Chapitre 23

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Melia

Lundi 6 février 2012 ~ Clamart

D'un geste las, j'enfile mes chaussures et boutonne ma veste.

Je me sens mal.

Je me sens mal parce qu'hier je devais rejoindre les garçons pour qu'on sorte tous ensemble, mais j'y suis pas allée. J'ai pas eu le courage. Et je leur ai même pas envoyé un seul message pour excuser mon absence ou pour les prévenir.

Alors je me sens mal parce qu'ils m'en veulent sûrement, et j'aurais même pas la force de leur expliquer. Depuis avant-hier, j'ai envie de rien faire à part pleurer, en fait. Et le truc c'est que je sens déjà les larmes menacer de couler alors que je suis même pas partie de chez moi.

Alors je ferme les yeux et inspire, espérant chasser mes cauchemars et me réveiller il y a deux jours, comme si tout ça n'était qu'un mauvais rêve.

Sauf qu'en rouvrant les yeux, j'ai juste envie de fondre en larmes. Mais si je continue sur cette lancée je vais louper mon bus et ajouterais un retard à la liste de tous ceux que j'ai accumulés depuis le début de l'année, qui est déjà assez conséquente. On va éviter d'apporter encore plus de problèmes à maman.

Je rejoins donc l'arrêt de bus en respirant profondément pour me calmer.

Coucou, ma voix est à peine audible, et les garçons ne semblent pas m'avoir entendu. Coucou, je répète après m'être raclé la gorge.

Sauf qu'ils ne relèvent même pas la tête de leur téléphone. Je baisse la mienne, en me pinçant les lèvres, sentant mes yeux me piquer.

Pourquoi t'es pas venue hier Melia ? Lâche soudainement Moctar, sous le regard noir du polonais. Genre c'était prévu et tout, tu nous as mis un plan là.

— J'ai eu des complications, je relève la tête et souris en essayant au maximum de camoufler mes yeux humides, désolée de pas vous avoir prévenus. C'était pas cool.

Il hoche simplement la tête mais le brun plante ses yeux dans les miens, décidé à ne pas me laisser tranquille comme l'a fait son ami.

Y'avait quoi ?

Ma voix se bloque à cause du noeud dans ma gorge.

Je... C'est-

J'ai pas le temps de finir ma phrase que les collégiens de notre arrêt nous bousculent pour rentrer dans le bus qui venait d'arriver.

Je respire un coup en montant dans le véhicule. J'ai réussi à l'esquiver. Mais je sais que je pourrais pas le faire indéfiniment, vu comment il me fixe actuellement. J'ai l'impression de pouvoir céder à tout moment, sous son regard. C'est trop.

Alors je l'évite jusqu'à ce qu'on arrive au collège. Le trajet s'est fait en silence, même si Moctar tentait d'alléger l'atmosphère de temps en temps avec une blague stupide comme il aime faire. Mais rien n'y faisait. Le regard du brun m'obligeait à recentrer toute mon énergie pour ne pas pleurer.

L'air frais qui frappe mon visage quand je sors du bus m'aide à mieux respirer, moi qui étouffais.

Bon, à toute, lance Moctar. On se retrouve à la récré. Et il s'éloigne, nous laissant seuls tous les deux.

On entre dans notre salle en silence et la prof nous donne directement des sujets de rédaction. Elle nous avait pas prévenus. Mais je vois tous les élèves concentrés et en train d'écrire des pavés. Alors je tente de faire de même.

𝑮𝒓𝒂𝒏𝒅𝒔 𝒆𝒏𝒇𝒂𝒏𝒕𝒔 ~ 𝑷𝑳𝑲Où les histoires vivent. Découvrez maintenant