Chapitre V

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Drago ne réussit pas à finir son assiette ce soir là. Et pourtant, il avait réussit en endosser son comportement habituel et en était soulagé : s'il arrivait à ça, ça n'allait pas être aussi difficile, malgré le visage d'Astoria vissé dans son crâne.

Allait elle seulement retrouver un travail ? Comment allait elle ? Que faisait elle ? Impossible à savoir ni à demander.

Il avait quitté la table rapidement, prétextant un mal de crâne déclenché par la vue de ces "stupides sang de bourbe" et errait à présent dans les couloirs.

Le long du chemin qui le menait à la salle commune des Serpentard, il croisa Rogue auquel il accorda un mouvement respectueux et reconnaissant de la tête et celui ci lui renvoya un regard un peu moins froid que d'habitude mais glaçant quand même : Rogue restait Rogue.

Il parvint à la salle commune où il s'effondra dans un fauteuil de velours vert.

- Trop déprimé pour rester à table Malefoy ? Demanda une voix douce dans le fond de la pièce.

Drago bondit de son siège, baguette en main.

- Qui est là ?

- Calme, calme, je suis à Serpentard, je suis dans mon bon droit de traîner ici, rouspéta la voix en se découvrant de derrière un épais damas vert.

Drago fronça les sourcils, n'arrivant pas à reconnaître le nouvel arrivant.

- Tu ne me reconnaît pas ? Tu m'as pourtant confondu avec une "demoiselle" tout à l'heure...

Drago sursauta en reconnaissant le garçon de troisième année avec qui il avait en effet eu un accrochage quelque temps auparavant.

- Ah oui... Il se reprit : mais il faut dire que tu n'y met pas du tiens, tu es plus féminin que cette peste d'Ombrage...

Le jeune homme émit un petit rire semblable à un ricanement.

- Tu n'aimes pas Ombrage ? C'est pourtant une des partisane active de Lord Voldemort... je te croyais de son côté...

Drago frissonna.

- Bien sur que je suis de son coté, grinça t-il, et je n'hésiterai pas à faire jouer la place qu'occupe mon père pour te faire dégager !

Mais le sourire du plus jeune s'élargit encore un peu :

- Je n'en doute pas, mon oncle discute souvent avec ton père, ne t'en fais pas.

Il tendit sa main vers Drago :

- Haryan Evils, enchanté.

Le blond serra sa main d'un air légèrement dégouté.

- Drago Malef-

- Je sais qui tu es, merci.

Et le jeune garçon partit s'installer un peu plus loin, près de la cheminer, laissant Drago rouge de colère s'en aller dans sa chambre.

La nuit était tombée depuis longtemps et Drago s'écroula de sommeil, écrasé par le surplus d'émotion qui tourbillonnait en lui depuis plusieurs jours.


*****


Le jour se levait à peine lorsque Drago fut réveillé en sursaut par un rêve dont l'essence même lui échappa au moment où il ouvrit les yeux.

De quoi avait il rêvé ? Impossible de s'en souvenir.

Le fait est qu'il était cinq heure et demi du matin et que personne n'était encore levé.

Il se glissa discrètement en dehors du dortoir pour arriver dans la salle commune. Il aurait bien voulu s'y reposer, mais Evils y était déjà, endormis devant la cheminé, à l'endroit même où Drago l'avait laissé la veille.

Bon, il irait marcher, tant pis.

Il sortit donc de sa salle commune d'un pas traînant et commença à arpenter les couloirs de son air fatigué et à peine réveillé.

Il repensait à la discussion qu'il avait eu avec Rogue. Quel chemin devait il choisir ?

L'avenir n'allait pas tarder à le lui dire.

Emmené par ses pas dans une direction totalement aléatoire, il sortit de ses pensées alors qu'il était debout, au milieu du pigeonnier, des centaines d'yeux perçant le fixant.

Secouant la tête, il voulu redescendre avant d'apercevoir un majestueux hiboux Grand Duc apparaître au loin, par dessus le lac du parc de l'école.

Il s'avança par la fenêtre et accueillit le vol de l'oiseau sur son bras tout en détachant le message de sa patte.

Il reconnut aussitôt l'écriture d'Astoria et son coeur sembla vouloir une nouvelle fois le faire tuer.

Qu'avait elle bien pu écrire ?

Il voulu déplier la lettre mais s'arrêta : si un oiseau lui passait au dessus avec une envie pressante, il ne pourrait sans doute plus lire le message de celle qu'il aimait.

Il prit donc la décision d'aller dans un de ses endroits favoris : les gradins du stade de Quidditch réservés aux Serpentard.

Il parcouru à un rythme effréné les longs couloirs de pierre du château, croisant simultanément McGonagall, Rogue et Rusard sans prêter la moindre attention à leurs regards étonnés.

Après une dizaine de minutes de marche rapide, il s'assit, essoufflé, à sa place habituelle dans les gradins et déplia sa lettre.


Mon cher Drago,

Comment bien commencer une lettre qui, de toute façon va mal se finir ? Tout ce qui compte vraiment à mes yeux, c'est que je t'aime, et t'aimerait toujours, mais ce n'est pas l'avis de tout le monde et je suis obligée de te le faire parvenir, mon adoré.

Voilà, Drago, je vais mourir. Je ne peux pas te dire où, ni comment ni pourquoi, mais je vais mourir.

Libre à toi de suivre le chemin qui te conviendra de suivre, à choisir entre le camps de Poudlard et celui de Voldemort, mon âme ne fera rien pour t'influencer à choisir plus l'un que l'autre.

Pour t'influencer, je ne te dirai que ces mots : Tu le sais, je suis née de parent moldu, et Voldemort n'accepte pas les gens comme moi.

Je t'aimerai toujours, même au delà de la mort, promets moi de trouver quelqu'un de plus instruit et dont l'existence et la condition ne t'emprisonneront pas autant que les miennes.

Ton amie qui t'as chéri jusqu'à sa fin.

Astoria Greengrass.



Drago reposa le plie à côté de lui et se mit à fixer le terrain de Quidditch qui commençait à se gorger de pluie.

Incapable de pleurer tant l'émotion le submergeait, le ciel le faisait à sa place. Son coeur se fendillait encore plus et il lui parut, sur le moment, que plus jamais il ne serai capable d'aimer correctement. Il se sentait tordu, brisé, comme si on lui avait arraché un partie de lui même.

Mais cette lettre avait eu du bon : Maintenant, il savait de quel côté il devait se ranger. Peu importe qui se dresserait devant lui, il avancerai et réussirait.

Il froissa la lettre dans le creux de sa main et redescendit le visage inexpressif, les yeux secs, et le coeur brisé.

Clair de luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant