Finales.

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Bien. Tout allait parfaitement bien. Bien. Mais pourquoi, si tout allait bien comme elle le prétendait, Thaïs divaguait autant? Peut-être à cause de la conversation qu'elle avait eu avec sa sœur deux jours plus tôt? À l'absence de nouvelle de la part de Léon, qui semblait l'éviter systématiquement? Non, c'était, Thaïs s'en persuadait, à cause de la finale. Elle avait été vainqueur de toutes ses finales de championnat du monde. Ne restait que le 400 mètres 4 nages. L'épreuve la plus noble et brutale qui soit, là où l'on differencit facilement les bons nageurs des excellents, là où peut d'athlète ont le courage de s'aventurer. Mais c'était justement dans cette course que Thaïs exellait, elle était devenue, comme Michael Phelps avant elle, la vitrine de son talent. Si elle gagnait cette course, elle aurait remporté toutes ses courses individuelles, la Suède avait échoué à la deuxième place du relais 4×100 mètres 4 nages, juste derrière les Américains, Carson n'avait d'ailleurs pas hésité à se moquer gentiment d'elle, et juste devant les Français. 

Français qui ne la regardait toujours pas dans les yeux, et ça se comprenait parfaitement. Après sa tentative avortée de lui demander elle ne savait quoi(ou plutôt, s'auto persuadait qu'elle l'ignorait), le garçon ne lui avait plus parlé, évitant sans cesse le regard de la suédoise. Mais si on pouvait retenir quelque chose de positif dans cette histoire, c'était surtout l'absence de message de l'inconnue. Cette dernière semblait avoir vu les efforts de Léon pour éviter Thaïs et elle l'approuvait largement. Cela laissait à la jeune femme une trêve, le calme des compétitions avant la tempête des critiques de ses camarades de ASU non qualifiés pour les championnats du monde. Car seuls Carson, Léon, Rhéa et elle avaient réussi à se qualifiés pour les mondiaux. Une belle bande de nouille, comme aimait dire l'américain du groupe.

- Check your marques. fit la voix robotique.

Thaïs se mit en position sur son plot, exactement comme durant chaques courses des deux derniers jours. Elle sentit ses adversaires se crisspés, mais ,elle, était détendue  rien ni personne ne pouvait l'atteindre là où elle se trouvait. Ni le regard haineux de Alda, ni le regard de Léon, résolument braquée sur elle, que Thaïs ne vit pas. Le bip caractéristique du départ retentit, toutes les filles bondirent en avant, dans une parfaite synchronisation. La suédoise fendit l'eau, se mettant à onduler d'un geste égalant les animaux marins, geste d'une violence inouïe pour les jambes et les poumons. Elle surgit des profondeurs du bassin, prit la plus grande inspiration qu'il lui était possible de prendre lors d'une course et se mit à nager, se poussant avec une puissance exceptionnelle, dans un geste d'un parfait aérodynamisme. Elle finit son premier cent mètres, passa sur le dos, voyant Rhéa remonter l'écart qui s'était formé entre elles. 

Les bras de Thaïs tournaient, dans un geste qui semblait perpétuel, sans la moindre interruption, ses jambes battaient furieusement l'eau,  la propulsant encore d'avantage vers l'avant. Pour une fois, Rhéa ne put ratrapper totalement son retard. Dans son for intérieur, la nageuse de tête trouvait cela particulièrement étrange. Elle effectua son virage, passant sur le ventre, en brasse, nage que la plupart des nageurs non-spécialisés n'exelle pas. C'était ici et maintenant que Thaïs pouvait faire la différence. Et elle la fit. La jeune femme augementa encore un peu plus son avance, déjà considérable, sur ses adversaires. Elle entendait les cris d'encouragement des spectateurs dès qu'elle sortait la tête de l'eau. 

Vient alors le dernier 100 mètres, le crawl. Elle prolongea encore sa coulée, sacrifiant ses dernières forces dans cet ultime aller-retour. Elle se sentait extrêmement bien, ne ressentant pas la fatigue, seulement l'adrénaline provoquée par la course. Elle fit un ultime mouvement et ses doigts effleurèrent la parois carrelée du bassin.

- New world record for Thaïs Sjöström, of Sweden!

La principale concernée n'en revenait pas. Vennait elle vraiment de battre ce record? Elle, Thaïs Sjöström? C'était encore plus que dans ses rêves les plus fous! Sa sœur lui bondit dessus, avec l'énergie de la fierté. Elles se prirent mutuellement dans les bras, l'une en larmes, l'autre le visage rayonnant littéralement de joie pour la tout nouvelle record women du monde. Elles sortirent du bassin, s'arrêtant en zone d'interview, avant de filler dans les vestiaires pour se changer en vue de la cérémonie des médailles. Celle-ci passa à une vitesse folle, ne laissant que peut profiter de ce podium aux médaillées. 

Dans le couloir qui les mennait vers la sortie, elles croièrent Bob Bowman, aux anges. Il les félicita chaleureusement, avant de continuer sa route. Puis un garçon aux boucles blondes se présenta devant elles. D'un geste instinctif, Thaïs se jeta à son coup, le serrant de toute ses forces, le plus naturellement du monde. Les bars du garçon s'enroulement également autour d'elle, ne la laissant pas un seul instant penser que ce geste était étrange ni que Rhéa souriait de toutes ses dents au français, lui faisant de grands poussés en l'air. Cette dernière s'éclipsa rapidement, laissant les deux nageurs seuls en tête à tête. À ce moment là seulement, Thaïs prit conscience de son geste et s'écarta rapidement de Léon, les joues rouges pivoines.

- Pardon..je..je ne voulait pas..désolée.

- Ne le soit pas. marmonna Léon, aussi rouge qu'elle. Thaïs, je..

- Chut. Tait toi.

Les deux nageurs se regardèrent longement sans se dire un mot. Ils se rapprochaient lentement l'un de l'autres, leurs lèvres s'attirant inexorablement les unes aux autres. Avant de s'eurter doucement et tendrement. À ce moment là, plus rien n'existait pour Thaïs aute que Léon  ses lèvres contre les siennes, son souffle chaud sur sa peau, ses mains sur son visage. Elle aurait voulu que ce baiser se prolongea indéfiniment, rester ainsi, l'un contre l'autres, sans se soucier de Alda, de Dorianne et de tout les autres. Elle aurait même voulut oublier Rhéa et Carson, même Linnus et ses parents. Mais le début avait été et la fin fut. 

- Raconte moi. Raconte moi tout, murmura Léon. Tout ce que tu as enduré pendant les six derniers mois. Je veux tout savoir.

CouléesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant