Ombre

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Cela faisait déjà quelques jours que Thaïs subissait sans broncher les regards incusiteurs des étudiants. Plus personne ne lui parlait, hormis bien sûr Rhéa et Carson, même Léon la snobait, ce qui au fond ne la dérangeait pas. Tous parlait de la "folle amoureuse", capable de faire croire qu'elle ai été agressée pour se rapprocher d'un garçon. Cela la révoltait dans son for intérieur, mais, face à autant de personnes, sa voix ne valait rien. Le pire, c'était le comportement des autres avec Alda, eux qui, d'ordinaire, ne pouvait pas la voire en peinture, donnaient n'importe quoi pour discuter avec elle. Sa colocataire arrivait merveilleusement bien à taire ses obsessions et paraissait on ne peut plus normale. La cantine était devenue le calvaire de Thaïs, elle sentait sur elle le poids des regards et le bourdonnement des murmures :

- Je comprend toujours pas pourquoi elle a fait ça?

- C'est une folle..

- Comment peut elle encore regarder Léon en face.

Car oui, lorsqu'elle croisait le regard du français, elle le soutenait, pour bien lui montrer qu'elle ne se laisserait pas faire. Un profond regret semblait s'installer aux fond des yeux azurs du garçon, tandisque celui de Thaïs se gorgeait de haine. D'une haine instinctive que ressent un être humain persécuté par ses semblables. Elle se murait de plus en plus dans le silence, s'enfermait dans le cycle infini du harceleur et du harcelé. L'inconnue n'avait pas sesser ses messages, se moquant ouvertement d'elle à chaque critique qu'elle recevait. Le seul moment où la suédoise était à peut près tranquille, c'était durant les entraînements. La tête dans l'eau, elle expulsait toute sa rage, l'extériorisait complètement, pour ressortir calme et posée. Et surtout pour ne pas commaitre un crime. 

- Thaïs? Qu'est fermé que tu fais là?

La jeune fille se retourna brusquement, et tomba nez à nez avec un français qu'elle n'aurait préféré ne pas voire. Ce dernier la regardait, visiblement surpris. La suédoise se retint de lui cracher à la figure des paroles désobligeantes mais lui dit simplement, d'un ton degoulinant de sarcasme:

- j'ai un rendez-vous médical. Pour voire si je ne me suis pas trop cassé le crâne.

- Tu sais, je te crois. Je ne pense pas que tu soit capable d'une telle chose. 

Thaïs le regarda de haut en bas, c'était la première fois depuis longtemps que les deux nageurs se parlaient. Et cela soulagait la jeune fille, dans son for intérieur, elle avait peur que Léon croit Alda. 

- Léon, je voudrais m'excuser pour la dernière fois. J'étais à bout, je ne pensais pas vraiment ce que je disais.  souffla la suédoise, dans un murmure.

- t'inquiète, je comprend. J'aurais réagit pareille à ta place, lui repondit le français, son grand sourire de retour. Je veux juste que tu saches que je serais toujours là pour toi, quoi que pense les autres et quoi que dise Alda.

Thaïs sentit le rouge lui montrer aux joues, ravie de trouver un soutien là où elle pensait ne trouver que des êtres hostiles. 

- Merci. Vraiment.

- J'espère que les autres comprendront avec le temps.

- Thaïs Sjöström! les interrompit le médecin.

Elle ouvrit la porte du cabinet, sentant toujours le regard du français dans son dos. Ce n'était pas la même sensation que lorsque Alda et les autres l'observaient, elle se sentait en sécurité, confiante. Elle prit une petite inspiration et entra dans la salle. Le médecin la fit s'assoire en face de lui, lui posa quelques questions quand à l'état de son mal de crâne, auxquelles Thaïs répondit positivement. 

- Et bien, on peut dire que la personne qui vous a,fait'ça ne vous a pas loupé.

- Je croyais que c'était moi qui me l'était fait. dit Thaïs, un brin sarcastique

- Non, il faut être drôlement idiot pour faire ça. Sachez que si vous trouvez ne serait-ce qu'une preuve de ce que vous avancer, je me porterais garant.

- Je n'ai aucune preuve, seulement ma parole. assura la jeune fille, surprise de trouver un autre soutien.

Deux en trois minutes, ça faisait un plutot bon ratio pour quelqu'un qui avait l'intégralité de l'école sur le dos. Quelques personnes la croyait et cela la soulageait énormément. Alda avait gagné une bataille mais pas la guerre. Thaïs avait beau y réfléchir, elle ne trouvait aucune possible preuve qui attesterait de la véracité de sa version. Mais elle la chercherait, aussi longtemps qu'il le faudrait.

- Vous pouvez y aller.

Thaïs retourna en cours, subissant les regards de ses persécuteurs. Elle fit comme si elle ne les avait pas vue, se plongeant sérieusement dans sa prise de notes des informations débitées par le professeur qui s'était évanoui en voyant sa main en sang. Il était le seul à être aimable avec elle, ou du moins il ne l'ignorait pas. Les cours finirent enfin, la suédoise, peu désireuse de subire les remarques de ses camarades. Au détour d'un couloir, elle vit Alda, entourée de ses nouveaux amis et admirateurs, cette dernière lui adressa un sourire si hypocrite que Thaïs se fit violence pour ne pas aller écraser son point sur sa figure.

 Mais elle avait une meilleure idée. La seule chose aui attendrait réellement Alda et qu'elle ne pourrait pas dire. Une fois arrivée dans sa chambre, Thaïs se rendit dans la salle de bain, un feutre noir indélébile. Et elle se mit à gribouiller sur le visage de Léon, lui ajoutant des moustaches, des cicatrices et toute sorte de chose qui altérait à la reconnaissance du jeune homme. Les gestes de la suédoise se firent de plus en plus frénétiques, elle ne se souciait plus de savoir se qu'elle décidait. Il lui importait seulement de gacher ces photos malsaines, faire mal à Alda. Lorsqu'elle eu extériorisé toute sa rage, Thaïs admira son œuvre, plus rien ne permettait de reconnaître le garçon photographié. Du noir maculait son visage ainsi que tout son corps. Elle allait enfin pouvoir se doucher sans croiser le regard du garçon. A peine fut elle sortit, qu'elle tomba sur Alda, elle lui lâcha un sourire si froid que sa colocataire, avisant le feutre de la jeune fille, palit et se rua dans la salle de bain.

- J'espère que tu as compris ! lui lança Thaïs, avec un rire méchant.



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