Chapitre 22

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Melia

Samedi 4 février 2012 ~ Clamart

Accoudée à la barrière qui borde le terrain, je me frotte les paumes pour tenter de réchauffer mes mains gelées. Je les regarde se passer la balle en courant, concentrés dans leur activité. J'ai pas trop suivi le score, mais je crois qu'on perd, vu la gueule que tirent les supporters de Clamart et les hurlements plus qu'heureux des spectateurs de Châtillon.

Je reste quand même concentrée sur les mouvements des joueurs, fluides et agréables à observer. Mis à part les hurlements des gens qui regardent le matchs et les insultes lancées un peu au hasard, l'ambiance est plaisante.

Jusqu'à ce qu'un des joueurs de Châtillon tacle un peu violemment un de ses adversaires. Ce dernier s'écroule par terre en se tenant la cheville et roule dans tous les sens. Les supporters hurlent et les joueurs sur le terrain s'attrapent tous par le col. Quelques spectateurs rentrent sur le terrain pour s'en mêler, mais ils sont très vite rejoins par pratiquement tous le public.

La scène devient rapidement un bordel astronomique, où ça hurle et ça pousse, et je peine à retrouver mes amis de vue parmi la foule.

Les arbitres improvisés tentent tant bien que mal de gérer tout ça. Les pauvres, je les plains. Ils s'égosillent et souffle fort dans leur sifflet, pour essayer de se faire respecter.

Finalement, après une dizaine de minutes, les supporters retournent à leur place, non sans insulter quelques générations au passage, et le match se poursuit. Sans le joueur taclé bien évidemment, qui finit sur le banc à cause de sa cheville douloureuse.

Putain, rage Rayan en sortant du terrain, le match enfin terminé, pour le plus grand bonheur de mes mains complètement frigorifiées.

Ils méritent pas, ces chiens.

Je les regarde lancer des injures à tout va, silencieuse. Moi, ça me passe un peu au dessus, tout ça. Ça a jamais été mon point fort, le sport. Je cours, et c'est tout.

J'aime trop courir, mes écouteurs dans les oreilles. Mes pieds m'emmènent je sais pas trop où à chaque fois, si bien que je finis souvent paumée. Mais je me sens bien, quand je cours. C'est une sorte de bulle que je me créer et qui empêche tous mes malheurs quotidiens d'envahir mon cerveau au moins le temps de ma course.

On va graille ? Lâche Marcel. J'ai la dalle.

— Grave.

— J'ai pas de thune, les gars, prévient Hugo.

Tranquille, v'nez chez oim, propose Moctar. Y'a sonne-per.

Tout le monde approuve et on se dirige vers son bâtiment, qui se trouve pas très loin du terrain. Je réajuste mon écharpe et fourre mes mains dans mes poches, complètement gelée.

— J'ai archi froid wesh, Mathieu râle.

— T'avais qu'à prendre une veste, Elie se prend un regard noir de la part du polonais.

— Vraiment, et puis moi ça fait deux heures que j'ai froid et je me plains pas hein, j'ajoute.

— Bichette.

𝑮𝒓𝒂𝒏𝒅𝒔 𝒆𝒏𝒇𝒂𝒏𝒕𝒔 ~ 𝑷𝑳𝑲Où les histoires vivent. Découvrez maintenant