Chapitre 11

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  " Tu te trompe. "

Je ne sais plus quoi faire.
J'ai passé le reste de la journée dans le dortoir, assise à même le sol, la tête contre les genoux. Margaux n'est pas revenue me voir et Mat m'a évité. Alors, lorsque la nuit tombe et que les filles entrent, je m'empresse de sortir de la salle soudain trop bruyante. Je laisse mes pas me guider un moment, toujours perdue dans mes pensées. Puis, lorsqu'une brise soulève les mèches de mes cheveux, je me redresse et en cherche la source. Soudain, je débouche dans une grande salle pratiquement vide dont le toit n'est rien d'autre qu'une fenêtre sur le monde extérieur. En levant la tête, je vois le ciel sombre et la pleine lune.
Fouillant la pièce des yeux, je trouve un sac de couchage dans un des coin et le place au milieu avant de m'y allonger.
Je n'ais jamais aimé la pluie. Ce temps de me semblait toujours trop triste, trop froid. Et pourtant, ce soir là, je n'ais qu'une envie. Je voudrais qu'un violent orage éclate, que les fine gouttelettes viennent s'écraser sur mon visage après avoir parcourut le monde. Mais au lieu de ça, le ciel est totalement dégagé et je peux voir les étoiles qui brilles au dessus de moi. Elles ne m'ont jamais semblé aussi lointaine qu'aujourd'hui. Au centre de leur danse de lumière, la lune semble me contempler. Sa lumière éclaire la pièce d'une lueur blanche et reposante. Une larme dévale ma joue alors que je contemple l'astre et je mets un certain temps à me rendre compte que je pleure depuis un moment déjà.
Reprends toi Carla. Ce n'est pas le moment de craquer !
Je le sais et pourtant, les dernières paroles de ma mère ne cesse de résonner dans mon esprit. Elle est morte. Elle ne reviendra plus. Alors pourquoi ne puis-je pas l'accepter ?
Pour ne plus y penser, je réfléchis à un plan. Lorsque je serais partie, que vais-je faire ? Si je me rendais chez moi, je prendrais le risque de tomber sur ces gens qu'ils appellent maintenant des pantins. Et là, ils me tueraient surement. A la place, il faut que je trouve les personnes qui sont à l'origine de tout ça. Que je les trouve et que je les ramènes à la raison. Oui, c'est ce que je dois faire.
Pourtant, je ne peux empêcher mon coeur de se serrer. Est-ce-que j'ai vraiment envie de partir ?

"- Bien sur que oui !

Ma voix raisonne un moment dans l'espace vide qui m'entoure. Est-ce-que je tente de m'en convaincre ou est-ce réellement ce dont j'ai envie ? Et pourquoi suis-je à ce point incapable de savoir ce que je ressens ?!

- Carla ?

En sursautant, je me tourne vers l'entrée pour distinguer Adrian. Il a une mine fatiguée et ses cheveux partent en tous sens. Pourtant, ainsi à la lumière de la pleine lune, il me semble étonnement beau.

- Qu'est-ce-que tu fais là ? Marmonna-t-il en répriment un bâillement.
- R-Rien, Bafouillais-je en passant une main tremblante sur mes joues humides.

En soupirant, il s'approche. Il est pieds nu et je le vois grimacer lorsqu'il marche sur un cailloux. Lorsqu'il s'installe prêt de moi, il contemple le ciel nocturne comme je le faisait quelques minutes plus tôt. Un léger sourire ne tarde pas à effleurer ses lèvres tandis que je sens une soudaine chaleur sur ma main droite. Lorsque je baisse les yeux, ses doigts se sont refermés sur les miens et ma gorge me brûle.

- Tu sais, commence-t-il sans quitter le ciel des yeux, Margaux est n'est pas en colère. Elle s'inquiète beaucoup pour toi, c'est tout. Comme nous tous.

Il faut qu'il se taise. Je sens les objectifs que je m'étais fixer se fissurer doucement. De plus, pourquoi ma gorge me brûle-t-elle à ce point ?

- Tu te trompe. Tu n'as pas à croire que tu es la plus faible de nous. Je crois que tu es même la plus forte. Peut-être pas physiquement mais... Veiller sur toi, ça nous fait oublier qu'on est tout seul maintenant, tu comprends ?

Arrête...

- Alors tu as le droit de craquer de temps en temps.

Il pose enfin son regard sur moi.
Mes lèvres tremble et j'ai l'impression que ma vision se trouble.

- Tu peux craquer, hurler, frapper tout ce qui bouge si tu en as envie mais tu ne dois pas partir. Tu comprends ce que je veux te dire ? Si tu pars, on aura plus personne pour nous faire oublier que tout ce qu'on connait est terminé et alors... Comment on pourrait survivre avec ce poids là ? C'est un peu égoïste ce que je te demande mais c'est la stricte vérité. Il faut que tu comprenne que le jour où tu vas t'effondrer, on sera là pour te relever. A chaque fois.

Une larme roule sur ma joue et tout mon corps se met à trembler. C'est trop tard.

- Tu peux pleurer, murmure-t-il sans lâcher mon regard. Tu en as le droit. "

Alors, je m'effondre et il m'attire contre lui. A mesure que la cascade de larmes roule sur mes joues, des gémissements sortent de ma gorge sans que je puisse les retenir. Je pleure comme je n'ais plus pleurer depuis longtemps. Je pleure la mort de mes parents. Je pleure la disparition de mon monde. Je pleure dans bras d'Adrian qui caresse doucement mes cheveux sans cesser de chuchoter que j'ai le droit de pleurer.
Et à mesure que je pleure, je sens les restes de mes objectifs s'effondrer. Je sens l'ancienne moi qui s'endort doucement pour laisser place à la nouvelle Carla.

Une dernière fois.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant