Qualifications

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Thaïs se positionna sur son plot, souffla du coup, explullsant toute le pression des derniers jours. Rien ne s'était amélioré depuis qu'elle avait gribouillé les murs de la salle de bain de feutre noir. Enfin, rien dans le bon sens, sa relation avec Alda s'était encore détériorée, la suédoise ne croyait pas possible d'être encore plus en froid avec quelqu'un. Mais pour le moment, devant ce bassin, rien d'autre ne lui importait que le résultat de cette course. Il fallait absolument qu'elle reussise. Si c'était le cas...elle ne se faisait pas de plan sur la comète. Il fallait déjà sortir de ces séries, passer en demi puis en finale. Et puis c'était quand même le 400 mètres 4 nages. Il lui restait encore le 200 brasse, le 200 papillon, le 200 mètres 4 nages et le 100 crawl. Rien n'était joué d'avance, elle ne le savait que trop bien. Cette fois, elle représentait quelque chose qui lui tennait vraiment à cœur, son pays, sa patrie, la Suède. Et pas cette école de malheur qui, en une simple soirée, avait fait de sa vie un cauchemar et d'elle une proie.

- shake your marques.

Thaïs plaça son pied gauche sur l'arrière, ses orteilles du pieds droit s'agripant au bord au plongeoir, plaçant ses doigts sur le bord du plot. Elle s'imobilisa, s'appretant à s'elancer des que le bruit du départ retentirait. Rhéa se tennait à sa droite, il y avait Bob Bowman dans les gradins, son père, sa mère et Linnus devaient être devant la télévision, les encourageant derrière leur écran. Des suédois croisaient les doigts pour qu'elle et sa sœur se qualifient. 

Un son affreux retentit, son sang ne fit qu'un tour, elle poussa de toute ses forces sur le plot, passa ses bras devant sa tête et se gaina le plus possible. Elle toucha l'eau, son corps s'engouffré dedans comme dans de l'air. Une fois complètement immergée, Thaïs prolongea encore sa coulée, sentant ses adversaires remontés bien avant elle. Elle sortit de l'eau et commença à nager un papillon qui faisait sa renommée. Elle prit une avance confortable sur ses adversaires, sauf sur sa sœur, qui restait à ses cotés. Vint le dos, le seul point faible de Thaïs, si on pouvait vraiment appeler ça un point faible, elle était très doué mais n'y exellait pas. Rhéa, dont le principal point fort était le dos, commençait à remonter, voire même à la dépasser. Mais Thaïs n'avait pas peur, elle était parfaitement consciente de ses capacités, sa sœur n'exellait ni en brasse ni en crawl, elle allait la ratrapper, elle le savait. 

Et ce fut exactement ce qu'il se passa. Thaïs arriva en tête suivie de près par Rhéa, les deux sœurs se felictèrent mutuellement, heureuse l'une pour l'autres. Elles sortirent de l'eau, saluant le public et rejoigirent leur coach. Bob Bowman les félicita et leur donna quelques conseils de dernières minutes. Les deux filles se rendirent alors dans le bassin, pour un petit décrassage bien mérité, elles firent une dizaines de longueures, discutant des courses à venir.

Léon, sur la ligne d'a cotés, prit de leur nouvelles, les questionnant sur leurs temps et le déroulement de leur course. Les deux filles lui repondire que tout c'était bien passé et qu'elles étaient plutôt optimiste pour les demis et la potentielle final. Et lui retournèrent les questions, quand Thaïs aperçut Alda et Dorianne, qui, décidément, passait de plus en plus de temps ensemble. Elle sentait déjà son téléphone vibrer, rien qu'en voyant l'italienne sortir son portable. Mais, contrairement à elles, la suédoise était là, aux championnats du monde. Durant tout la semaine précédant les mondiaux, Thaïs n'avait cessé de narguer sa colocataire et sa nouvelle meilleure amie. Cela lui faisait un bien fou de voire leurs figures palirent de rage et de jalousie.

Les deux nageuses s'extirpèrent de l'eau, rapidement imitée par le français, qui, sous l'œil insistant de Carson, s'était joint au petit groupe. Ils discutaient tout les trois des futurs courses, mais Léon semblait que plus en plus mal à l'aise. Il se tordait nerveusement les doigts, regardait le sol d'un air obstiné et ne repo'dait que par mono-syllabes aux interrogations des filles. Thaïs avait vaguement l'impression que quelque-chose se deroulait sous ses yeux sans qu'elle ne s'en aperçoive, Rhéa souriait de toutes ses dents et Carson faisait la voiture balait derrière le français.

Le duo Rhéa-Carson leur faussa compagnie, de manière peu discrète. La suédoise restante fronça les sourcils, interloquée. Ils lui cachaient quelque-chose et elle avait la désagréable impression qu'elle seule ne faisait pas parti de la confiance.

- Euhhhmm...Thaïs? fit le français, rouge comme une pivoine.

- Oui?

- Je voulais de dire que...enfin, je...non, tu sais quoi, laisse tomber. À demain.

Et il partit, la laissant planté au milieu du couloir, sans qu'elle sache ce qu'il avait de si important à lui dire. Rhéa et son acolyte, qui finalement ne les avaient pas lâchement abandonnés, firent leur retour à grand renfort de soupire et de réflexions sur le pseudo courage de Léon. Thaïs ne comprenais plus rien et finit par leur dire, mains sur les hanches en signe d'exaspération:

- Bon, vous allez le cracher, votre morceau? Ou vous attendez ma mort?

- Ahh sœurette, t'es super douée en natation, mais tu es complètement aveugle et dépourvue de cervelle quand ça touche des sujets sensibles. rigola Rhéa.

- Comme quoi? s'impatienta sa sœur.

Le duo lui sourit bêtement, ce qui renforça encore plus Thaïs dans son idée d'info cachée. Carson rejoignit le vestiaire des garçons, laissant les deux sœurs en tête à tête, l'une passant question sur question, l'autres refusant d'y répondre. Même en se changeant, Thaïs ne lâchait pas l'affaire, sa curiosité piquée au vif.

- Aveugle, lui répéta pour la énième fois Rhéa, hilare. Tu ne vois vraiment rien? Tu me désespère, Thaïs. Alors? Combien de messages?

- Ohh, une bonne dizaine. Ne parles plus à L. Ne fais pas ceci, ne fais pas cela. Elles peuvent bien se les mettre là où je pense, leurs interdictions à la noix!

- Il t'aime, l'interrompit Rhéa.

- Pardon? marmonna sa sœur,ses sourcils froncés d'incompréhension.

- Aveugle...

- Arrête de dire ça!

- Tu ES aveugle, Thaïs. Tu ne vois rien qui va au-delà de la natation! Ça crève les yeux! La plupart des nageurs te kiff! Et toi, tu restes bloquée dans ton truc! Tu ES belle, tu es gentille, géniale, intelligente! Il t'aime! Et toi aussi!

- Non. dit très stoïquement Thaïs. Léon ne m'aime pas. Et moi non plus.

- Il l'es.

- Et moi, je ne peux pas l'aimer.

CouléesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant