Chapitre 24

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Mathieu

Lundi 6 février 2012 ~ Clamart

Et vous savez pas c'quelle me dit ? Adrien s'exclame. Ouais, euh, il prend une voix de fille, c'est mieux qu'on aille pas plus loin Adrien, ça marchera jamais nous deux gnagnagna.

Il continue de nous raconter son embrouille avec Justine mais mon esprit est ailleurs. Melia retourne mon cerveau, jusqu'à ce que sache même plus quel comportement adopter. En fait si, parce que mon impulsivité prend toujours le contrôle. Mais vu qu'on rentre tous les deux tout à l'heure, je pense qu'on va en discuter.

— C'est vraiment une grosse pute cette meuf, il crache.

— Mec, détends toi, tu dis ça sur le coup de la colère prenez le temps d'en discuter calmement en vrai.

— Mais gros elle veut plus de moi !

Je tourne la tête et regarde les gens s'amuser dans la cour pour esquiver les babillages d'Adrien qui commencent à me soûler. J'observe des filles qui parlent, assises sur des bancs. Mon regard dévie sur deux personne qui flirt, le gars faisant des blagues et la meuf qui rigole à la manière d'une te-pu.

Cette vision me gênant, je regarde les gars qui font du foot au milieu de la cour. Parmi eux, je vois Maxence. Ce p'tit pd qui drague Melia en histoire, j'vais m'le faire.

Mais attends ?

Elle était pas sensée lui parler ? Elle nous a encore menti, putain. Elle est où alors ? Je me lève d'un coup et s'en avertir les gars, je me dirige vers Maxence, le sang bouillant dans mes veines.

Je lui attrape l'épaule pour le confronter.

Elle est où Melia ? Je demande sèchement.

J'en sais rien moi, il fronce les sourcils et se détache de mon emprise. T'as perdu ta meuf ou quoi ?

Je me retiens de le frapper quand ses lèvres s'étirent en un sourire de connard comme il sait bien faire. Je pars alors à grandes enjambées la chercher dans la cour, les poings et la mâchoire serrés.

Je balaye du regard littéralement l'entièreté des élèves présents mais mes yeux s'arrêtent d'un coup. Melia, par terre, pleurant à chaudes larmes. Ses affaires, éparpillées par terre et déchirées. Des filles, l'encerclant et une en particulier, l'humilie.

Le reste, je le contrôle pas. Hors de moi, je m'approche vivement d'elles, bouscule quelques filles mais j'en ai rien à foutre, et j'attrape Chloé qui était penchée vers Melia pour se foutre de sa gueule.

Je la tire et la pousse contre le mur. J'entends Melia me dire d'arrêter mais c'est trop tard, mon poing était déjà paré. Le coup part tout seul. Les meufs crient, mais ça me suffit pas. La rage m'aveugle et j'entends plus rien, ni Melia qui pleure, ni ces salopes qui me gueulent dessus.

J'ai juste le temps de choper Chloé par le col pour préparer un autre coup que quelqu'un m'attrape violemment par derrière et me tire. Pris par surprise, je lâche la meuf par terre et je crache à côté d'elle. Elle chiale maintenant, la bonne blague

Pruski ! J'entends le CPE hurler. Ça suffit ! Dans mon bureau. Maintenant.

Je me tourne et remarque que pratiquement toute la cour s'était attroupée autour de nous, y compris les gars, qui viennent d'arriver et qui me regardent choqués. Il leur faut pas plus de temps pour foncer vers Melia et l'aider, alors que les surveillants cajolent Chloé.

Celui qui me tenait m'entraîne jusqu'au hall et me pousse dans le bureau de monsieur Maurey, qui a l'air plus que remonté.

