Chapitre 21

390 27 24
                                    

Melia

Jeudi 5 janvier 2012 ~ Clamart

Je suis Mathieu à travers le flot de collégiens qui sortent du collège pour la pause du midi. Aujourd'hui y'a le self qui est fermé à cause de la grève du coup tous les élèves doivent manger dehors.

Avec les gars on a tous deux heures de trous donc on va ensemble à Oui Chef, le kebab de Clamart préféré de la bande. En plus, le cuistot connaît bien les gars, donc il pourra nous faire un petit prix puisqu'il sait très bien que c'est la galère.

Je tente alors de suivre la cadence du Polak qui se faufile entre les gens entassés dans le hall. Mais d'un coup, mes pieds s'emmêlent contre mon gré et je me ramasse par terre. Je me préparais à insulter Mathieu qui devait être en train de se foutre de ma gueule, mais nan. Quand je relève la tête, je le vois avancer dans la foule. Il ne m'a pas vu tomber et il continue sa course.

Alors que je m'apprêtais à me relever pour le rattraper, j'entends des rires moqueurs derrière moi. Je me retourne pour voir Chloé et toute sa clique qui se foutent ouvertement de ma gueule.

Reste à terre, ma belle, ça te va bien.

Les autres s'esclaffent et elles partent vers la sortie non sans me shooter dedans en passant. Je ravale les larmes qui menaçaient de couler et me redresse vite fait pour rejoindre les gars qui doivent m'attendre.

J'époussette mes vêtements et force mon sourire quand j'arrive près d'eux.

Qu'est-ce t'as foutu ? Me demande Mathieu. J'tai perdu de vu.

— J'arrivais plus à avancer, je mens, y'avait trop de monde.

Je le vois ouvrir la bouche mais il n'a pas le temps de dire quoi que ce soir qu'il est interrompu par Moctar qui déboule, tout heureux.

On y va les gars ? Il dit puisque maintenant qu'il est là, le groupe est au complet. J'ai trop de trucs à vous raconter, la vie d'ma mère vous allez être choqués.

On se dirige alors vers l'arrêt de bus, en écoutant notre ami déblatérer sur les trucs qui se sont passés pendant son heure d'anglais.

J'écoute que d'une oreille, trop perturbée par ce qu'il s'est passé tout à l'heure.

Les filles m'ont jamais fait ça. Elles m'ont humiliée et rabaissée maintes et maintes fois, certes, mais elles en sont jamais arrivées à la violence physique. Et j'ai peur que ça empire.

Je sais pas pourquoi elle me déteste tant, je leur ai rien fait, en soit.

Et je sais très bien qu'elles n'arrêteront pas de si tôt, puisque ça vient juste de commencer. Je connais le cycle, je l'ai déjà expérimenté l'année dernière. Ça commence par des remarques blessantes et de l'humiliation en public, et après ça devient plus physique et plus dur à encaisser.

Mais arrête de mentir, jamais elle aurait fait ça, lâche Marcel.

Mais si ! J'te jure c'est vrai ! Les' secoue la tête, n'ayant pas l'air de le croire. Vas-y, comme tu veux mais la vie tu peux demander à toute la classe que c'est vrai.

— Mais gros, Clémentine c'est la meuf la plus silencieuse que je connaisse. Il dit en montant dans le bus qui vient d'arriver. C'est impossible qu'elle ait fait ça.

— Elle a fait quoi ? Je demande à Rayan qui suivait la discussion, silencieux.

Askip elle a quitté Romain devant toute la classe, il hausse les épaules, désintéressé. Elle lui a hurlé dessus d'après Moctar et elle s'est barré en pleurant.

𝑮𝒓𝒂𝒏𝒅𝒔 𝒆𝒏𝒇𝒂𝒏𝒕𝒔 ~ 𝑷𝑳𝑲Où les histoires vivent. Découvrez maintenant