chapitre 14

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Rick attrapa Luna par le bras et l’emmena hors de la pièce. Jone tenta de calmer Becka, qui continuait à respirer difficilement, tremblant de tout son être.

Jone : Ça va aller, min kon, murmura-t-il en essayant de la réconforter.

Becka : Il… il l’a tuée, balbutia-t-elle, les larmes coulant sur ses joues.

Jone : Je sais, mais il…

Elle plaqua une main sur sa bouche, essayant de contrôler sa panique, mais en vain. Jone prit son visage entre ses mains, la forçant à le regarder.

Jone : Regarde-moi, ordonna-t-il avec douceur.

Elle le fit, bien que tremblante de peur.

Becka : Je suis finie… tout est terminé, murmura-t-elle.

Jone : Je ne comprends pas, répondit-il, confus.

Becka : C’était ma seule famille… Je suis seule maintenant… seule, répéta-t-elle, brisée.

Jone : Stop ! s’exclama Jone, refusant de la laisser sombrer.

Son ton était assez rauque, presque comme si son démon allait sortir. Il avait les sourcils froncés, et cela la stoppa. Plus de tremblements. Elle avait les mains sur ses poignets, qui tenaient toujours son visage.

Jone : Tu ne seras plus jamais seule. Jamais. Déteste-moi autant qu’il te soit possible de le faire, min kon. Mais jamais, jamais je ne te laisserai tomber. Jamais.

Elle aurait voulu le croire, son regard semblait sincère. Mais elle n’oublierait pas qu’il ne voulait pas d’elle.

Jone : Je sais que je suis une ordure, que je ne te mérite pas. Mais ne crois pas que tu seras seule ni en danger. Je donnerai ma vie pour toi.

Elle dévia son regard sur le côté. Ses mots étaient si puissants. Si son cœur n’était pas si froid, cela l’aurait peut-être touchée.

Jone : Tu me crois ?

Elle préféra acquiescer.

Jone : Très bien. Il faut que tu te reposes maintenant.

Becka : Attends.

Il la regarda, ses yeux brisés étaient si intenses qu’il ressentit un frisson glacial parcourir sa poitrine.

Becka : Où est son corps ?

Jone : Je l’ai fait enterrer.

Elle ferma les yeux une minute. Non, elle ne pleurerait pas devant lui.

Jone : Ne t’inquiète pas, min kon, j’ai demandé à un passeur d’âmes de faire son travail.

Elle fut rassurée : au moins son âme serait protégée. Elle se permit de le prendre dans ses bras. Il fut tellement surpris qu’il n’eut pas le temps de l’entourer de ses bras qu’elle se recula.

Becka : M… merci pour ça.

Jone : Allez, viens, tu dois vraiment te reposer.

Becka : Ça va, je ne suis pas fatiguée.

Il inspira. Elle soupira à son tour. Il se mit à sourire ; elle ne pouvait nier qu’il était très séduisant.

Jone : Ma petite rebelle.

Elle leva les yeux au ciel.

Jone : Je sais, je t’agace.

Il voulut lui prendre la main pour la diriger à l’extérieur, mais elle la retira avant même qu’il ne la touche. Oui, il l’avait aidée, ou du moins aidé sa cousine à sauver son âme, mais il ne serait pas pardonné pour autant. Une fois dans la suite de Jone, elle s’assit sur le lit et inspira. Il la regarda. Elle était si triste, ses yeux ternis à cause de lui. Il partit sans un mot.
Quand il ferma la porte, elle se mit à sangloter. Elle s’allongea sur le lit et se mit en position fœtale. Elle pleura tellement qu’elle en avait des contractions dans le ventre. Sa vie avait toujours été difficile. Seule humaine d’une lignée de sorciers, rejetée par ses parents, élevée par sa tante, humiliée par le clan : comment aurait-il pu en être autrement ? Quand elle était petite, sa cousine la défendait toujours. Elle l’avait prise sous son aile et était devenue comme une sœur. Mais en grandissant, une distance s’était formée entre elles. Becka n’avait jamais compris le déclencheur, mais elle était devenue froide et méchante parfois. Ça avait duré des années, c’était même elle qui avait donné le surnom « Bouboule ». Mais Becka s’était toujours sentie redevable. Après tout, elle l’avait défendue, et méritait-elle réellement la mort ? Certainement pas ; être bannie du clan aurait été ce qu’elle aurait voulu. Mais Rick était le seigneur, et il protégeait son âme sœur. Elle n’était pas rejetée, elle, et tant mieux d’ailleurs. Cet état était dur à supporter, surtout à certains moments, quand les suffocations venaient sans prévenir. Cette sensation de se noyer et de manquer d’air. Elle s’endormit d’épuisement.
Rick et Luna étaient dans sa chambre. Elle avait les yeux baissés et s’assit doucement sur le lit.
Il s’approcha tout doucement. Il soupira, et elle leva les yeux vers lui.

Rick : Je suis désolé que tu aies entendu ça.

Elle ne dit rien. Il s’assit sur le lit à son tour.

Rick : Je dois faire régner l’ordre, et parfois la force est nécessaire. Mais sache que jamais je ne te ferai de mal. Ça m’est impossible.

Elle eut de la peine. Il sentit sa main prendre la sienne. Elle la dirigea sur sa joue et ferma les yeux.

Luna : Je sais.

Il la regarda ; quand elle lâcha sa main, trop tôt à ses yeux, il la pris et la posa sur sa joue.

Rick : N’aie pas peur de moi.

Elle lui sourit.

Luna : Bien sûr que non.

MIN SJEL (Mon âme)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant