Chapitre 14

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Maxime Grousset

Je suis allongé au bord du lit, le plafond de la chambre d'hôtel me paraissant désespérément plat et inintéressant, alors que mes pensées continuent de se cogner contre les murs de mon esprit. Le poids de la journée et la défaite de la compétition restent accrochés à moi comme une seconde peau. Je tente de trouver le sommeil, mais il m'échappe toujours, l'angoisse persistante du raté sportif me maintenant éveillé.

Soudain, des murmures épars émergeant de l'autre côté du lit attirent mon attention. Le son est d'abord si vague que je doute de ce que j'entends. Les bruits ressemblent à des mots incompréhensibles, un mélange de désespoir et de confusion qui se fraye un chemin à travers la nuit. Je me redresse, attentif, cherchant à comprendre la source de cette détresse qui semble soudainement pénétrer l'air calme de la chambre.

Les murmures deviennent peu à peu plus clairs, révélant des paroles entrecoupées de tremblements et de panique. Puis un prénom résonne, net et précis : "Lily." Ce nom frappe comme un coup de poignard, interrompant le flot chaotique de mes pensées et éveillant une réaction immédiate en moi. C'est comme si ce prénom avait le pouvoir d'ouvrir une porte sur une réalité troublante, me connectant directement à l'angoisse d'Alice.

Je me lève doucement, le cœur battant la chamade alors que je m'approche du lit. Je suis conscient de chaque mouvement, essayant de ne pas la réveiller brusquement. Ses traits sont tirés, déformés par le cauchemar. Son corps se tend et se contracte, et ses lèvres murmurent des mots que je peine à comprendre, mais la détresse est palpable.

Je me penche lentement sur elle, ma main se posant avec précaution sur son épaule. Je la secoue doucement, ma voix basse et apaisante essayant de percer à travers le voile de son sommeil troublé.

Alice, murmuré-je avec une douceur que je ne savais pas posséder. Réveille-toi.

Ses yeux s'ouvrent lentement, mais la panique qui les occupe est immédiatement visible. Elle regarde autour d'elle avec une confusion frénétique, son regard cherchant à comprendre où elle se trouve et ce qui se passe. Je la vois respirer profondément, ses épaules se soulevant et s'abaissant alors qu'elle essaie de revenir à la réalité.

Je passe ma main doucement sur sa joue, mes doigts effleurant sa peau avec une tendresse presque maladroite. Je sens la chaleur de ses larmes sous mes doigts, une chaleur qui me pousse à la caresser encore plus doucement, comme si j'espérais apaiser non seulement ses pleurs mais aussi mon propre cœur inquiet.

— Tout va bien. C'est juste un cauchemar. Je suis là, tu es en sécurité.

Je continue de frotter doucement sa joue, mes doigts glissant sur sa peau avec des mouvements lents et réconfortants. Ses larmes cessent peu à peu de couler, mais sa respiration reste erratique, chaque souffle profond et saccadé marquant la lutte pour se libérer des griffes du rêve agité.

Je vois ses traits se détendre légèrement alors que je continue à lui offrir cette étreinte apaisante. Je fais glisser mes mains le long de ses bras, mes gestes délibérément lents et pleins de douceur, essayant de lui transmettre une sensation de sécurité et de chaleur.

— Lily... répète-t-elle dans un souffle, un tremblement de douleur dans sa voix.

Je sais que le nom de Lily doit représenter quelque chose de profond pour elle, une source de douleur ou de confusion. Je ne demande pas de détails, sachant que ce n'est pas le moment. Au lieu de cela, je l'enlace doucement, la rapprochant de moi. Son corps se blottit contre le mien, cherchant la chaleur et la sécurité dans mon étreinte.

Je glisse mes bras autour d'elle, la tenant contre moi avec une douceur infinie. Je sens ses mains se serrer contre ma chemise, et je réponds en ajustant ma position pour l'envelopper complètement. Sa tête repose contre mon torse, ses cheveux éparpillés sur mes bras. Le contact physique, la chaleur de son corps contre le mien, semblent réconfortants et apaisants.

Je reste ainsi, les bras autour d'elle, chaque respiration lente et régulière que je ressens dans son corps devenant une source de calme pour moi aussi. Je passe ma main dans ses cheveux, les caressant doucement, mes doigts glissant le long de ses mèches pour la calmer davantage. L'action est presque instinctive, un geste de protection qui m'aide aussi à trouver un peu de paix.

Le temps passe lentement alors que je veille sur elle. Son souffle devient de plus en plus régulier, et je sens ses muscles se détendre complètement sous mon étreinte. Je continue de la caresser avec douceur, la tendresse de ce moment offrant une forme de réconfort inattendue.

Je ferme les yeux un instant, le poids des événements de la journée semblant se dissiper à mesure que je la garde dans mes bras. Un sentiment de tranquillité commence à remplacer l'angoisse persistante que je portais. Je sais que je devrais me protéger de cette proximité croissante, éviter de m'attacher, mais la douceur de cette nuit et l'intimité de ce moment rendent tout cela difficile à ignorer.

Avec une dernière pensée pour ma propre résolution de ne pas m'attacher, je me permets de sombrer dans le sommeil, le cœur alourdi mais réconforté par la présence d'Alice. Je me dis que, peut-être, ce moment de vulnérabilité partagé est exactement ce dont nous avons besoin, même si je ne comprends pas encore pleinement ce que cela signifie pour nous deux.

Au bord du bassin - Maxime GroussetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant