chapitre 18

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Jone : Je me maudis.

Elle reprit sa main.

Becka : Tu n’es pas entièrement responsable, finalement.

Il fut choqué.

Jone : Que veux-tu dire ?

Becka : J’ai une part de responsabilité dans mon malheur.

Jone : J’ai du mal à comprendre.

Elle s’assit sur le sol et il en fit de même. Il était proche d’elle et pouvait sentir sa mélancolie. Il préféra la laisser prendre son temps pour parler. Elle ne lui parlait plus vraiment. Elle répondait aux questions et, quand elle pouvait éviter, elle le faisait.

Becka : J’aurais dû savoir ce qui allait se passer. Après tout, c’était évident.

Jone : Explique-moi, s’il te plaît, j’ai du mal à comprendre.

Elle le regarda quelques secondes. Elle avait de la peine pour lui ; aussi étrange que cela puisse être, c’était le cas.

Becka : Tu es le frère de notre seigneur. Tu es haut placé et un guerrier de mérite. Comment aurais-tu pu coucher avec moi ? C’était… impossible. Et puis finalement, ce n’était qu’une partie de baise, comme tu l’avais si bien dit.

Jone : Je regrette chaque mot.

Elle fit un mouvement de la tête.

Becka : Je ne regrette pas d’avoir eu mon premier rapport avec toi, mais je regrette d’avoir été un numéro dans une longue liste de femmes.

Il mit sa main sur la sienne.

Jone : Tu n’es pas un numéro. Jamais !

Becka : J’ai du mal à te croire. Je suis inutile dans ce clan depuis toujours. Nala… c’était ma seule famille. Je n’ai aucun pouvoir…

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’il prit sa tête et l’embrassa. Elle ne bougea pas, elle sentit les mains de l’homme sur ses joues. Il continua de l’embrasser un petit moment et mit son front sur le sien.

Jone : Tu es mon âme sœur, ma femme, mon unique. Tu ne seras jamais seule. Ne me crois pas, tu en as le droit, mais c’est la vérité. Je ressens ton désespoir et cela m’anéantit.

Il ferma les yeux et, quand il les rouvrit, elle put voir une larme couler. Il pleurait pour elle. Elle était si choquée qu’elle ressentit quelque chose au niveau de son cœur. Elle qui avait continuellement froid ressentait quelque chose de presque tiède. De sa main, elle sécha sa larme avec son doigt. Ses yeux étaient pleins de tristesse au point qu’elle en eut le cœur fissuré. Était-ce possible ? Il était inactif depuis si longtemps.

Jone : Je t’en prie, crois-moi.

Becka : Je… je te crois.

Ses yeux s’illuminèrent. Elle mentait, mais elle était touchée par sa détresse et ne voulait pas en être responsable.

Becka : J’aimerais rentrer, je suis fatiguée et j’ai froid.

Jone : Bien sûr, min kon.

Il l’aida à se relever et l’emmena dans sa suite. Quand elle ouvrit la porte, elle fut surprise de voir des fleurs partout, des agapanthes violettes mélangées à des tulipes blanches. Elle entra et se mit à sourire. Elle se retourna pour le voir.

Jone : Ça te plaît ? Je l’ai fait pour toi.

Becka acquiesça.

Becka : C’est… magnifique, merci.
Il s’approcha d’elle, prit sa main dans la sienne et l’embrassa.

Jone : Va prendre une douche et couche-toi après. Tu as besoin de te reposer.

Becka : Et toi ? Tu vas où ?

Elle fut surprise de vouloir le savoir et surtout surprise de vouloir qu’il reste.

Jone : Je t’attendrai.

Elle prit un pyjama noir dans le tiroir de la commode. Elle alla dans la salle de bain et ferma la porte. Elle s’adossa à celle-ci quelques secondes en fermant les yeux. Elle soupira et se regarda dans le miroir. Elle avait rougi ; elle toucha ses lèvres. Elle n’avait pas froid à cet Endroit. C’était étrange, surtout après l’avoir vu pleurer. Lui, le grand guerrier demi-démon. Une partie d’elle, une très grande partie d’ailleurs, lui en voulait. Mais il fallait croire qu’une autre partie le voulait toujours. Étrangement, elle pensait que son cœur était mort.
Mais cette larme, pour elle, lui avait donné comme une impulsion à l’intérieur de sa poitrine. Elle fit couler l’eau et se mit sous le pommeau de douche. L’eau très chaude dégoulina sur son corps froid. Elle se rhabilla et sortit de la salle de bain. Jone était assis sur le bureau et la regarda avec un léger sourire.
Jone : Je vais prendre une douche.
Elle acquiesça et s’allongea sur le lit. Elle remonta la couverture et regarda sur le sol le lit de fortune que Jone avait fait. Il dormait dessus depuis des semaines. Il lui laissait son espace et, jusqu’ici, c’était très bien. Mais elle se surprit à songer à son bien-être ; il avait peut-être mal au dos ? C’était un petit matelas avec une couverture et un coussin. Cela n’avait pas l’air confortable, mais il ne s’en était jamais plaint. Il sortit de la salle de bain, portant un bas de pyjama gris et étant torse nu. Quelques gouttes d’eau dégoulinaient encore sur son corps musclé. Elle se mit à le scruter, et quelques images de leur soirée torride lui revinrent en mémoire, au point d’en être rouge comme une pivoine. Il se retourna et la regarda.

Jone : Tu vas bien ? Tu es rouge.

Becka : Oui, ça va.

Jone : J’éteins la lumière.

Becka s’assit.

Becka : Attends.

Il la regarda un moment. Il y eut un silence et, comme elle ne parlait pas, il s’approcha du lit et s’assit dessus. Il fut surpris de la voir prendre sa main.

Becka : Tu… tu peux dormir avec moi ce soir ?

Quelle joie de l’entendre murmurer cette phrase. Il prit sa main, la rapprocha de ses lèvres et lui fit un bisou dessus.

Jone : Ce serait un honneur.

Elle se mit à sourire. Il se releva pour éteindre la lumière. Il s’approcha du lit et souleva les couvertures pour la rejoindre à l’intérieur. Elle s’approcha de lui et le prit dans ses bras. C’était un rêve. Il sentit sa poitrine cogner tellement il était heureux de la sentir si près de lui. Il pensait qu’elle le rejetterait, il pensait que c’était fini. Et il était dans ses bras ; son odeur, sa douceur, tout en elle le rendait fou d’amour.
Jone : Merci de ne pas m’avoir rejeté.
Elle ne dit rien ; il profita d’être dans ses bras pour plonger son nez dans ses longs cheveux et humer son odeur de framboise.
Jone : Tu sens tellement bon. J’aime ton odeur.
Il l’entendit inspirer et expirer en toussotant légèrement. Il s’inquiéta.

Jone : J’espère que tu n’as pas attrapé froid.

Elle toussa encore ; il se recula et elle s’assit sur le lit pour tousser encore et encore.
Il mit sa main sur son épaule, plus inquiet que jamais.
Jone : Est-ce que tu vas bien ?
Quand elle posa son regard sur lui, elle vit de l’inquiétude. Pour elle ? Étrange.

Becka : Non, enfin si, ça va, c’est normal.

Elle se rallongea et il se pencha vers son visage.

Jone : Est-ce que tu en es sûre ?

Becka acquiesça. Mais elle voyait bien qu’il ne la croyait pas vraiment. Elle se permit de mettre sa paume sur sa joue. Il ferma les yeux un instant.

Becka : Ça va.

Jone : Tu ne me le dirais pas si ça n’allait pas, n’est-ce pas ?

C’était vrai. Il en fut peiné. Ils s’endormirent dans les bras l’un de l’autre.

MIN SJEL (Mon âme)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant