Si tu étais moi

99 10 0
                                    

Dans le liste des phrases les plus débile prononcée par Thaïs, le "je peux pas, j'ai natation" lâchée à un Léon, qui s'était pliée en deux de rire, était sûrement en tête du classement. Elle avait un don incroyable pour débiter des phrases idiotes à la seconde. Comme dire à Michel Phelps, quand celui-ci lui avait dit qu'elle était une excellente nageuse, que ,lui aussi, nageait bien. Bah oui, forcément, c'était Michel Phelps! Bref, Thaïs était une cruche. Et ça n'allait pas en s'améliorant.

Elle avait vraiment honte, mais, ce qui étai fou, c'est que sur le coup, dire à Michel Phelps qu'il nageait bien lui semblait totalement logique. Après tout, c'était vrai, non? Même si tout le monde le savait, c'était toujours mieux de le rappeller au principal concerné, qui lui a ai d'ailleurs adressé un grand sourire. Le monde était trop sourillant, pourquoi ne correspondait il pas au cliché du suédois du grand nord, froid et aussi souriant qu'une porte de prison américaine. Les cellules des USA lui semblaient vraiment horribles. Pourquoi? Parceque Carson lui avait dit qu'elles regorgeaient de tueurs en série. Il lui en fallait peu, pour le faire croire des idioties. 

Tête baissé sur son cours, à prendre des notes en essayant de faire abstraction du regard hilare du français, elle se repassait ,comme très souvent, la liste des élèves présents, sans raison, juste parceque cela lui permettait de mieux se concentrer. Léon, Carson, Rhéa, Alda, Inès, Marie, Dorianne....ah non, pas Dorianne. Très étrange, Alda sans Dorianne, c'était comme Harry et Ron sans Hermione. 

Elle jetta un bref regard à Alda, qui le lui rendit. Dans ses yeux, la même incompréhension que refletait ceux de Thaïs. Pourtant, elles avaient toutes les deux vu l'italienne le matin même. Il y avait anguille sous roche, quelque-chose d'étrange se déroulait, sans même que Alda n'en sache quoique ce soit. 

La porte s'ouvrit violement, heurtant le mur avec un bruit de cloche. La vieille dame malaimable de l'accueille surgit, aussi rouge qu'une écrevisses, essoufflée comme si elle avait courut un marathon encore plus vite qu'Eliud Kipchoge à son prime. Elle semblait s'affixé, peinant à faire entrer de l'air dans ses poumons sous les yeux inquiets d'une centaine d'étudiants.

- Alda et Thaïs!! rugit elle. Dans le bureau du directeur!

Les deux filles se jetèrent à nouveau un regard, cette fois ci complètement paniqué. Thaïs eu un bref flash back du collège et des heures de colles encaissées pour "absentéisme'', alors qu'elle participait à des courses nationales. Bref, cette convocation surprise n'anoncait rien de bon. Elles se levèrent comme des automates, de dirigeant rapidement vers la porte, sous les yeux interrogatif de leurs camarades.

- Tu sais ce qui se passe? demanda abruptement Alda, quand elles furent à l'extérieur de la salle.

- Pas plus que toi. lui répondit sèchement Thaïs.

- Dorianne doit avoir quelque-chose à voire avec cette histoire.

- Sûrement. 

Les deux nageuse se plantèrent devant la porte, se jaugeant  mutuellement du regard. La vielle dame de l'accueille les toisa, du haut de son 1 mètre 30 avant de hurler, comme si elles étaient à 30 km les unes des autres:

- Alda en première, chez le directeur!!

Alda se redressa, afficha un sourire factice qu'elle reservait pour débiter ses pire ignominies. Thaïs se laissa mollement tomber sur la chaise usée qui trônait superbement devant le bureau, en proie à un désespoir immense. Qu'est ce qu'Alda allait encore inventer pour la discréditer de nouveau? Elle n'en savait trop rien et préférait ne pas le savoir, une nouvelle vague de haine allait sûrement s'abattre, mieux valait la repoussée au maximum.

Elle tendit l'oreille, espérant glanée quelques informations quant aux mensonges que préférait sa colocataire. Malheureusement pour elle, le directeur avait une porte insonorisée. Elle se laissa divaguer, réfléchissant à tout et n'importe quoi, se faisant des réflexions du genre "on se croirait vraiment au collège", "ils pensent qu'on à cinq ans" et d'autre idées breves et stupides qu'elle avait dans ce genre de situation. 

