
Et cette idée me terrifie.
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Au bord du bassin - Maxime Grousset
FanficAlice Langlois, une jeune femme au caractère bien trempé, se retrouve plongée dans le monde intense et compétitif de la natation grâce à sa meilleure amie Éléonor, qui vient tout juste d'épouser Léon Marchand. Lors du mariage, Alice rencontre Maxim...