Chapitre 3

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" Choix. "

Quand les lumière s'éteigne, j'imagine qu'il fait nuit à la surface et je m'autorise à me laisser submerger. Comme si toutes les mauvaises pensées que j'avais refoulées revenaient en masse et que j'étais trop fatiguée pour les repousser encore et encore. Il est tellement plus simple de les laisser m'envahir après tout...
Rapidement, les larmes affluent sur mes joues déjà humides et je manque d'air. Je donnerais n'importe quoi pour comprendre ce qui se passe, pour savoir où sont mes parents à cette heure-ci. Ce soir, je n'aurais pas droit au bonne nuit de ma mère et demain, ce ne sera pas mon père qui me tirera de mon sommeil mais sûrement ce garçon qui a été si dure avec moi. Alors, je ne ferais que me rendre d'avantage compte que je suis seule maintenant. De plus, c'est comme si les images de ses corps inertes au milieu de la route refusaient de sortir de mon esprit. Je revois les morceaux de verres éparpillés et le sang sur les chaussures de Mat. C'est avec cette image en tête que je finis par sombrer dans un sommeil agité.

Le lendemain matin, lorsque j'ouvre les yeux, un petit cercle humide s'est formé sur mon oreiller et je m'empresse de le retourner. Quel heure est-il ? Les lumières se sont allumées dans l'infirmerie mais rien ne semble indiquer une quelconque horaire dans cet endroit.

"- Mat, crie une voix derrière la porte, je ne pense pas qu'elle soit en état de se lever ! Elle doit être épuisée aussi bien physiquement que mentalement ! Est-ce-que je doit te rappeler qu'elle vient de perdre ses parents et qu'elle ne sait pas du tout dans quoi elle est tombée ?!
- C'est le cas de tout le monde ici, non ?
- Mat !

Lorsque la porte s'ouvre, Mat est suivit d'une fille de mon âge dont la lèvre et percée d'une deux boules noirs. Ces cheveux coupés à la garçonne sont noir eux aussi et elle semble très athlétique. Ses yeux verts ressortent de la pâleur de sa peau. Elle est très jolie.

- Carla.
- O-Oui ?

Mat me regarde, bras croisés sur le torse et menton haut. C'est fou ce qu'il peut m'énerver celui-là.

- Lèves toi.
- Quoi ?
- Mat...
- Mar', la ferme.
- De quel droit est-ce-que tu...

Elle ne fini pas sa phrase. Le regard noir que lui lance Mat suffit à la faire taire et elle se mords la lèvre, sans doute pour retenir sa frustration.

- Tu comptes bouger ou rester ici ? Continue Mat à mon intention.

Bizarrement, je n'ais pas l'impression qu'il parle simplement de rester au lit ou d'en sortir. Je ne saurais pas dire d'où me vient cette idée mais le fait est que son ton me semble trop étrange.

- Je...

Il continue de me regarder avec ce même air hautain et j'ai l'impression que je pourrais lui donner des gifles à n'importe quel moment. Aussi, plus par fierté que par réelle envie, je décide de lui tenir tête.

- Je vais me lever, lancé-je d'une voix clair en remontant le menton.

Retenant une grimace de douleur, je sors mes jambes du lit et constate qu'elles ont été bandées et que je ne porte plus mon jeans claire et mon t-shirt blanc mais désormais un jeans noir et un débardeur rouge.

- Qui...
- Moi, sourit la brune en s'avançant. Je me suis occupé de soigner tes jambes quand tu es arrivé parce que tes muscles étaient un peu engourdis à cause de l'effort spontané que tu leur a demandé. Je t'ais aussi changé puisque tes anciens vêtements étaient... Sales.
- Merci, soufflé-je.
- De rien, moi c'est Margaux. Mais tout le monde m'appel Mar' ici, continue-t-elle en me tendant la main. Toi c'est Carla, c'est ça ?
- Oui.
- C'est pas que votre petite rencontre ne m'intéresse pas, soupire Mat, mais j'ai quelque chose de prévue pour la nouvelle et je suis plutôt pressé donc si tu pouvais te dépêcher...

En soupirant, je fais un pas, puis un second, et me rends compte que la douleur est supportable.

- Tu me fais vaguement penser à Bambi, ricane Mat.
- Si tu la fermais et que tu me montrais ce que tu as à me montrer ?
- Oh mais c'est qu'elle mordrait presque.

Levant les yeux au ciel, je sourit à Margaux qui reste derrière et sautillant sur place et suit ce type jusqu'à l'extérieur de la pièce dans laquelle je me trouvais. Contrairement à elle, celle-là est immense et plus sombre. Les murs construits dans la roches sont orange sombre et mesures bien cinq mètre de haut. Le sol irrégulier me fait perdre l'équilibre alors que je tente d'apercevoir le ciel et je dois me rattraper à l'épaule de Mat pour ne pas tomber. Lorsque je me rends compte que je ne l'ai pas lâcher, je m'empresse de le faire et me concentre sur mes pas.

- Ici, c'est l'endroit commun, m'explique-t-il. Comme tu peux le voir, on est assez nombreux.

Au milieu de la salle, des tables et des chaises ont été installées et des enfants jouent à chats en zigzagant autour des plus grands. Je ne vois que quelques adultes et malgré la situation, tout le monde rit. Descendant un escalier de roches, Mat me conduit le long d'un couloir éclairé par de petite suspensions accrochées aux murs à intervalle régulier en m'indiquant tour à tour les pièces que nous croisons. Ainsi, j'apprends que la salle de bain des femmes se trouve en face de leur dortoir et que celles des hommes est à quelques mètres d'elles. Il y a même une salle de sport et une cuisine. A la fin de la visite, Mat se tourne vers moi et me conduit dans un couloir plus sombre avant de me faire face à nouveau. Son expression à changé et je peux presque lire de la douceur sur ses traits.

- Ecoute, soupir-t-il.

Il parle si bas que je dois me rapprocher pour entendre ce qu'il a à me dire.

- Je sais que ce que tu vis en ce moment, c'est très dur. Et je ne t'interdis pas de craquer. Mais pas maintenant. Parce que si l'un de nous se mets à craquer devant les autres, ce sera la panique général et tout le monde risque de baisser les bras. Pour l'instant, on fait du mieux qu'on peut et je te promets que tu pourras te sentir bien avec nous. Alors ne choisis pas de remonter à la surface parce que tu ne survivrais pas. Compris ?

Je sais que ma voix est tremblante. Je sais que mes yeux doivent être remplies de larmes que je me refuse à laisser couler et pourtant, je choisis de le laisser me voir dans cet état. Inconsciemment, j'ai l'impression que je pourrais presque lui faire confiance.

- Compris, soufflé-je dans un murmure.

Puis, en baissant les yeux, il passe un bras derrière ma nuque et m'attire contre lui. D'abord surprise, je me raidis avant de laisser couler les larmes que je retenais. Dans cette position, mon visage dans le creux de son épaule, je craque une dernière fois. J'ignore combien de temps il reste là à m'écouter pleurer mais lorsque je me redresse enfin, les yeux encore humide, il ne montre aucun signe d'agacement.

- J'ai choisis, hoquetais-je. J'ai choisis de rester avec vous... Si c'est toujours possible. "

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Alors?

Une dernière fois.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant