Chapitre 10

20 5 0
                                    

  " Tu n'as qu'à partir si tu y tiens tant. "

Après avoir retrouvé l'usage de mes jambes, j'ai finis par quitter le couloir et me suis directement rendue dans le dortoir. Et cela fait deux bonnes heures que je suis assise dans le noir à contempler le sol poussiéreux.
Mat était vraiment en colère contre moi et bizarrement, j'ai l'impression désagréable que ça me dérange. Ce n'est pourtant pas la première fois que nous nous disputons, nous ne faisons que ça depuis que je suis arrivé ici. Déjà lors de mon réveil, il a été odieux avec moi. Alors pourquoi est-ce-qu'une boule s'est formée dans mon estomac à l'instant où il m'a laissée seule ?
Peut-être parce que ce qu'il a dit est vrai et que je le sais ? Non. C'est impossible, ça ne peut pas être vrai. Je ne suis pas faite pour rester ici... Je le sais.

"- Salut, souffle une petite voix à l'entrée de la pièce.

Appuyé au mur, Margaux se tient le bras. Ses cheveux partent un peu dans tous les sens et elle est essoufflée. Pourtant, elle me sourit comme si de rien était.

- Salut, murmuré-je en baissant les yeux.

J'en ais assez que tout le monde soit si gentils avec moi. Ce n'est pas parce que je suis faible qu'il faut me traiter comme on traiterait une enfant !

- Tu es partie plutôt vite, continue-t-elle en s'approchant sans lâcher son bras.
- Oh... Oui. Tu t'es fais mal ?

Baissant les yeux sur sa main crispé, elle sourit de plus belle en me regardant.

- Rien de sérieux.
- Bien sûr, marmonné-je.
- Est-ce-que... Est-ce-qu'il y a quelque chose que j'ai dis et qui a pus t'énerver ?

Son sourire a disparût et elle adopte maintenant une mine nerveuse, attristé. Alors, la colère prend le pas sur mon agacement envers Mat et je me lève brusquement du lit. Presque comme s'il m'avait lui-même repoussé.

- Arrête !

Ma voix est trop forte.

- Pardon ?

Ma respiration s'accélère et j'ai l'impression que je vais finir par frapper quelque chose si je ne me calme pas très vite. Cependant, la colère à bouillie en moi trop longtemps et la voilà qui explose. Ma tête me brûle.

- Arrête d'être si gentille d'accord ? Je ne suis pas une petite fille fragile ! Ce n'est pas parce que je suis bien plus faible que vous tous que tu dois te comporter comme une gentille grande soeur avec moi ! Tu n'es pas ma soeur ! Tu n'es rien du tout ! Tu n'es même pas de ma famille et je ne t'aurais jamais rencontrée si tout ça n'était pas arrivée !
Si je suis partie de cette salle d'entraînement c'est justement parce que je suis différente de vous tous ! Je trouve cette idée de reprendre notre ancien monde par la force complètement idiote ! Pourquoi est-ce-qu'on devrait se transformer en parfait petits soldats ?! Je... Je...

Margaux à croisé les bras et me regarde maintenant fixement.

- Vas-y, lâche-t-elle. Termine ce que tu as à me dire.

D'abord déstabiliser par sa voix dure, je reprends rapidement mes esprits et serres les poings.

- Je vais partir d'ici. Je vais partir.

Je ne sais pas pourquoi je l'ais répéter deux fois. Peut-être pour que ça semble plus réel.
Après quelques secondes de silence, la main de Margaux vient gifler ma joue et, alors que je reste sous le choc, j'entends des pas dans le couloir. Les filles du dortoirs ne vont pas tarder à être là. Elles vont assister à ça, ce qui ne semble pas déranger Margaux qui me fixe.

- Tu sais quoi Carla ? Tu es une gamine ingrate !

Pourquoi est-ce-qu'on ne fait que me le répéter ?

- On s'embête à prendre soin de toi, on te protège autant qu'on peu, on fait attention parce que tu as perdu toute ta famille et que tu es la plus jeune de nous ! Tu était tellement en état de choc lorsque Mat t'as ramener que tu ne cessais de t'accrocher à lui en pleurant ! Et oui ! Tu ne t'en souviens peut-être pas mais le fait est que tu était semi-consciente quand tu es arrivée ! Tu n'arrêtais pas de répéter la même phrase en boucle " Ma mère est morte. " et ça m'a tellement déchirée de d'administrer ce calmant que je m'en suis voulue jusqu'à ce que tu te réveille ! Si je me comporte comme une gentille grande soeur avec toi c'est parce que tu me rappel ma soeur ! Mais ça, je te l'ais déjà dis ! Tu te souviens ?!
- Je ne suis pas elle Margaux !

Il faut que j'arrête de crier...

- Je ne suis pas elle parce qu'elle est morte ! D'accord ?!

Les mots sortent tout seuls de ma bouche. Il faut que je me taise...

- Elle est morte ! Et je ne comptes pas la remplacer ! Tout ce que je veux c'est...

Qu'est-ce-que je veux ?
Rejoindre mes parents. Oui, je veux que tout ça s'arrête. Je veux retrouver ma vie d'avant. Celle où je n'avais pas de bleus, de lèvres en sang et de cauchemars remplis de cadavres qui viennent me hanter toutes les nuits.

- Je veux que ça se finisse !

Je crois distinguer des larmes sur les joues de Margaux et je tends une main vers elle, sentant immédiatement le poids de la culpabilité peser sur mes épaules. Cependant, elle se détourne.

- Et bien tu sais quoi, murmure-t-elle, tu n'as qu'à partir si tu y tiens tant. "

Sur ce, elle s'éloigne en direction du couloir alors que je me rends petit à petit compte que nous n'étions pas seule dans la chambre. Toutes les filles et quelques garçons qui se sont attroupés à la porte nous regardent. Tous s'écartent sur le chemin de Margaux qui court à présent. Mes mains continuent de trembler.
Qu'est-ce-que je viens faire ? Est-ce-que j'ai vraiment rejeter la seule personne qui arrivait à me faire oublier le temps de quelque secondes que je suis maintenant seule au monde ? Idiote.
Fourrant mes mains dans mes poches pour les empêcher de trembler, je m'éloigne et laisse mes pas me guider. Ce n'est pas plus mal. Comme ça, plus rien ne me raccroche à cet endroit et je vais pouvoir partir comme je le veux, quand je le veux... Non ?

Une dernière fois.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant