MIN SJEL (Mon âme)

chapitre 24

Le temps passa et la situation s’aggrava pour Luna, qui n’était plus que l’ombre d’elle-même. Becka restait continuellement à ses côtés pour la surveiller, veillant sur elle jour et nuit. Jone, quant à lui, avait repris le contrôle du clan, laissant les guerriers rechercher son frère. Habituellement, il avait un lien mental avec Rick, mais depuis des mois, ce lien s’était rompu. Personne ne savait où il était ni ce qu’il se passait. C’était comme si son existence avait cessé, au grand désespoir de Jone.
Luna, autrefois pleine de vie, errait maintenant comme une âme en peine. Ses yeux, autrefois brillants, étaient ternes et vides. Elle passait ses journées à fixer l’horizon, espérant apercevoir une silhouette familière. Becka faisait de son mieux pour la réconforter, mais rien ne semblait pouvoir combler le vide laissé par l’absence de Rick. Jone, malgré son rôle de chef, ne pouvait s’empêcher de ressentir une profonde tristesse. Chaque jour, il envoyait des éclaireurs dans la forêt sombre, mais ils revenaient toujours les mains vides. Le lien mental qu’il partageait avec son frère lui manquait cruellement. Il se sentait impuissant, incapable de protéger ceux qu’il aimait le plus. Les membres du clan murmuraient entre eux, inquiets pour leur chef et pour Luna. Ils savaient que la disparition de Rick pesait lourdement sur leurs cœurs. Pourtant, ils continuaient de chercher, refusant d’abandonner l’espoir de le retrouver.
Un soir, alors que la lune était haute dans le ciel, Jone se tenait seul sur une colline, regardant les étoiles. Il ferma les yeux et tenta une fois de plus de se connecter mentalement avec Rick. Mais, encore une fois, il ne ressentit rien. Une larme solitaire coula sur sa joue. Il murmura dans le vent : « Rick, où es-tu ? »
Il sentit alors une main douce se poser sur son épaule. Il se retourna et vit sa bien-aimée, le regard empli de tristesse pour lui. Elle le prit dans ses bras, le serrant contre elle.

Becka : Je suis là, amour.

Elle le réconforta avec des mots doux, lui rappelant qu’il n’était pas seul dans cette épreuve.

Becka : Rick est fort, tout comme toi, dit-elle. Nous devons garder espoir. Les guerriers le retrouveront, et il reviendra sain et sauf.

Jone, réconforté par sa présence et ses paroles, sentit un peu de la lourdeur dans son cœur s’alléger. Il savait qu’il devait rester fort pour son clan, pour Luna, et pour lui-même. Ensemble, ils regardèrent les étoiles, trouvant un peu de paix dans la nuit sombre.
Le lendemain, Becka était dans la nouvelle chambre de Luna. Elle avait dû en changer car, dans un excès de colère, Luna avait détruit celle qu’elle occupait avec Rick. C’était la dernière fois qu’elle avait eu un comportement normal. Depuis, elle était différente, comme si elle n’était plus vraiment là. La nouvelle pièce possédait un lit, mais Luna n’y dormait jamais. Elle s’allongeait sur le sol, entourée de nombreuses couvertures et de draps qu’elle avait accrochés aux murs comme une sorte de bouclier. Elle pouvait rester allongée silencieusement pendant des heures, regardant ses mains bouger. Parfois, elle se regardait dans le miroir et parlait d’un médaillon, de la lune et d’une maison. Becka était inquiète et ne savait pas vraiment quoi faire. Luna ne supportait la présence de personne à part Becka et Jone. Becka passait ses journées à veiller sur elle, essayant de trouver des moyens de la réconforter et de la ramener à la réalité. Mais le temps passait, et elle y croyait de moins en moins. Elle entra dans la pièce et posa le plateau de nourriture : une soupe aux légumes et du thé. Luna la regarda et s’assit sur le sol. Becka s’approcha avec la soupe et lui mit la cuillère devant la bouche.

Becka : C’est de la soupe aux légumes.

Luna : C’est empoisonné ?

Becka lui sourit, habituée à cette question qu’elle posait depuis des semaines.

Becka : Non, ce sont des légumes, ça te fera du bien.

Luna ouvrit la bouche et mangea quelques cuillères. Becka lui donna le thé. Luna trempa ses lèvres et le repoussa.

Luna : J’ai perdu les clés de la raison.

Becka sourit toujours et posa sa main sur son épaule.

Luna : Je t’aiderai à les retrouver.

Luna regarda ses mains et allongea ses bras au-dessus d’elle. Elle s’allongea et observa ses doigts bouger. Becka souffla légèrement ; elle se devait d’être forte pour elle, pour son âme sœur.
Jone était dans son bureau, ou plutôt celui de Rick. Il cherchait des informations ou des idées pour retrouver son frère, mais c’était difficile. La porte s’ouvrit et son bras droit, Simon, entra. Il lui dit qu’il devait aller dans une taverne. Il avait reçu un message dans un songe. Un guerrier avec quelques pouvoirs. Cela faisait plusieurs nuits qu’il voyait cet endroit.
Peut-être un indice. Il voulait avoir l’aval de son ami pour s’y rendre. Bien sûr, Jone accepta. Comment faire autrement ? Il était perdu et n’avait plus de solutions. Il avait une totale confiance en Simon. C’était son partenaire de guerre depuis plusieurs siècles déjà. Il avait été là pour lui et son frère. Son seul problème était les femmes. Il les utilisait pour son bien-être physique et c’est tout. Celles qui tombaient amoureuses de lui savaient qu’elles n’auraient absolument rien de lui. Il prit la route pour trouver la taverne en question. Il se laissa guider par une odeur de mangue fraîche ; plus il la sentait, plus il se rapprochait du but.
La taverne se trouvait au milieu d’une forêt perdue, un bâtiment ancien en bois sombre, avec des fenêtres étroites et des volets usés par le temps. À l’extérieur, une enseigne en fer forgé grinçait doucement sous l’effet du vent, représentant un dragon crachant du feu. L’intérieur était faiblement éclairé par des chandelles vacillantes, créant une ambiance mystérieuse et intime. Les murs étaient ornés de trophées de chasse et de cartes anciennes, témoignant des nombreuses histoires et légendes qui avaient été racontées ici. Des tables en bois massif étaient dispersées dans la salle, certaines occupées par des groupes de voyageurs et d’aventuriers discutant à voix basse. Au fond de la pièce, un grand comptoir en chêne était tenu par un tavernier robuste, au visage buriné par les années.
L’air était imprégné d’une odeur de bière, de ragoût et de fumée de cheminée. Un feu crépitait dans l’âtre, ajoutant une chaleur bienvenue à l’atmosphère. Dans un coin, un barde jouait doucement de la lyre, sa musique se mêlant aux murmures des conversations. Simon s’avança près du tavernier et s’assit sur une chaise. Il sentait toujours cette odeur enivrante. Le tavernier s’approcha de lui et lui dit d’une voix rauque :
… : Elle t’attend au premier étage, dans la chambre du fond.
Simon fronça les sourcils et acquiesça. Il ne savait pas qui c’était, mais il y alla. Plus il avançait, plus l’odeur devenait forte. Il ouvrit la porte de la chambre et fut choqué par ce qu’il vit. La chambre était faiblement éclairée par des bougies vacillante, projetant des ombres dansantes sur les murs. Les murs étaient recouverts de tentures sombres, ornées de symboles mystiques et de runes anciennes. Au centre de la pièce, un cercle de craie blanche était tracé sur le sol, entouré de bougies et d’herbes séchées. L’air était imprégné d’une odeur enivrante, celle de la femme qui l’avait guidé jusqu’ici, créant une atmosphère à la fois apaisante et mystérieuse. Au milieu de ce cercle se tenait une femme petite et délicate, vêtue d’un kimono blanc immaculé.
Ses cheveux longs et raides, d’un blanc éclatant, tombaient en cascade jusqu’à sa taille. Ses yeux, d’un gris rappelant la lune, brillaient d’une lueur énigmatique. Sa peau pâle, semblable à celle d’une poupée de porcelaine, ajoutait à son apparence éthérée et surnaturelle. Simon s’approcha lentement, fasciné par cette vision. Il ferma la porte derrière lui, le cœur battant, prêt à découvrir les secrets que cette femme mystérieuse semblait détenir. Elle leva ses deux bras.

Zaya : Simon, je t’attends depuis ce qui me semble des siècles.

Il était obnubilé par sa vision féerique.

Simon : Qui es-tu ?

Zaya se retourna pour regarder la lune.

Zaya : Je suis Zaya, l’une des filles de la lune.