Chapitre 13

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La soirée commence doucement, malgré la lourdeur de la défaite de Maxime. Les autres nageurs, ayant participé à d'autres finales avec plus de succès, décident de ne pas laisser cette journée se terminer sur une note amère. Ils sont déterminés à célébrer, à relâcher la pression accumulée au cours de la semaine. L'idée d'aller en boîte de nuit est lancée, et très vite, tout le monde est partant.

Je ne suis pas d'humeur à sortir, mais l'énergie du groupe est contagieuse, et je finis par me laisser convaincre. Peut-être qu'une soirée de fête me ferait du bien, me permettrait d'évacuer la tension de la journée, et d'oublier, ne serait-ce qu'un instant, la complexité des interactions avec Maxime.

La boîte est animée, la musique pulse à travers la foule compacte, et l'alcool commence à couler à flots. Au début, je bois pour me détendre, pour me fondre dans l'ambiance festive. Mais à mesure que la soirée avance, les verres s'enchaînent plus rapidement que je ne l'avais prévu. Je me sens de plus en plus légère, mes inhibitions disparaissent au fil des gorgées. Je ris plus fort, parle plus fort, et les pensées sombres de la journée s'effacent peu à peu.

Maxime est là aussi, mais il reste en retrait, observant la scène avec un regard distant. Je le remarque à peine au début, trop occupée à profiter de la soirée, à m'immerger dans la chaleur de la foule et la frénésie de la danse. Mais quelque part, au fond de ma conscience, je sens son regard sur moi. Peut-être est-ce l'alcool, peut-être autre chose, mais je ne peux pas m'empêcher de jeter des coups d'œil dans sa direction de temps en temps.

Alors que la nuit avance, je perds de plus en plus le contrôle. Je ris, je danse, je bois, encore et encore. À un moment, je me retrouve appuyée contre le bar, un verre à moitié plein à la main, mes pensées embrouillées, mes gestes maladroits. C'est à ce moment-là que Maxime s'approche de moi.

Alice, ça suffit pour ce soir, dit-il, sa voix calme contrastant avec le vacarme ambiant.

Je le regarde, mes yeux cherchant à se focaliser sur son visage, mais tout est flou.

— Je vais bien, Grousset, dis-je en riant, mais ma voix trébuche sur les mots. T'inquiète pas pour moi.

— Je crois que tu as assez bu pour ce soir, insiste-t-il, son ton se faisant plus ferme.

Il pose une main sur mon bras, et je sens une chaleur rassurante émaner de lui. Malgré mon état, je remarque quelque chose de différent dans son regard. Il n'y a pas d'arrogance, pas de froideur. Seulement de la préoccupation, peut-être même une touche de douceur. C'est tellement étrange, tellement loin de l'image que je me fais de lui, que je ne peux m'empêcher de rire.

— Tu... tu es... vraiment bipolaire, murmuré-je, mes mots s'emmêlent. Pourquoi tu... pourquoi tu es si gentil ?

— Viens, je te ramène à l'hôtel, dit-il en ignorant ma question, sa main toujours fermement ancrée à mon bras.

Il m'aide à me lever, et je trébuche presque aussitôt. Maxime me rattrape avant que je ne tombe, son bras se glissant autour de ma taille pour me stabiliser. Il commence à me guider vers la sortie, mais je continue de parler, incapable de me taire sous l'effet de l'alcool.

— Je pensais... je pensais que tu étais un salaud arrogant, tu sais ? dis-je en riant, ma voix se brisant par moments. Mais là... tu es... tu es gentil... pourquoi ?

Il ne répond pas, son expression devient plus tendue, comme s'il essayait de contenir quelque chose. Nous sortons de la boîte, et l'air frais de la nuit me frappe le visage, mais cela ne fait qu'accentuer mon étourdissement.

Maxime m'emmène jusqu'à une voiture et m'aide à m'installer à l'intérieur. Il monte à son tour et démarre, mais je continue de parler, incapable de m'arrêter.

— Pourquoi tu fais ça ? Je pensais que tu... que tu me détestais, balbutié-je, la tête appuyée contre la vitre.

Il reste silencieux pendant un moment, les yeux fixés sur la route. Puis, il finit par répondre, d'une voix basse et presque hésitante.

— Je ne te déteste pas, princesse. Pas du tout.

Ces mots résonnent dans mon esprit confus, mais avant que je puisse vraiment les comprendre, je me sens sombrer dans un demi-sommeil. Je ne me réveille que lorsque nous arrivons à l'hôtel. Maxime m'aide à sortir de la voiture, et je m'accroche à lui, mes jambes refusant de me porter correctement.

Il me conduit jusqu'à ma chambre, et je suis à peine consciente du trajet. Une fois à l'intérieur, il me guide jusqu'au lit, me faisant asseoir doucement.

— Tu vas bien ? demande-t-il, son regard scrutant mon visage pour s'assurer que je ne suis pas trop mal en point.

— Non...Je... Je ne veux pas rentrer seule, Maxime.... Reste avec moi, murmure-je, mes mots se traînant dans un mélange de désespoir et de désorientation.

Maxime me regarde, visiblement troublé par ma demande. Ses yeux, d'habitude si durs et intransigeants, sont soudain emplis d'une inquiétude qu'il ne cherche même pas à dissimuler. Je peux voir la lutte interne sur son visage alors qu'il essaye de comprendre ce qui est la meilleure chose à faire dans cette situation.

— Tu es complètement bourrée, dit-il, sa voix plus douce qu'à l'accoutumée, mais teintée de fermeté. Ne fais pas quelque chose que tu vas regretter demain.

Je secoue la tête, ou du moins, j'essaye. Le mouvement me donne la nausée, et je ferme les yeux un instant pour essayer de stabiliser la pièce qui tourne autour de moi.

— Je veux juste... pas être seule... s'il te plaît, Max..., reste... balbutié-je, la voix chargée d'une vulnérabilité que je ne montrerais jamais en temps normal.

Je m'allonge sur le lit, tirant Maxime par le bras, presque comme une enfant en quête de réconfort. Il hésite, ses yeux plongés dans les miens, et je vois clairement le conflit qui l'agite. Il inspire profondément, ferme les yeux un instant, comme pour prendre une décision importante.

— D'accord, murmure-t-il finalement, résigné. Je vais rester, mais je dors au bord du lit.

Je hoche la tête avec un sourire satisfait, trop épuisée pour protester davantage. Je me laisse sombrer dans l'inconscience, ma tête reposant sur l'oreiller moelleux. Je sens à peine Maxime retirer doucement mes chaussures avant de me recouvrir avec la couverture.

— Bonne nuit, princesse, murmure-t-il, pensant que je ne l'entends pas.

Sa voix est douce, empreinte d'une tendresse que je ne connaissais pas. C'est la dernière chose dont je me souviens avant de m'endormir complètement, le corps épuisé, mais le cœur étrangement apaisé.

Au bord du bassin - Maxime GroussetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant