MIN SJEL (Mon âme)

chapitre 15

Les jours passèrent et Becka était toujours aussi triste. Luna apprenait à connaître son âme sœur et les sentiments apparaissaient. Quant à Jone, il essayait toujours de prouver à Becka qu'il l'aimait.
Luna était avec Rick ; il l'avait emmenée dans la forêt. Elle inspira l'odeur de la nature et était heureuse de pouvoir le faire. Une étendue d'arbres verdoyants et des fleurs blanches et violettes. Elle se baissa et prit une fleur. Elle se retourna pour le voir.

Luna : Elle est jolie ?

Rick : C'est toi qui l'es.

Elle se mit à rougir. Il s'approcha d'elle et lui glissa la fleur sur l'oreille. Elle ne bougeait pas. Il sentait divinement bon, une odeur de musc. Ses cheveux noirs corbeau et ses yeux noirs sur son visage au teint mulâtre donnaient à son visage une certaine perfection. Dans le monde des humains, il poserait pour les plus grandes marques, et les femmes se l'arracheraient. À son contact, son corps montrait un besoin de le sentir encore plus près d'elle. Elle se reprit timidement.

Luna : Il va falloir que j'en cueille une pour Becka.

Rick : Tu es trop mignonne.

Elle se baissa et en prit une autre. Elle la lui montra.

Luna : Celle-là ?

Rick : Tu l'aimes beaucoup, n'est-ce pas ?

Elle devint sérieuse.

Luna : Bien sûr, elle m'a tellement aidée. J'étais seule et...

Elle ferma les yeux un moment. Rick se rapprocha plus près d'elle et la plaqua contre son torse.

Rick : Tu n'es plus seule. Tu m'as moi.

Pour la première fois, il sentit ses bras enlacer son torse. Il plongea son nez dans ses cheveux et inspira son odeur si attrayante : des fruits rouges.

Luna : On peut aller lui donner la fleur ?

Il la regarda ; elle avait la tête en arrière tant il était grand. Elle le regardait et il était fasciné par ses yeux. Comment avait-il pu vivre sans voir son regard si magnifique ? Son corps ne vivait que pour elle, son esprit lui appartenait. Et pourtant, il ne la connaissait que trop peu.
Mais aucunement le besoin d'en savoir plus pour être éperdument amoureux d'elle.

Rick : On y va, tu vas attraper froid sinon.

Elle lui sourit ; il prit sa main dans la sienne, et comme à chaque fois qu'il la touchait, elle sentit un frisson la parcourir délicieusement. Ils traversèrent la cour, et pour la première fois, elle vit certains membres du clan : des guerriers qui se battaient à mains nues, des sorciers qui faisaient des sorts, quelques femmes discutant. Elle baissa les yeux quand elle entendit :

Rick : Ne baisse pas les yeux, min sjel. Jamais.

Luna : Je... je suis mal à l'aise.

Il s'arrêta brusquement et elle le bouscula. Il releva son visage avec sa main ; il avait les sourcils froncés.

Rick : Tu n'as pas à l'être. Ici, tout le monde te doit le respect. Personne ne sera jamais désobligeant envers mon âme sœur.

Elle acquiesça et ils rentrèrent. Ils montèrent les escaliers ; il ne lâcha pas sa main une seconde.
Elle continua de marcher sans poser de questions. Ils s'arrêtèrent devant une porte.

Rick : Je reste avec vous.

Luna : Pourquoi ? Il ne va rien m'arriver avec Becka.

Il soupira.

Rick : C'est comme ça.

Elle avait l'air déçue, et il le vit, mais il ne pouvait faire autrement ; il ressentait le besoin d'être près d'elle. Il frappa à la porte et ils entendirent Jone.

Jone : Entre, Rick.

Il ouvrit la porte et entra dans la pièce, suivi de Luna toujours derrière lui. Elle était comme cachée. Jone était debout, et Becka assise sur le lit, silencieuse. L'atmosphère était étouffante. Il s'approcha de son frère.

Jone : On les laisse un moment entre filles.

Rick fronça les sourcils et n'était pas d'accord.

Rick : Je ne suis pas sûr que...

Il sentit la petite main de Luna prendre la sienne.

Luna : S'il te plaît. Je suis en sécurité ici.

Jone posa sa main sur l'épaule de son frère et lui indiqua de quitter la pièce. Ils allèrent dans le bureau de Rick. Son frère voyait bien son stress ; il se déplaçait nerveusement dans la pièce.

Jone : Calme-toi, Rick, elles sont dans ma suite.

Rick : Je sais, mais...

Il posa sa main sur son front.

Rick : J'ai mis tellement de temps à la trouver, je ne veux pas la perdre.

Jone trouva ça mignon.

Jone : Ici, il ne peut rien lui arriver, tu le sais.

Rick se retourna et son regard devint complètement noir. Quand il repensa à la souffrance de sa bien-aimée, se contrôler était difficile.

Rick : C'est ici qu'il lui est arrivé quelque chose. Je n'étais pas là et toi, tu n'as rien vu !

Jone était mal car c'était vrai.

Jone : Je suis désolé.

Rick : Ce n'est pas suffisant !

Jone : Je sais, je... j'étais trop occupé avec Becka et...

Rick eut du mal à revenir, mais il avait de la peine pour son frère. Il était si triste.

Jone : Je vais devenir fou. Pourquoi je n'ai pas compris ? Pourquoi j'ai fait ça ?

Rick le regarda.

Jone : Tu l'as su tout de suite, toi. Tu savais que c'était elle, et moi non.

Rick : C'est compliqué de le sentir si tu n'y croyais pas.

Jone : Je sais qu'elle souffre à cause de ma stupidité. Je ressens chaque larme, chaque suffocation...

Rick : Arrête de faire ça. Tu te fais du mal. C'est passé, c'est fini. Tu dois continuer et lui prouver que tu as besoin d'elle. Crois-moi, elle a besoin de toi aussi.

Il ferma les yeux un moment.

Rick : Ce soir, il y a un bal.

Jone : Quoi ? C'est une blague ?

Rick : Je ne rigole jamais.

Jone : Ce n'est pas faux. Mais un bal ? Du genre robe de sorcier et robe de soirée ?

Rick haussa les épaules.

Rick : Heureux qu'on ne soit pas des sorciers.

Jone se mit à rire.

Jone : Leur tenue est traditionnelle. Nous, nous n'en avons même pas.

Rick : Heureusement pour nous. Nous sommes les seuls demi-démons. Qui aurait une idée aussi stupide ?

Jone sourit, son frère avait raison.

Jone : Et tu vas réussir à supporter le fait que tout le monde la regarde ?

Il grinça des dents.

Rick : Je ne peux pas l'enfermer dans ma chambre. Et je dois absolument la présenter comme ma compagne.

Jone : Elle est au courant ?

Rick : Pas encore. Si elle décide de me rejeter...

Jone : Arrête, tu es son sauveur.

Rick : Un sauveur demi-démon.

Jone : Oui, mais quand l'un des gardes voulait t'attaquer, elle te l'a dit.

Il avait oublié ce détail. Cela le rassura quelque peu.