Tu ne vas pas t'en sortir indemne cette fois, jeune homme, il me gronde quand je m'assois sur la chaise en face de son bureau. Non mais ça va pas ou quoi ? Il fait les cent pas, peut-être pour ne pas m'en foutre une. Je croise les bras et m'enfonce dans ma chaise de manière insolente. Frapper une fille ? Qui ne t'avais rien demandé en plus ? Je me retiens même pas de lever les yeux au ciel. Tes parents seront au courant. Je vais les appeler.

Mon corps se tend immédiatement. Quel batard. J'essaye de protester pour avoir au moins mon mot à dire mais il pose violemment ses deux mains à plat sur le bureau et se penche vers moi.

— Ils seront convoqués, et je leur ferais part de toutes tes idioties. Non mais sérieusement, Mathieu. Ton comportement, on en a ras le bol, il hurle. Tous les professeurs se plaignent. Tous ! Y'en a pas un qui m'a venter ton attitude. Tu fais chier tout le monde ici ! Je comprends pas comment tes parents te supportent si c'est aussi comme ça à la maison ! Je baisse les yeux. La dernière fois, je t'avais prévenu, pourtant, non ? Une autre bêtise et ce sera fini pour toi. Il sourit. Je vais demander un conseil de discipline. Mes poings se serrent. Et puis, je vais te rajouter quelques heures de colle.

Il s'assoit et pianote sur son clavier. Quelques secondes passent avant qu'il ne reprenne la parole.

J'ai vu que tu finissais à 15h aujourd'hui. Il se tourne vers moi. Eh bien, je pense que tu vas pouvoir rester en permanence encore deux heures. Pendant ce temps, tu pourras réfléchir aux conséquences de tes actes. Il me fais signe de partir en balayant l'air de sa main.

Je serre la mâchoire, et sors du bureau. Le surveillant qui me tenait tout à l'heure me lance un sourire narquois et me tend mon sac que j'avais laissé à notre banc tout à l'heure. Je file en permanence où tous les élèves sont déjà installés, puisque ça a sonné depuis quelques temps déjà.

Des gens me regardent avec dégoût et d'autres avec haine, mais j'en ai absolument rien à foutre. Je m'installe à la table la plus au fond possible, et mets ma capuche.

Pruski ! M'interpelle le surveillant. Au travail. Il s'avance vers moi et me tend un bout de papier avec des consignes. Alors que je pensais que ça allait être des exercices, il dit : 500 lignes à copier. « Je respecte mes camarades et n'utilise pas la violence pour satisfaire mes pulsions d'adolescent immature. »

Toute la salle explose de rire tandis que je sors juste une feuille et un stylo et commence à copier, gardant ma haine pour moi. J'ai juste envie de les tabasser un par un mais bon, j'vais juste faire ma victime et tous les insulter intérieurement.

*****

— À demain Pruski.

Le surveillant me sourit hypocritement et me laisse enfin de la salle de permanence, après m'avoir obligé à ramasser toutes les boulettes de papier qui traînaient. Parce qu'apparemment, c'est moi qui les aurais lancées. Alors que j'étais assis sagement au fond en train de recopier ma putain de punition et que c'est ces clébards de quatrièmes qui ont foutu le bordel.

Je monte dans le bus après avoir un peu couru derrière pour pas le louper et une fois assis, j'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles.

Salif me détend juste un peu jusqu'à ce que je remarque que je suis arrivé à mon arrêt. Je descends du bus et rentre dans mon bâtiment.

Quand je pousse la porte de l'appartement, seul le silence m'accueille. J'ose alors m'aventurer dans le salon.

Et c'est quand je vois mon père, assis dans le canapé, le visage furieux et tous ses muscles contractés, que je comprends que monsieur Maurey les a déjà appelés. Il a pas perdu de temps, c'batard. Mon père plante ses yeux enragés dans les miens, serre ses poings et se lève.

Je vais me faire défoncer.

𝑮𝒓𝒂𝒏𝒅𝒔 𝒆𝒏𝒇𝒂𝒏𝒕𝒔 ~ 𝑷𝑳𝑲Où les histoires vivent. Découvrez maintenant