Menaces

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- Et si on se faisait une sortie ? Entre coloc. Juste toutes les deux.

Thaïs haussa les sourcils et laissa retomber son téléphone sur son ventre. Devant elle, Alda se balançait d'un pied à l'autre, en proie à un profond malaise. Depuis quelques temps déjà, la jeune fille multipliait les propositions, s'acharnant à ce rapprocher de la suédoise. Celle-ci avait accepté bon nombre de fois, elle ne tennait pas particulièrement à être en froid avec cette folle qui lui servait de colocataire. De plus, malgé son obsession pour le français, Alda n'était pas particulièrement désagréable. Juste dans son monde, où Léon était fou d'elle. Elle était d'ailleurs lavée de tout soupçon concernant la mystérieuse inconnue des messages, la coupable attitrée étant Dorianne. Lorsque Thaïs reçevait les provocations, Alda n'était jamais sur son téléphone, à contrario, à peine Dorianne le saisissait elle que le téléphone de la jeune nageuse vibrait.

- Euh, oui, pourquoi pas ? finit elle par répondre, espérant de tout son cœur que la discussion ne deriverait pas sur Léon.

Alda semblait se faire violence pour ne pas toucher un mot à ce sujet, se qui arrangeait grandement sa colocataire. Le petit groupe ainsi formé, mais pouvait on vraiment appeler cela un groupe, une fois changé, se dirigea vers la sortie. Alda, qui, décidément, remontait dans l'estime de Thaïs, arrivait à ouvrir la porte, une qualité non négligeable pour la suédoise, qui ne voulait pas finir égorgée. Léon, tout comme Alda, discutait de plus en plus avec la jeune fille, qui, même si elle ne se l'avouait pas, appréciait beaucoup cette attention de la part du français. En 6 mois à ASU, Thaïs avait appris à connaître la plupart de ses camarades. Les filles appréciaient beaucoup Léon, Carson et Julio, mais n'aimaient pas Zélio. Les potins n'étaient pas vraiment la tasse de thé de Thaïs, mais cela lui permettait d'avoir bien des informations. Les deux filles se mirent à divaguer en ville, papoter de tout et de rien, Thaïs ne considérait pas Alda comme une amie proche, elles étaient au moins copines.

- Et sinon, comment tu trouves les autres nageurs?

Et c'est repartis pour un tour. Thaïs soupira dans son fort intérieur.

- Oh, ils sont plutôt sympathiques.

- Qui est ce que tu préfères? insista Alda, qui, apparemment, attendait une réponse.

-  Rhéa, mais c'est ma sœur, Carson est drôle.

- Et Léon? fit la jeune fille, du bout des lèvres, avec un air avide.

Thaïs se contracta légèrement, geste qui passa totalement inaperçu aux yeux d'Alda. Léon était omniprésent dans leurs conversations, enfin, surtout vers la fin. La suédoise évitait le sujet le plus possible quant à sa colocataire, elle ne cessait de ramener le français sur la table, comme si avoir des photos de lui, prise la nuit à son insu n'était pas suffisant. Car oui, Thaïs avait percée le secret de Alda, si on pouvait appeler ça un secret.

- Il est cool et nage bien.

Bel euphémisme. Ce garçon était plus poisson qu'humain, même si, honnêtement, Thaïs n'avait jamais vu un poisson aussi mignon et musclé. Elle chassa rapidement cette idée de sa tête. À peine eu t elle le temps de finir sa phrase que son téléphone vibra. Dorianne devait lire dans ses pensées, elle ne voyait aucune autres explications. Elle se garda bien de répondre, il ne fallait pas lui montrer d'intérêt, la nageuse italienne finirait par se lasser. Et puis d'abord, elle n'avait qu'à demander à Léon de sortir avec elle. Si c'était oui, elle lui lâcherait les basques et si c'était non...et bien les choses n'allaient pas aller en s'arrangeant pour la suédoise. 

- Il n'y a rien de plus entre vous?

