Chapitre 14

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  " Je vous ais vu. ''

Le lendemain, ce ne sont ni les rayons du soleil, ni les bruits de pas qui me réveille mais Mat qui passe doucement une main dans mes cheveux.
En frottant mes yeux, je me redresse et soupire avant de me rendre compte que sa main n'a pas quitté ma tête. De plus, j'ai vraiment passé la nuit très, très près de lui. Si prêt que mon front se trouvait collé à son épaule quelque secondes plus tôt. En même temps que j'en prends conscience, je sens mes joues me brûler et me détourne rapidement.

"- B-Bonjour, bafouillé-je comme une gamine de douze ans.
- Bonjour.

Il a l'air de très bonne humeur. Alors que je risque un regard vers lui, son visage me le confirme. Ses yeux son rieur et un large sourire étire ses lèvres. Je pourrais lui demander la cause de cette joie soudaine mais j'ai bien trop peur de la voir disparaître comme un mirage. Je préfère me taire. De plus, il est vraiment très beau lorsque son visage s'éclaire de cette manière. Bien sûr, si on me demandait de le lui dire, je préférerais me faire arracher la langue.

- Tu devrais aller manger, me lance-t-il en tapotant doucement ma tête.

A cet instant, j'ai l'impression d'avoir à nouveau cinq ans et de me faire féliciter par mon père qui avait, lui aussi, cette habitude.

- Oui... Tu ne viens pas ?
- Non, j'ai quelque chose à régler.
- Très bien...

Alors que je me dirige vers le couloir, quittant à regret la chaleur agréable des rayons du soleil, j'entends le craquement de ses semelles lorsqu'il se relève.

- Carla ?

Je me retourne et reste planté entre le couloir et cette pièce que je commence à considérer comme ma chambre. Partout autour de lui, la lumière semble mener une dance joyeuse, l'entourant d'étincelles plus claires. Ici, ses cheveux prennent de jolie reflets plus clairs et ses yeux pourraient presque paraître bleu foncés. De plus, il ne porte qu'un t-shirt et un jeans salit par la poussière. J'ai l'impression de voir chaque muscle de son corps et une soudaine - et stupide - envie de me réfugier dans ses bras comme une enfant me submerge violemment. Je doit ancrer mes pieds dans le sol pour ne pas me jeter contre lui.

- Tu es vraiment très mignonne quand tu dors ! "

Dans un premier temps j'ouvre la bouche pour hurler mais je sens mes joues brûler à nouveau et que je sais que ma voix à toutes les chances de trembler. Alors, fulminant de rage, je sors et rejoint le couloir sombre en entendant mes pieds frapper le sol et le rire de Mat qui s'éteint peu à peu à mesure que je m'approche de la salle de bain.
Idiot, idiot, idiot !!

Quand je rejoint la salle à manger, je ne tarde pas à repérer Margaux qui me fait de grand signe à l'autre bout de la pièce. Elle est assise avec Sam et Adrian. Ce dernier ne lève pas les yeux vers lorsque je m'installe à côté de lui et seul Same me sourit. A la place, Margaux me lance un regard interrogateur et attend que j'ai avalé le morceau de brioche que je viens de tremper dans du café tiède.

"- Où as-tu passé la nuit ?
- Oh... Dans une pièce vraiment jolie avec un large trou dans le plafond. J'ai passé la moitié de la nuit à regarder les étoiles...

Et a vouloir me battre avec la lune.

- Et qu'as-tu fais de l'autre moitié ? Ricane Sam.
- Qu'est-ce-tu veux dire ?

Soudain, Adrian se redresse et fixe un point derrière moi. En suivant son regard assassin, je croise celui de Mat qui se mit à rire doucement en suivant Melvin à la recherche d'une table vide où s'installer.

- Tu étais avec lui, lâche enfin Adrian. Je t'ais vu.

Je manque de m'étouffer avec la gorgée de café que je viens de boire. Et cela n'a rien à voir avec sa température inadapté.
A côté de moi, Margaux me dévisage avec de grands yeux et un sourire emprunt d'une pointe de fierté, comme une mère regarderais sa fille le jours de son premier rendez-vous. Je ne vois que trop bien ce qu'elle peut s'imaginer et me vois dans l'obligation de mettre la situation au clair.

- Ce n'est pas ce que vous pensez, me défendis-je. Il est venu durant la nuit parce qu'il n'arrivait pas à dormir et nous avons passé notre temps à nous disputer comme nous le faisons toujours ! Ensuite, je me suis endormie et réveillé. Puis je suis venue vous rejoindre. C'est tout ! Nous n'avons fait que nous disputer et dormir !
- C'est vraiment vrai ?
- Oui Margaux, il ne s'est strictement rien passé ! "

A sa mine dessus, je conclu qu'elle me croit et soupire un grand coup. Adrian pourtant, ne cesse de lancer des regards assassins dans la direction de Mat. Je pense comprendre d'où venait sa soudaine bonne humeur de tout à l'heure.

Après le déjeuner, nous nous rejoignons dans la salle d'entrainement où nous attendant des armes en tout genre posé sur une longue table. A tour de rôle, Mat et Melvin nous en distribue une en prenant compte de notre taille, notre morphologie et nos reflex. Lorsque vient mon tour, Mat pose une main sur mes reins et me demande de tendre le bras. Je sens un frisson parcourir ma colonne vertébrale lorsque ses lèvres frôlent mon oreille.

"- Ton petit copain n'a pas l'air de beaucoup m'apprécier, chuchote-t-il.

Puis, plus fort :

- Essaye de pointer le revolver vers ce mur.
- Ce n'est pas mon petit copain, marmonné-je en visant le point qu'il m'indique sans lâcher ma taille. Et ce que tu as fait été digne d'un gamin ! Il s'est imaginé des tas de choses...
- Si ce n'est pas con petit copain, je ne vois pas en quoi ça peut le dérangé que tu dorme avec un autre garçon.
- Et bien ça le dérange.
- Ah oui ?

Suivant son regard, je remarque Adrian qui, appuyé à un mur de la pièce, nous lance des coups d'oeil discrets. Lorsque ses yeux rencontrent ceux de Mat, ce dernier allonge sa prise sur ma taille. Maintenant, mon corps est tout contre le sien et je peux presque sentir son odeur. Sa main posé sur ma hanche me retiens en étaux de fer et il pose une main sur la mienne.

- Serres un peu plus la crosse.

Hochant difficilement la tête, je tente de déglutir. Lorsqu'Adrian baisse la tête en shootant dans un caillou qui se trouve à ses pieds, Mat ricane avant de finalement me lâcher.

- Ce revolver t'ira très bien. Prends en soin.
- Merci, marmonnais-je. "

Après ça nous, nous nous entraînons tout le reste de la journée et chaque pose, Adrian m'attire contre lui en lançant des regards de défis à Mat qui semble prendre leur petit jeu très au sérieux. Durant un temps, je supporte leur gaminerie mais, lorsque la main d'Adrian dérape de mon épaule à ma poitrine, une rage folle m'envahi et je le repousse avant de m'installer devant une cible où Melvin m'indique les précautions à prendre pour bien viser. A la fin de la journée, l'arme me semble bien trop lourde dans ma paume et la colère que j'éprouvais ne me quitte pas.

"- Je ne suis pas un jouet, me surpris-je à murmurer en me rendant aux dortoirs. "

Une dernière fois.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant