Chapitre 26

340 23 11
                                    

Mathieu

Samedi 11 février 2012 ~ Clamart

Je shoot dans un caillou tout en avançant dans le parc, les écouteurs dans les oreilles. J'ai mis une prod qu'un grand du quartier qui fait du son m'a donné. Il en voulait pas, il allait la jeter alors comme un boloss qui fouille dans les poubelles, je lui ai demandé de me la filer.

Et depuis, je l'écoute en boucle pour être un minimum inspiré. J'avais déjà des phrases ou des rimes que j'avais noté mais ça correspond pas trop au mood. Donc je dois carrément repartir de zéro.

Sauf que y'a rien qui vient. Mais genre vraiment rien. J'suis à sec.

Je souffle et fourre mes mains dans les poches de mon sweat. Il fait super froid en ce moment, faudrait p'têtre que je mette une veste plutôt.

Je me dirige vers les bâtiments de la cité, puisque ça sert à rien que je reste dehors pour choper la crève, et sans avoir rien écrit en plus. Et puis fallait que j'aille voir Mehdi, on est samedi. Faut surtout pas lui foutre un lapin à celui-là, il est capable de tout.

Alors, je me dirige vers la ruelle où je le trouve d'habitude les samedi pour les missions mais en approchant, je l'entends parler avec quelqu'un. Sauf que la voix que j'entends, je la connais. Elle est douce, elle est fluette, comme j'aime.

Mon cœur tambourinant ma poitrine, je tourne dans la ruelle et ce que j'aperçois, confirme mes doutes.

Attends deux secondes gros, je lui attrape le bras avant de la tirer un peu plus loin, hors de cet endroit. Qu'est-ce que tu fous ? Je lui demande un peu trop sèchement, une fois éloignés.

Mathieu... elle murmure.

Réponds, je m'impatiente et elle baisse la tête. Putain de merde Melia, je fais les cent pas devant elle en fourrageant mes cheveux, j'crois que tu te rends pas compte de la dinguerie que t'allais faire. Malgré le fait que sa tête soit tournée vers le bas, je pourrais jurer voir ses larmes couler. Ce mec, je reprends, c'est pas ton pote, et encore moins le notre. C'est pas un gars à fréquenter. Et tu le sais très bien en plus, on te l'a répété je sais pas combien de fois, je dis un peu trop fort et elle éclate en sanglots. Pourquoi t'es allée le voir ? Tu veux vendre, c'est ça ?

Elle pleure, sans arriver à articuler un seul mot. Malgré ça, mon énervement ne diminue pas.

Réponds moi putain.

Silence. Hormis ses pleurs.

C'est pas un super business, tu sais ? J'te laisserais pas tout gâcher pour ça. Tu sais pas de quoi il est capable, il-

— Ma mère a le cancer Mathieu, elle relève son visage baigné de larmes vers moi et ma poitrine se comprime douloureusement.

Ma bouche n'arrive plus à articuler un seul mot, et avant que je puisse réfléchir à ce que je fais, je pars à grandes enjambées dans la ruelle.

Mehdi ? Il se tourne vers moi, les mains pleines de billets qu'un gars vient de lui filer.

Quand il remarque que c'est moi, il sourit.

Qu'est-ce que tu veux ? Elle est pas là ta meuf ? Je voulais bien l'embaucher moi, elle m'aurait fait des prix en or.

Il éclate de rire et le porc à côté de lui aussi. Je les regarde, les poings serrés et le sang bouillant.

— J'veux que tu m'donnes plus d'argent.

Il s'arrête de rire pour me regarder et quand il voit mon air sérieux, il ricane.

𝑮𝒓𝒂𝒏𝒅𝒔 𝒆𝒏𝒇𝒂𝒏𝒕𝒔 ~ 𝑷𝑳𝑲Où les histoires vivent. Découvrez maintenant