- Pour répondre à ta question,  non on ne sort pas ensemble, conclu Thaïs, exaspérée. Fais lui ta demande, puisque tu es persuadée qu'il t'aime.

- Un jour, lui me la ferra, dit Alda, avec un petit air satisfait.

La suédoise lâcha un grognement d'approbation, mieux valait pour elle de laisser sa colocataire dans son illusion, elle la laissait tranquil et n'affichait pas les photos dans la chambre. Même si à la réflexion, Thaïs aurait probablement préférée ça à la torture qu'était de prendre une douche. Soudain, du coin de l'œil, la jeune fille aperçut une silhouette qui lui atait devenue bien trop familière. Dorianne la jaugeait du regard. Depuis combien de temps était elle là? Thaïs ne saurais le dire, elle n'y avait pas fait attention, préférant faire abstraction des délires malsains de Alda.

D'ailleurs où l'avait elle emmenée? Thaïs ne connaissant absolument pas la ville, elle se laissait le plus souvent guidée par ses compagnons. Sa colocataire avait le chic de la faire découvrir de jolies rues auxquelles on accédait par des petites rues bien sombre. Ça devait être par là que Alda l'emmenait, car Thaïs ne savait absolument pas où elle se trouvait. Sa colocataire continuait de marcher du pas plus soutenu et la suédoise finit par perdre Alda de vue. Elle resta donc plantée là, complètement déboussolée, ne sachant plus par où ni comment elle s'était retrouvée ici. Une ombre furtive passa dans la rue en face d'elle. Cette dernière semblait lui tournée autour, la prendre en chasse. La panique commençait à montée de plus en plus, brouillant toutes les capacités cérébrales de Thaïs. Son souffle s'accélèra, son rythme cardiaque aussi  son téléphone vibra à nouveau.

Inconne: bonne soirée.

Inconnue: je te vois, Thaïs. Je sais où tu es.

Elle n'allait pas mourir ici quand même! Tuée par une fille follement amoureuse.

- Arrête! Je n'aime pas Léon! s'epoumonna Thaïs, la voix enrouée par la panique. Laisse moi tranquille, je te le laisse!

Un bruit sourd retentit derrière elle. La suédoise se retourna lentement vers l'origine du craquement. Et hurla à plein poumons au moment où une silhouette vêtue de noire lui abâtit un gourdin sur la tête. Thaïs s'effondra de tout son long sur le sol sal de la rue. Sa tête lui faisait terriblement mal, un sifflement lui obstruait les oreilles, mais pas assez pour ne pas entendre les paroles de l'inconnue, susurrées à son oreille:

- J'espère que tu as compris.

Thaïs, au bord de l'inconscience, lui repondit:

- Vas... te faire...foutre...

L'inconnue éclata d'un rire diabolique et s'en fut, laissant Thaïs seule au beau milieu de nul part. Lorsque son agresseur fut pâtit, la suédoise se releva péniblement. Il fallait qu'elle sorte d'ici. Et vite, sinon elle allait s'evanouir pour de bon et s'en serait finit d'elle. Des etoiles dansaient devant ses yeux, elle voyait de moins en moins bien sur les côtés et ses jambes menaçaient de se dérober sous elle à chaque pas. Thaïs ne savait absolument pas comment elle avait fait, sûrement sa mémoire visuelle, mais au bout de quelques pénibles minutes, elle était de retour sur la place où les étudiants se réunissaient la plupart du temps. Elle fit quelques pas chancelants, avant qu'un garçon aux bouclettes blondes, visiblement paniqué, ne se dirige vers elle en courant. 

- Thaïs? Ça va? Mais tu saignes!

Thaïs s'agripa de toutes ses forces à la vest du français, avant de s'effondrée, retenue tant bien que mal par Léon. La suit fut très confuse pour la suédoise. Sa tête vibrait, des étudiants américains affolés appelaient les pompiers tous en meme temps, elle tennait des propos incohérents, sous l'œil du français. Il lui dit quelque-chose et Thaïs tourna de l'œil pour de bon.



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