Astrid arpentait le long couloir sombre du pensionnat, ses chaussures résonnant faiblement contre les dalles de pierre. La plupart des élèves dormaient encore, recroquevillés sous leurs couvertures dans les dortoirs glacials. Mais elle, elle était éveillée depuis des heures, incapable de trouver le sommeil. Ce n'était pas la première fois. Depuis des mois, elle s'était habituée à ces nuits d'insomnie, à ces moments où son esprit ne cessait de tourner en boucle, repassant les mêmes pensées, les mêmes souvenirs douloureux.
Elle jeta un coup d'œil par la grande fenêtre du couloir. Dehors, la lune baignait le parc désert dans une lumière pâle, presque irréelle. Elle savait que d'ici peu, le jour se lèverait, les autres élèves émergeraient de leur sommeil, et elle devrait enfiler son masque habituel. Faire semblant que tout allait bien. Mais ici, dans cette solitude nocturne, elle pouvait être honnête avec elle-même. Ici, elle pouvait reconnaître qu'elle en voulait à sa mère.
Lydia Deetz. Une célébrité, mais pas n'importe laquelle. Lydia n'était pas seulement une star de cinéma ou une chanteuse à succès. Non, Lydia était connue pour une chose bien particulière : elle voyait les fantômes. Et pas seulement les voir — elle leur parlait, les interviewait même dans son célèbre talk-show nocturne, Au-Delà des Vivants. Les esprits des morts venaient s'asseoir sur son canapé en cuir noir, sous les projecteurs, et discutaient de leur vie après la mort avec une aisance déconcertante.
Le monde entier était fasciné par Lydia. Elle était unique, une sorte de pont entre les vivants et les morts, une célébrité à part. Astrid l'avait vue des dizaines de fois à la télévision, dans des interviews où elle parlait de ses talents avec une assurance presque arrogante. Elle se souvenait encore du jour où Lydia avait révélé au public pour la première fois qu'elle pouvait voir les esprits : c'était après la mort de son père, peu de temps après son enterrement. Astrid avait alors dix ans. Ce jour-là, Lydia avait changé à jamais, et avec elle, leur relation.
La jeune fille atteignit la salle commune du pensionnat, où la lumière était tamisée et douce. Finn était là, assis sur le vieux canapé, une tasse de thé à la main. Il tourna la tête en la voyant entrer, levant un sourcil.
« Toi non plus, tu dors pas ? » dit-il avec une pointe d'humour dans la voix.
Astrid haussa les épaules avant de s'installer dans un fauteuil en face de lui. « On dirait que je ne suis pas vraiment douée pour ça, ces derniers temps. »
Finn acquiesça en silence, son regard bienveillant. Il connaissait bien l'histoire d'Astrid, tout le monde au pensionnat la connaissait. Après tout, être la fille de Lydia Deetz, la femme qui parlait aux fantômes, n'était pas quelque chose qu'on pouvait cacher longtemps.
« C'est encore à cause de ta mère ? » demanda-t-il doucement.
Astrid serra les dents. Oui, c'était toujours à cause de Lydia. Depuis la mort de son père, leur vie avait pris un tournant si étrange qu'Astrid n'avait jamais réussi à retrouver un semblant de normalité. Elle se souvenait des nuits où sa mère restait debout, parlant à des présences invisibles dans la maison. Les lumières qui vacillaient sans raison, les ombres qui semblaient se mouvoir dans les coins des pièces. Puis était venu le moment où Lydia avait décidé d'en faire un spectacle. Elle avait lancé son talk-show, un succès retentissant dès sa première diffusion.
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𝐀 𝐂𝐎𝐄𝐔𝐑 𝐎𝐔𝐕𝐄𝐑𝐓 [RECUEIL DE ONE SHOTS]
ספרות חובביםall the stories deserve to be imagined x one shots