C'était toi ou moi

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Thaïs inspira, au bord du gouffre. Le sol n'était pas si loin finalement, juste un peu plus bas. Le vent lui soufflait dans les oreilles, furieux. Le froid lui hérissait les poids, la faisant douter une seconde. Était-ce vraiment ce qu'elle voulait? Oui, elle en était sûre. C'était le seul choix qui s'offrait à elle. Du moins dans l'instanté et Thaïs n'allait pas attendre. Oui, elle allait le faire. Un pas, juste un pas, un tout petit pas de rien du tout. Elle écartant les bras et sauta à pieds joints.

- Oh, purée! Mais c'est froid! grinça la jeune fille.

- Bah tu t'attendais à quoi? Il est 3 heures du mat' en hiver! grommela Rhéa. 

Dit comme ça, c'était logique. Qu'elle drôle d'idées d'ailleurs, nager à 3 heures en pleine hiver, la santé mentale des nageurs était vraiment insubmersible, ou non, ils étaient des fous furieux sadiques sociapathes. Ou c'était Bob Bowman le fou, ça devait être ça. Un fou qu'ils admiraient comme une sœur admire son grand frère. Les comparaisons foireuses étaient de retour. 

- Bien. Comme certains le savent sûrement, les Jeux Olympiques, c'est dans un peu plus d'un an. Que se soit clair, vous ne serez pas tous qualifiés, certains passeront haut la main, ça sera compliqué pour d'autres et le reste, vous n'avez pas le niveau. Ce qui ne veut pas dire que vous avez le droit de vous relâcher. termina le coach, devant les soupire de certains nageurs.

Ce qui était géniale, ou horrible tout dépendait le point de vue, avec le coach Bowman, c'était qu'il disait ce qu'il pensait, il ne les ménageait absolument pas. Thaïs allait trop lentement, il lui disait, Léon nageait mal, il le lui disait, il voulait gagner telle ou telle course, il le faisait très clairement savoir, le résultat n'était pas satisfaisant, idem. Il n'était pas la pour leur vendre des rêves, leur dire qu'il réussirait alors qu'ils n'avaient pas le talent nécessaire pour aller plus haut que les NCAA. Non, il leur disait l'entière vérité, si blessante soit elle. 

- Pour ceux dont le pays est gigantesque et regorge de nageursntres doués, personne ne vous cédera sa place. Donc donnez vous à fond, ne dormez pas dans un bassin par exemple, Carson! hurla le coach, en voyant l'american enfoncer la tête dans l'eau, avant de la ressortir brusquement, quand il entendit les paroles dudit coach.

- Mais c'est un peu injuste comme règle! s'indigna Alda, elle même américaine. La Norvège, c'est minuscule donc forcément que Rhea et Thaïs seront qualifiées.

-  Ta gueule, Alda, on ne veut pas t'entendre, on est suédoise. Et puis, toi, t'auras jamais de place, tu nage aussi bien que le meilleure pote de mon frère.

- Il doit être très doué.

- Il est aquaphobique apres avoir faillit se noyer à 15 ans.

Ça, c'est se que Thaïs appelait du répondant. Rhéa, un peu chauvine, il fallait le dire, avait répondu au quart de tour. Elle avait dit tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Alda, aussi populaire soit elle, nageait mal. Enfin, elle nageait assez bien pour concourir en NCAA, mais pas assez pour être serieuse concurrente aux mondiaux. Donc les qualifs des JO, tchao bye bye. D'ailleurs non, elles ne ou disaient pas "au revoir" puisqu'elle ne les avaient jamais vu. Ça faisait un bien fou d'être méchante avec Alda, même sir c'était seulement dans son esprit. 

- Les qualifiables, ne vous reposez pas sur vos lauriers. Certains, ils se reconnaîtront, sont quasiment sûr d'être aux jo, d'autres joueront à coup sûr les médailles. Si vous n'en avez pas et que vous aviez le potentiel, vous ne pourrez vous en prendre qu'à vous-même! Sur ces sages paroles, à l'eau! Échauffement ! acheva Bob Bowman, tout en beuglant.

Il devait considérer que ses nageurs se reposaient s'ils ne laissaient pas leurs âmes dans le bassin. Mieux valait la laisser là, plutôt que l'offrir à Alda et Dorianne. Thaïs aurait bien voulu nager jusqu'aux jeux olympiques plutôt que d'avoir affaire aux deux folles. L'entraînement passa, enfin, passa, c'était peu dire, il leur roula dessus, les écrasa de tout son poids et si se n'était pas lui, le froid s'occupait d'eux. Il passa donc, lentement et lourdement, avant qu'arrive(enfin!) le moment de retourner aux vestiaires. 

Thaïs regarda brièvement l'écran d'acceuil de son téléphone portable. Dix messages, aucun de l'inconnue. Depuis que la suédoise et le français s'évitaient avec attention, les deux folles ne s'étaient plus manifestées. Et ça lui faisait un bien fou, elle était libre, ne devait plus calculer chacun de ses mouvements, de peur de se faire fracasser le crâne par Alda ou Dorianne. 

- Excuse moi. C'est bien toi, Thaïs?

La principale concernée releva la tête, intriguée. Face à elle, se tennait une jeune femme, un peu plus âgée qu'elle, un grand sourire aux lèvres, aux cheveux noirs entourant son visage comme une auréole. 

- Je m'appelle Candice.

- Oh, tu es la fille à qui Alda à faillt casser les poignets.

- C'est ça. Ou, du moins, pour Rhéa et Carson. Ils sont les seuls à m'avoir cru. fit Candice, un fin sourire plaqué sur le visage.

- Elle m'à fait la même, mais cette fois c'était le crâne.

- C'est ce que Léon m'a dit. Tu lui as juste parlé, n'est ce pas?

- Oui, murmura Thaïs, soulagée de trouver quelqu'un qui avait vécu se qu'elle endurant.

- Moi aussi, on s'entendait bien. J'avait beau dire à Alda et Dorianne que j'aimais les filles, elles ne voulaient rien entendre.

- Leur esprit malsain va jusque là. soupira la suédoise.

- C'est grâce à toi qu'elle m'ont enfin lâché la grappe.

- Pardon? s'etrangla Thaïs. 

Le sourire'de Candice se fit froid et dur. Ses yeux trahissaient un mélange de soulagement mêlée à de l'excuse.

- je les ai persuadées que vous sortiez ensemble.

Thaïs avait l'impression de prendre une douche froide, pour un ascenseur émotionnel, s'en était un. Elle pensait s'être trouvé une alliée, mais elle se retrouvait avec la source de ses malheurs. 

- Je me fiche de se que tu penses de moi, dis moi que je suis qu'une imbécile, insulte moi autant que tu veux. J'm'en fous. Je ne m'excuse même pas. Démerde toi avec elles. Mais sache que je l'ai fait sans hésiter et je le referait sans hésiter. C'était toi ou moi.

CouléesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant