Chapitre III

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Drago avait hissé son énorme valise dans la calèche tirée toujours par une force invisible. Sa baguette bien rangée contre lui, sa colère ne cessait de bouillonner en lui et allait surement ressortir et se déverser sur les élèves de Poudlard dès son arrivée.

Sa mère, durant l'entièreté du trajet, tenta de la rassurer, de lui arracher un sourire ou une remarque agréable.

Mais Drago gardait sa mâchoire serrée en toute circonstance et repoussait un peu trop brusquement sa mère au goût de son père.

- Drago... murmura ce dernier.

Le jeune homme sentit son dos se courber de peur et ses poils se dresser sur son épiderme. Mais il n'en laissa rien paraître. Pourtant, rien ne semblait échapper à sa mère :

- Lucius ! Lucius, tu lui fait peur ! Laisse le tranquille, tu l'as assez traumatisé comme ça !

Lucius leva un sourcil étonné :

- Traumatisé ? Ce tout petit garçon aurait donc besoin d'aller voir un psy ? Comme les débiles mentaux ?!

Alors que son père haussait le ton, Drago s'enfonçait un peu plus dans son siège, son coeur effectuant la même action mais dans sa poitrine.

Il avait envie de disparaître. Loin, très loin sous la terre, après avoir rué son père de coup qui ne le laisserait pas se relever.

Mais ça, c'était dans sa tête, dans sa tête et nulle part ailleurs.

Il ravala donc une énième fois sa colère et se mura dans le silence jusqu'à la gare de King's Cross.


La gare était toujours aussi majestueuse. Drago se souvenait avoir pensé "digne de mon avenir" en y venant pour la première fois. Si seulement le lui d'aujourd'hui pouvait aller parler à la petite teigne prétentieuse qu'il était toujours au moment où il franchissait la grande porte de l'école.

Lui et sa famille se faufilèrent jusqu'à la voie 9 3/4 où le Poudlard Express attendait, rutilant et crachant d'épais nuages de fumée noir.

- Soit prudent mon fils, murmura Narcissa en le serrant contre elle une énième fois.

Drago ne la repoussa pas mais ne lui rendit pas son étreinte pour autant.

Lucius, lui, se contenta de saisir le bras de son fils qui portait la marque des ténèbres et lui chuchota :

- Ne perds jamais de vu tes objectifs, mon fils. Va maintenant, et ne me déçois plus.

*Tes objectifs, pas les miens. *

- Lucius !

Mais Drago avait tourné les talons, le menton haut et la valise ronronnant sur les pavés du quai.


Il jeta quelque regards sur ses camarades qui riaient en montant dans leur wagon mais il préféra passer inaperçus en continuant son chemin pour se mettre en queue de train.

Drago hissa sa valise avec difficulté jusque dans le premier compartiment qui lui tomba sous la main et s'y installa dans un soupire d'aise.

Il était loin de ses parents, loin de chez lui et pouvait enfiler son costume de teigne insupportable et condescendante. Mais allait il seulement réussir à l'enfiler sans en oublier le moindre morceau ?

Sans crier tout bas qu'il ne veux pas participer à cette guerre ? Qu'il a grandit ? Changé tout en restant lui même, celui que personne ne connaît vraiment ?

Clair de luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant