NCAA

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Accélère, Thaïs, accélère. Elle toucha le mur du bout des doigts, fit une roulade et poussa aussi fort qu'il lui était possible en fin de course sur le mur. La tête toujours dans l'eau, la nageuse jetta un coup d'œil sur les côtés. La plupart de ses adversaires étaient en milieu de longueures, bien dernière elle. Elle voyait la silhouette de sa sœur, beaucoup plus proche d'elle que les autres, mais loin quand même. Alda vennait seulement de lui passer à côté, quelle brêle. Elle n'était pas de nature méchante mais vu l'enfer qu'elle vivait au quotidien avec cette folle furieuse. Elle n'était pas particulièrement désagréable. Juste obsédée par Léon. À chaque fois qu'elles discutaient, ce qui n'était tout de même pas très souvent, il fallait toujours que le sujet dévit sur le nageur français. Léon. Léon et ses beaux yeux. Léon et ses coulées. Thaïs commençait sérieusement à en avoir sa claque de Léon. Mais il était tout de même particulièrement gentil avec elle. Et mignon avec ça. Mais il fallait avouer que prendre une douche environné de photo du garçon était véritablement affreux.

Elle émergea enfin, pris son inspiration et son oreille émergé bourdonna des cris provenant des gradins. Elle aimait l'ambiance électrique qui se dégageait de la compétition, les rivalités, cela l'enivrait, la poussait à se donner plus qu'elle n'y aurait cru. Les étudiants nageurs de ASU étaient géniaux, l'ambiance était incroyable, tous se poussait et s'encourageait les uns les autres. Tous, sauf Alda bien sûr. Celle-ci n'avait d'yeux que pour Léon et ne tarissait pas d'éloges à son égard. 

Thaïs accéléra encore. Il fallait tout donner sur la fin. Battre son record perso, akka record du meeting. Elle s'était bien sentit sur toute la course, elle avait les jambes, les bras, le souffle. Tout allait bien. Merveilleusement bien. Thaïs accélèra le rythme de ses jambes et de ses bras. Dernier mètre, enfin plutôt dernier yard. Dernier mouvement de jambes, elle tendit son bras le plus possible. 

À peine eu t elle émergée de l'eau, soufflant comme un bœuf, la voix assourdissante du skipeur lui fit bourdonner les oreilles. Elle n'en comprit que la moitié, mais l'essentiel y était. Nouveau record d'Amérique. Elle lacha un demi sourire, heureuse. Elle prit appui sur le rebord du bassin, se propulsa et sortit de l'eau. Le coach Bowman la félicita chaleureusement, tout comme Rhéa, arrivée depuis peu. Thaïs but autant d'eau qu'il était possible d'en ingurgitéapres un tel effort sans vomir. 

Elle se rendit dans une petite salle, où d'autres sportifs également épuisé se reposaient. Elle s'assit sur une chaise, ou plutôt s'affalla dessus. Une grande ombre apparut dans son dos et un nageur aux boucles blondes, nommé ,comme le savait trop bien Thaïs, Léon Marchand. Il lui adressa un grand sourire (comment pouvait il sourire autant apres avoir nager si vite? Cela restait un mystère pour la suédoise), et lui dit, avec un accent toujours aussi déplorable:

- Bravo! Nouveau record!

- Merci. Toi aussi tu t'ai bien débrouillé.

- J'ai gardé un peu de jus pour le relais. Le coach veut absolument qu'on gagne.

- Vu l'équipe que l'on a, c'est bien partit, soupira Thaïs. Attention, Alda en vue.

Léon fit la grimace. Son admiratrice arriva, toute pimpante. Elle se planta devant le français, ne lui laissant aucun échappatoire et lui dit, le rouge monté aux joues et des etoiles dans les yeux:

- Bravo, Léon. Tu as été formidable. 

Léon réprimander un sourire, et pour cause,   arsenal et Rhéa imitaient à la perfection cet échange et le jeune américain fit mine de vomir. Alda dut le prendre personnellement car elle rougit encore plus. Ce qui ne fit qu'augementer davantage la dramatisation de la suédoise et de l'américain, qui se mirent à faire une espèce de danse du dégoût. Thaïs n'appréciait pas particulièrement Alda, mais de là à ce qu'on se moque d'elle de cette façon, cela la dérangeait un peu. Mais il fallait bien avouer que c'était totalement ridicule, cette obsession qu'elle vouait, sans le cacher, au nageur français.

Thaïs commençait à trouver le temps long, dans cette salle trop petite pour un tel nombre de nageurs. Il y eu une petite cérémonie des médailles et puis chaqu'un jegagnit son vestiaire. Thaïs se passa rapidement sous l'eau, pensant déjà au calvaires de la douche à venir. Elle se changea et regarda ses messages.

Maman: Félicitations Thaïs, on est si fière de toi!😘😘

Papa: Bravo mes chéries. Vous êtes géniales!🥇🥇

Linus: bravo sœurette!

Mais surtout.

Inconnue: n'adresse plus la parole à L.

Thaïs soupira. Combien de fois fallait elle qu'elle dise qu'elle n'était pas intéressée par Léon? Cette fille ne semblait pas connaître le sens de cette phrase. Oui, d'accord, c'est vrai, Léon était très mignon, très gentil. Mais elle tennait à la vie et l'idée de mourir égorgés ou empoisonnée par la folle qui lui envoyait des messages ne l'enchantait pas vraiment. La nageuse se contenta de lui repondre :

Thaïs: je ne lui ai pas parlé.

Inconnue : menteuse.

Donc cette fille était forcément dans les vestiaires quand elle parlait à Léon. Thaïs se repassa mentalement la liste des filles présentes à ce moment là et qui faisait de la natationà ASU. Cela représentait une dizaine de nageuse. Dix sur Léon, cela lui semblait tout de même beaucoup. La plupart devaient être en couplé, mais cette info lui manquait. Une fille s'approcha d'elle, le visage crispé.

- Bravo. 

La phrase, ou plutôt le mot, sonnait étrangement faux. Thaïs scruta la jeune fille. Dorianne, 20 ans, italienne. Il sembla à Thaïs qu'elle était le profil parfait pour l'inconnue. Elle était présente quand elle discutait avec Léon et l'avait regarder étrangement. De plus, à bien y réfléchir, elle était habillée en noir, après que Thaïs se soit faite poignardé la main. De plus en plus suspicieuse, la suédoise repiqua du bout des lèvres:

- Merci. Toi aussi.

Dorianne lui jetta un regard encore plus froid que d'ordinaire, avec un petit air hautain, ce qui eu le don d'exaspérée Thaïs. Depuis qu'elle était arrivée en Arizona, les gens lui paraissait de plus en plus énervants, elle ne saurait dire pourquoi. Dorianne, qui s'était eloignée, sortit son portable et immédiatement Thaïs reçu un message.

Inconnue : j'espère que tu as compris.


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