Quelques temps plus tard, ça aurait très bien pu être trente ans après ou simplement deux minutes, Alda sortit en trombe de la salle, jetta un regard haineux à Thaïs, qui se faisait sa meilleure sieste. La vieille dame malaimable de l'accueille, où encore elle, sortit, très calmement, du bureau  avant d'annoncer à la Terre entière:

- Thaïs!

La jeune fille se leva mécaniquement, cru entendre son corps entier craquer après un trop long moment immobile et, tête baissée, entra dans la pièce de la torture. En levant les yeux, elle aperçut Dorianne, visage fermé, ses yeux regardant dans le vide. Thaïs avala difficilement sa salive, ça ne sentait pas bon, mais genre vraiment pas bon. 

- Asseyez-vous mademoiselle. soupira mollement le directeur qui, apparemment, s'ennuyait autant qu'elle.

Elle s'assit donc, prête à recevoir une vague de haine dans la figure. 

- Bien. Mademoiselle Dorianne ci présente nous a fait par des actes qu'elle a commis à votre égard.

- pardon? s'étrangla Thaïs, pour le moins déboussolé.

- C'est moi qui ai tout fait, marmonna l'italienne, un peu mollement en vue de la situation.

Thaïs resta consterné, sans savoir quoi dire, face au directeur qui avait envi d'en finir, la dame de l'accueil qui croisait Dorianne avec le même air hautain que pour la suédoise et Dorianne, justement, qui avait les yeux résolument baissés. 

- Est ce que on pourrai discuter, en privé, juste quelques minutes, marmonna Thaïs, elle-même surprise de s'entendre dire cette phrase.

- Allez dans le couloir, lui répondit négligemment le principal, avec un léger mouvement de main.

Les deux filles se levèrent et, toujours sans se regarder, sortirent de la pièce, d'un mouvement simultané. Elles s'assirent, côtes à côtes, respectant un silence maintenu d'un commun accord. Dorianne ne semblait pas décider à parler et Thaïs encaissait encore la nouvelle 

- C est pas toi qui as fait ça, lança la suédoise, après plusieurs minutes de silence.

- Pour eux, si.

- Pourquoi tu n'as pas juste dénoncé Alda?

- Parceque tout n est pas aussi simple que tu l'imagines...

- Qu'est-ce qu'il y a donc de si compliqué ?

- Rien qui ne te conserne. acheva l'italienne.

- Mais oui, c'est sur, c'est pas comme si Alda m'avait défoncé le crâne à coup de barre de fer ou je ne sais quoi. siffla Thaïs, on ne peu plus ironique. À ce propos, pourquoi tu ne l'en as pas empêché 

- Par ce que je n'étais pas au courant de ce qu'elle manigançait. C'est seulement quand je t'ai vu revenir que j'ai su. Elle était totalement folle, ses délires mal sains ont empirés, c'était un cercle infernal. Plus tu tentais de t'éloigner de Léon, plus elle en était obsédée et plus elle était paranoïaque.

- Et pourtant, en tout connaissance de cause, tu l'as suivi. Pourquoi?

- Parceque je ne t'aime pas. Je te hais, depuis la première fois que je t'ai vu. Tu as tot ce que je n'ai jamais eu, une famille, des amis, du talent. 

Dorianne avait lâché cela sur le même ton que ''la Terre est Ronde'' comme si tout était parfaitement logique, et ça devait l'être de son point de vue, mais il n'empêchait à Thaïs de se dire que, décidément, la première venue se prenait tout sur la figure, sans aucune autre explication que ''Alda est folle et je veux m'en débarrasser''. Malgré tout ça, la suédoise ne parvenait pas à en vouloir à Candice et Dorianne. Alors, bien sûr, elle avait été par leur faute une victime collatérale de ce cercle vicieux, mais elles ne cherchaient qu'à en sortir et c'était tombé sur elle. Dorianne se releva, ses yeux noirs découvrent Thaïs de part en patr, avant qu'elle ne lache abruptement:

- Bonne continuation, Thaïs. J'espère que tu réussiras au JO et avec Léon.

Et elle s'en fu, le plus naturellement du monde.

CouléesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant