Chapitre 9

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Mathieu

Samedi 19 novembre 2011 ~ Clamart

Donc là, je pouffe, t'es en train de me dire que tu préfères ta ville d'avant ? Je le prends mal.

Et je l'entends rire au bout du fil.

Mais nan, t'as tout déformé.

Allongé sur le lit, mon téléphone collé à l'oreille et un grand sourire dessiné sur mes lèvres, je l'écoute parler des avantages et inconvénients de son ancienne ville.

J'aime trop l'écouter parler. Elle est tellement expressive et parfois on n'arrive même plus à l'arrêter. Et puis elle a cette manière de raconter les choses, je sais pas j'aime trop.

Elle est toute douce, Melia. Et du coup j'ai un peu peur. J'ai peur que quelqu'un en profite pour la faire souffrir. Et puis, elle a pas le meilleur environnement pour ça, quoi. Clamart et notre collège de kassos, c'est un peu dangereux pour une crème comme elle vu tout les batards qu'y a. Du coup j'ai peur.

De toute façon, le premier qui lui fait du mal je le bute.

Mais dans tous les cas, conclu-t-elle, je préfère ici. Y'a vous.

— Ah tu me vouvoie maintenant ? Je ricane.

T'es con, je la verrais presque lever les yeux au ciel.

Elle le fait tout le temps quand on fait les lourdos avec les gars, j'ai remarqué. Et ça met en valeur ses long cils. Ils sont vraiment beaux, ses yeux, d'ailleurs. Il vont trop bien avec ses cheveux châtains. Et elle a pas des yeux poisson, ils sont verts avec un peu de marrons au milieu. Mamie m'avait dit le nom mais je me rappelle plus.

— Vous faites un city aujourd'hui ?

— Ouais, j'pense, je hausse les épaules. Tu viens ? Je demande en me levant pour fermer la porte de ma chambre.

C'est toujours la même chose, après qu'il ait levé la main sur moi, il revient un ou deux jours après et il s'engueule avec mamie.

Enfin, c'est elle qui lui hurle dessus, plutôt.

Mais ça finit toujours pareil, il crie de plus en plus fort pour se défendre et il dit des choses méchantes pour que mamie se taise et j'entends toujours la porte d'entrée claquer deux secondes après.

Moi, j'ose jamais sortir de ma chambre, à ces moments-là. Ça me fait peur, puisque je sais que quand il est énervé, c'est pareil que quand il est bourré. Il est encore plus méchant, parfois.

Le problème, c'est qu'il vient jamais s'excuser après, mamie elle dit.

Mais du coup, souvent, c'est elle qui dit pardon à sa place quand elle me retrouve en pleurs après qu'il ait passé ses nerfs sur moi.

J'ose pas lui dire que c'est pas grave, que ça partira avec le temps, les blessures, c'est temporaires. Je voudrais lui dire qu'elle n'a pas besoin de se fâcher avec Papa dès que ça arrive. C'est pas grave.

Mais je me suis juré que plus jamais je pleurerais à cause de lui. Je me suis fait cette réflexion quand j'ai vu des larmes sur les joues de mamie avant-hier soir. C'est à lui de pleurer normalement. Il nous blesse et maintenant il a plus de famille. Parce que, je ne le considère plus comme ma famille.

Ma famille c'est mamie, Enzo, et Léna. Et maman, peut-être. Mais je crois que elle elle me considère pas comme ma famille donc ça marche pas.

— Je sais pas, peut-être.

𝑮𝒓𝒂𝒏𝒅𝒔 𝒆𝒏𝒇𝒂𝒏𝒕𝒔 ~ 𝑷𝑳𝑲Où les histoires vivent. Découvrez maintenant